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Thorgal réenchanté

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 18 novembre 2011                      Lien  
Dans la rubrique des best-sellers à spin-off, on appelle la famille Thorgal. Pour une fois, le lecteur n’est pas déçu, le spin-off jouant d’un assez joli crossover avec une série principale habilement relancée. Saluons le travail réussi de Sente et de Yann, servis par deux dessinateurs au meilleur de leur forme.
Thorgal réenchanté
« Thorgal : Le Bateau-Sabre » de Sente et Rosinski
Éditions Le Lombard

Récemment, nous soulignions le danger d’une parution simultanée d’une série principale avec son spin-off. Dans le cas de XIII, la comparaison se faisait au détriment de l’un des deux titres, les qualités de l’un contrastant avec les faiblesses de l’autre…

C’est loin d’être le cas ici. Dans Le Bateau-Sabre, non seulement, Yves Sente trousse un scénario habile, intelligent, articulé sur une épure dotée de retournements de situation très bien amenés, dignes des meilleurs récits de Jean Van Hamme, mais la couleur directe de Grzegorz Rosinski s’habille parfaitement des paysages de neige qui caractérisent cet album.

Nous sommes dans un Thorgal grand cru, une des bonnes surprises de la fin de cette année. Sans doute cette impression vient-elle que le « club des cinq » du précédent épisode est mis un peu au frigo au profit d’une histoire centrée sur le héros-titre. Elle retrouve aussitôt de sa vigueur, comme si la seule présence de Thorgal faisait toute la différence.

« Thorgal : Le Bateau-Sabre » de Sente et Rosinski
(C) Le Lombard
De magnifiques scènes de neige dans « Thorgal : Le Bateau-Sabre » de Sente et Rosinski
(c) Le Lombard
« Les Mondes de Thorgal : Raïssa » de Yann et Surzhenko
Éditions Le Lombard

Cette impression n’est pas effacée par le spin-off qui l’accompagne, Les Mondes de Thorgal : Raïssa, scénarisé par le Bruxello-breton Yann et dessiné par le Russe Roman Surzhenko. Le scénario de Yann montre toute l’étendue d’un talent qui, paradoxalement, s’exprime ici mieux que dans son registre humoristique naturel.

En se saisissant de Louve, la fille d’Aaricia et de Thorgal, Yann réenchante la série en rappelant les liens entre science-fiction et mythologie, une recette inventée dans le tout-premier scénario de Jean Van Hamme pour Paul Cuvelier, Epoxy (1968), auquel un hommage est rendu par Yann –le référentiel fait homme- dans la séquence où Louve accède à une espèce d’Eden.

On y trouve aussi une autre référence à Cuvelier dans cette image paradisiaque : celle où Van Hamme, dans Corentin et Le Prince des Sables, montre une oasis cachée en plein désert.

L’autre surprise de cet album est le crossover (le scénario croisé) installé par Yann avec l’album paraissant dans la série principale, son pendant sur la table des nouveautés. Les scénaristes s’amusent, et nous aussi.

Le travail de Surzhenko est tout simplement stupéfiant. Le mimétisme avec le dessin de Rosinski est réussi sans qu’il ne cède une once de sa personnalité. Cela vient que nos deux dessinateurs venus de l’Est sont héritiers d’une solide école de dessin académique qui ne s’est pas encombrée des tics américains ou franco-belges. Avec pour résultat un trait sincère, certes pas aussi râblé que celui de Rosinski, mais sans erreur.

Les origines de Thorgal racontées dans « Les Mondes de Thorgal : Raïssa » de Yann et Surzhenko
(c) Le Lombard

Découvert par les Humanoïdes Associés dans La Meute de l’Enfer (avec Thirault), remarqué ensuite dans le 5e tome de la série Les Carnets du Vatican de l’excellent Novy chez Soleil, le dessinateur russe est certainement une valeur à surveiller, comme disent les brokers. Celle-ci ne risque pas de s’effondrer.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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20 Messages :
  • Thorgal réenchanté
    18 novembre 2011 01:02

    Ce que fait Surzhenko c’est juste une copie de Rosinski, c’est bien fait mais artistiquement ça n’a aucun intérêt, c’est du Rosinski des années 70 en plus (on a l’impression d’avoir à faire à un vieil album).

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    • Répondu par Bakounine le 18 novembre 2011 à  08:45 :

      Artistiquement, c’est de l’art populaire qui ne prétend rien de plus. Rosinski faisait la même chose. Et ça m’étonnerait que les lecteurs de Thorgal attendent une différence, un truc cubiste ou expressionniste ou conceptuel. Surzhenko remplit son contrat honnêtement et c’est tout ce qui lui est demandé. Maintenant, si vous avez envi de proposer un Thorgal intimiste avec une pointe de témoignage et d’autobiographie et un graphisme lâché parce qu’il y a urgence et qu’il faut parler des choses vraies, faites une proposition à l’éditeur, il rira quelques minutes et ça lui fera une pause dans sa journée.

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      • Répondu le 19 novembre 2011 à  11:46 :

        Décidemment terriblement conservateur pour un Bakounine... Êtes-vous sûr de la pertinence du choix de votre pseudo ?

