Tin Lizzie, T. 2 - Par Monferry, Chaffoin et Weber – Editions Paquet

Dans le Mississippi de ce début du XXe siècle, un riche planteur de coton, le colonel Lebey fait l’acquisition d’une Ford T, véhicule mythique et objet révolutionnaire dans une époque qui hésite encore entre civilisation traditionnelle et monde moderne.

Fasciné par l’automobile, Rhod son jeune régisseur, profite de l’absence du patron pour apprendre à conduire à Jake, le petit-fils du Colonel. Les deux compères rejoignent ainsi la ville la plus proche . Au volant du célèbre bolide, Rhod, espère bien séduire la belle Miss Kay, mais la jeune femme fait l’objet de convoitise de la part d’autres prétendants !

Finalement, Rhod se retrouve engagé dans une compétition face au puissant lord Knox désireux également de gagner le cœur de la jeune femme, notamment grâce à la puissance de son cheval, Black Storm !

Pour conquérir l’élue de son cœur, Rhod n’aura pas d’autre choix que d’affronter ce rival au cours d’une épreuve opposant la Tin Lizzie, l’automobile « empruntée » à son patron à l’intrépide pur sang.

En ce début de XXe siècle où l’automobile est objet de fascination et de craintes diverses, l’issue de ce duel peu banal ne paraît pas aussi sûre, d’autant que, on s’en doute, les évènements ne se dérouleront pas comme prévu...

Un art du montage qui rend cette histoire dynamique et captivante.

La mécanique contre l’animal, la sueur contre l’essence, l’acier contre le muscle ! C’est un peu, le fil rouge d’une histoire en apparence simple et bon enfant mais qui s’avère particulièrement attachante, non seulement par la narration qui bien que fortement influencée par l’expérience dans l’animation de ses auteurs s’affirme parfaitement maîtrisée, mais aussi par l’attention portée aux différents protagonistes.

Sur le plan graphique Dominique Monferry fait autant la part belle à de savoureux portraits qu’à des scènes de poursuites et de cascades soutenues part un montage dynamique et efficace. Le traitement des décors rehaussé par la mise en couleurs subtile et nuancée de Julia Weber donne à cette histoire une ambiance rurale et lumineuse.

Thierry Chaffoin nous plonge dans une Amérique rurale encore mal dégrossie mais pétrie d’humanité et confrontée à l’arrivée d’automobiles dont l’utilité est encore mal perçue et mal comprise (le colonel Lebay n’envisageait-il pas de transformer la Tin Lizzie en tracteur pour ses plantations ?...). La simplicité de l’intrigue lui permet de s’attarder avec bienveillance et tendresse cette génération sensible et attachante qui s’apprête à basculer dans le XXe siècle..

Voiture emblématique, la Tin Lizzie, surnom familier attribué à la célèbre Ford T est au cœur de cet univers séduisant et sensible. S’il n’est pas sans rappeler d’autres tentatives comparables (on pense notamment au Magasin Général de Loisel et Tripp, chez Casterman), l’univers de cette histoire s’inscrit dans le contexte d’une Amérique à l’aube d’une ère nouvelle, celle de l’entrée dans la modernité industrielle et du siècle de la vitesse.

Avec ce diptyque réunissant autant de qualités narratives et graphique, la collection Calandre des éditions Paquet dédiée aux quatre roues s’enrichit de nouveaux auteurs prometteurs.