Tintin au pays du mobile

"Culture Wap" est le nom de ce bouquet de services lancé en ce mois d’avril par un important opérateur européen. En s’y abonnant, pour la modique somme de 10 euros par mois, tout possesseur d’un GSM récent bénéficiera d’informations telles que la météo, les cotations de la bourse, les titres de l’actualité et, en partenariat avec ITI, le plan d’un quartier, les adresses des hôtels et restaurants proches, etc. Mais ce bouquet offre, en plus, des services culturels.

"Il est d’ores et déjà possible", nous explique R.Loiseau, responsable de la communication, "de réserver des places de spectacle, de connaître les horaires des cinémas des grandes villes, les programmes des chaînes de télévision, d’avoir le résumé et la critique d’un film, etc. Nous avons voulu aller plus loin en proposant des feuilletons dessinés, grâce à des partenariats avec différents éditeurs de bande dessinée.

Un écran minuscule, de faible définition, pas d’animation : les contraintes pour l’adaptation des aventures de Tintin au format mobile étaient très importantes. --->

Certes, l’écran des téléphones mobiles est encore réduit et il n’autorise que le noir et blanc. Mais nous savons que c’est temporaire. Très vite, les caractéristiques techniques vont évoluer et le confort de lecture ira en augmentant."

"Pour cette première série de feuilletons, nous avons choisi des séries dont le dessin clair, net, offrait la meilleure lisibilité sur les écrans actuels. Et le dessin d’Hergé était parfait pour cela. Mais il n’est pas le seul. Les abonnés peuvent également découvrir les Schtroumpfs de Peyo, Lapinot de Trondheim, Boule et Bill de Roba et Lucky Luke de Morris. Dans un premier temps. Les éditeurs nous ont cédé les droits de "wapisation" d’une vingtaine d’autres séries. Le choix sera donc très large et chacun y trouvera à son goût."

<--- Voici de premières images d’un épisode tel que les possesseurs d’un téléphone mobile peuvent le lire (simulation à partir d’images réelles, exportées des fichiers WBMP)

La qualité des images n’est pas optimale, c’est le moins que l’on puisse écrire. Mais les options choisies par les développeurs sont intéressantes. Pour porter la bande dessinée à l’écran, un important travail de remontage a dû être effectué. "C’est un nouveau media, il impose de nouvelles règles. Il a fallu recadrer toutes les vignettes, réencoder les textes pour qu’ils soient plus lisibles. Nous les avons séparés des images pour plus d’efficacité et, bien sûr, pour faciliter la traduction dans d’autres langues. Le petit écran permet de cadre sur des visages, sur des éléments qui auraient pu passer inaperçus dans une vision globale de l’image. Il y a donc une redécouverte du récit, avec de nouvelles possibilités de dramatisation grâce à la succession des vignettes.. Et, surtout, nous avons opté pour le feuilleton. On ne peut pas apprécier un récit sur un téléphone mobile de la même manière que dans un livre. Cela doit être court, un petit moment de détente entre deux rendez-vous.

Chaque épisode est constitué de vingt à trente écrans, soit une minute à une minute trente de lecture. Si on le souhaite, on peut ensuite lire l’épisode suivant. Ou attendre un autre moment.

Deux albums d’Hergé ont déjà entièrement été remontés : "Tintin au Tibet" et "Le Lotus Bleu". Chacun a été segmenté en 200 épisodes. De quoi s’amuser de nombreux jours à revivre les aventures du célèbre reporter !"

La nouvelle génération de téléphones mobiles permettra l’enregistrement d’informations sur des cartes à puces (vous pourrez donc stocker les feuilletons). L’un des projets, si ce premier bouquet a le succès espéré, est de porter les bandes dessinées sur ce format. Il sera ainsi possible de se constituer une micro-bibliothèque d’albums de BD électroniques. De quoi redonner du tonus aux collectionneurs qui, depuis les déboires de Moulinsart, n’avaient plus grand chose à se mettre sour la dent.
Dessins d’Hergé ©Moulinsart

Info : ABP - 1/4/2000