Deux tueurs toxicos jouent les terreurs dans un immeuble bourgeois et tuent le professeur Dante et sa femme ; un Argentin en fuite trouve asile en Italie ; une femme parle de sexe et du macho dont elle est follement amoureuse ; la ville de Brescia pour décor, la nuit, les bistrots pour poser l’ambiance ; les ficelles du polar-fantastique sont en place. Ajouté à l’ensemble le talent de Ruben Sosa, son imaginaire et, en quelques touches de couleur aquarellées très personnelles, le monde est refait à son image. Il reproduit le gigantisme et le confinement. L’amour et la violence. La couleur et le noir et blanc en une planche. Les compositions sont audacieuses, l’auteur sait dire le sens qu’il donne à la vie, celui d’un esprit libre. Mettant en scène tout et son contraire, les hommes, les femmes et les rapports de séduction qui se jouent entre eux, l’érotisme et son rôle apaisant face aux relations humaines parfois difficiles. Il met en avant le présent, le passé fuyant et l’avenir qui malheureusement s’est échappé. Le style est réaliste, il sort des cases, les couleurs explosent, la vie déborde. Pris d’une frénésie de vitesse, l’artiste s’est laissé emporté dans le tourbillon qu’il mettait en place et, comme son héros argentin disparaissant mystérieusement, Ruben Sosa a mis les voiles.
Beaucoup d’éléments et de personnages donc dans ce premier tome, une intrigue à plusieurs niveaux et des destins qui devraient se croiser dans la suite et fin de cette œuvre originale. La fin du premier épisode est brutale nous laissant en plein suspense tout aussi intense que l’histoire est vertigineuse.
José Munoz a préfacé ce livre, rendant hommage à l’homme, à l’ami et l’artiste dont il partageait les combats. L’éditeur quant à lui, a augmenté l’ouvrage d’un superbe condensé du travail méconnu en France de ce grand auteur argentin. Une lacune à combler.
(par Marie M)
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