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    • Répondu par Gill le 18 novembre 2011 à  12:28 :

      Réflexion typique de l’inculte qui veut paraître... Une BD ce n’est pas de l’Art Contemporain, qui fait de la mode et de l’hyper-nouveauté son credo ultime. Une BD, c’est un lien privilégié, narratif et graphique, entre des auteurs et des lecteurs. Lesquels ont autant besoin de nostalgie et de lisibilité que d’audace et de renouvellement.

      Un jeune lecteur qui a loupé "Les Archers", par exemple, pour cause de date de naissance ultérieure, aura le droit d’aimer (ou pas) cette BD pour ce qu’elle est réellement, et non par le type de dessin qu’on faisait à l’époque. Idem pour le fan de toujours de Thorgal qui a le droit d’apprécier ce type de dessin grandiose des premiers temps, pas meilleur que la couleur directe mais pas moins bon non plus, car plus rugueux et "impressionniste" (dixit Rosinski).

      Ne pas voir l’intemporalité de la BD, c’est ne pas aimer la BD. C’est aimer la mode.

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      • Répondu le 18 novembre 2011 à  15:14 :

        Une BD ce n’est pas de l’Art Contemporain

        Ah bah si, c’est complètement de l’Art Contemporain.

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  • Thorgal réenchanté
    18 novembre 2011 02:47

    Désolé Didier, mais on dit "une oasis" et non "un oasis". Je sais, les fautes de clavier ne sont pas toujours évitables...

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 18 novembre 2011 à  06:51 :

      Elles ne s’évitent pas, mais elles se corrigent. Merci.

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  • Thorgal réenchanté
    18 novembre 2011 07:12, par mikekafka

    ""Nous sommes dans un Thorgal grand cru, une des bonnes surprises de la fin de cette année. Sans doute cette impression vient-elle que le « club des cinq » du précédent épisode est mis un peu au frigo au profit d’une histoire centrée sur le héros-titre. ""

    L’expression "club des cinq" est correcte . Jolan "et ses petits amis" ne sont pas pris au sérieux par les lecteurs. Le héros de la série est et reste Thorgal.

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  • Thorgal réenchanté
    18 novembre 2011 09:28

    Je constate que vous aimez bien le terme "râblé" dans vos chroniques qui parlent des reprises par Yves Sente des séries de Van Hamme : )

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  • Thorgal réenchanté
    18 novembre 2011 11:06

    Du grand Rosinski !
    Le temps n’abime pas sa narration extraordinaire et sa virtuosité graphique (voir les planches plus haut sur cette page).

    Les petits jeunes ambitieux devraient en prendre de la graine.

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    • Répondu par Fred le 18 novembre 2011 à  22:42 :

      Les petits jeunes ambitieux devraient en prendre de la graine.

      Ce sont plutot les petits jeunes sans ambition qui se contentent de copier leurs ainés.

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      • Répondu le 18 novembre 2011 à  23:08 :

        toi, tu n’as pas compris ce que j’ai écrit (mais c’est pas grave, hein).

        Répondre à ce message

        • Répondu par Octo le 19 novembre 2011 à  21:56 :

          toi, tu n’as pas compris ce que j’ai écrit

          T’as qu’à apprendre à écrire si tu veux être compris.

          Répondre à ce message

          • Répondu par François le 20 novembre 2011 à  01:02 :

            Quand on est "gentil", on peut être anonyme car peu importe. Quand on est "méchant", il faut assumer et signer, sinon, on est veule, pour le même prix. Mais c’est peut-être voulu ...

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  • Thorgal réenchanté
    18 novembre 2011 13:22, par Phiip

    Je ne pense pas qu’on puisse dire que le talent de Yann s’exprime "mieux" dans le domaine réaliste que dans le registre humoristique. En effet, au vu des merveilleuses d’humour noir qu’il nous a déjà concoctées, ce serait émettre un jugement de valeur sacrément hâtif sur ce scénariste.

    Mais je suis sûr que ce n’est qu’une question de forme !

    Répondre à ce message

    • Répondu par lebon le 18 novembre 2011 à  19:46 :

      Yann serait-il devenu essentiellement un scénariste de reprise ?

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      • Répondu par Fred le 18 novembre 2011 à  22:40 :

        Yann serait-il devenu essentiellement un scénariste de reprise ?

        S’il avait été capable de faire des séries qui perdurent il n’en serait pas là, c’est un peu triste mais le voilà réduit à cachetonner sous les franchises qui se vendent, c’est un peu un talent gâché.

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        • Répondu par Hosni le 18 novembre 2011 à  22:48 :

          Après XIII, Thorgal, Gastoon, le marsu, Lucky Luke, Spirou il n’a plus qu’à faire un Blake et Mortimer et la barque sera pleine.

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          • Répondu par François le 20 novembre 2011 à  01:06 :

            Yann est un vrai amateur des classiques de la BD franco-belge. Sa démarche est sincère.
            Et parallèlement, il multiplie les séries personnelles, que vous oubliez par paresse intellectuelle ou pour mieux servir votre propos.

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