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Tintin bientôt en bruxellois et en provençal.

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 2 mars 2004                      Lien  
Hergé était Bruxellois, chacun sait cela. Ses albums sont truffés de mots issus de cet idiome parlé dans la capitale belge, à moyen terme entre le flamand et le français. Pour la première fois au mois d'avril 2004, un album entier de Tintin sera traduit en bruxellois. Il sera suivi quelques mois plus tard par une édition en provençal mistralien, à l'occasion de l'année Mistral.

Le bruxellois est un savoureux sabir local populaire que les habitants de la capitale belge pratiquent souvent avec délectation. La Belgique ayant été longtemps administrées par des puissances plus grandes qu’elle (les Habsbourg d’Espagne, les Orange de Hollande, les Français...) le bruxellois s’est enrichi au fil du temps de nombreux mots d’origines parfois lointaines, comme l’espagnol, l’allemand et même le gitan.

Bob Fish de Chaland en précurseur

Ainsi, le mot « tof » présent dans le patronyme Ezdanitoff (Vol 714 pour Sidney), a la même signification et la même prononciation en bruxellois qu’en hébreu.

Le premier Tintin en idiome local l’a été en picard, voici plus de vingt ans. La première BD en bruxellois est apparue à la même époque : il s’agissait de « Bob Fish Détektief » d’Yves Chaland « frouchelé et clashé en bon bruxellois par Jef Kazak », ce dernier étant le pseudonyme du savant Jean d’Osta, un des historiens et folkloristes bruxellois les plus réputés, aujourd’hui disparu. Il faut dire que le personnage de Bob Fish était un « bon » bruxellois et que les aventures cet authentique buveur de café Jacquemotte transposaient parfaitement la nostalgie des Bruxellois pour le quartier populaire des Marolles, où l’on parlait, dit-on, le bruxellois le plus pur. Chaland avait reçu pour ces éditions le titre de Chevalier de Saint-Michel et le célèbre Manneken-Pis possède dans ses collections un costume d’écolier copié sur celui du Jeune Albert, une autre de ses créations. D’autres publications en bruxellois ont suivi, notamment la série « Du côté de chez Poje » de Carpentier.

Un traducteur trouvé par hasard.

On se demande comment cela se fait que personne, chez Casterman, n’ait songé plus tôt à cette version. Car il faut bien dire qu’elle est un peu arrivée par hasard : «  Le traducteur est « en quelque sorte tombé du ciel », témoigne Etienne Pollet, responsable des publications Tintin chez Casterman et par ailleurs héritier en ligne directe de la célèbre famille d’imprimeurs tournaisiens. C’est en discutant avec Daniel Justens, auteur d’un prochain ouvrage relatif à Bruxelles et Tintin : « Tintin, ketje de Bruxelles » que nous avons conçu ce projet. Comme je lui disais que je recherchais pour ce type de traduction un « vrai bruxellois » qui fasse passer « son » dialecte, plus qu’un académicien, il m’a dit que son père répondait à ce critère... et c’est donc lui qui a traduit l’ouvrage, en bruxellois de Molenbeek ».

« Alleï, une fois je ris ».

Le choix du titre s’est porté sur « Les Bijoux de la Castafiore ». « Le fait, pour les personnages, de parler bruxellois dans le contexte de cet album, explique Etienne Pollet, est en effet tout à fait naturel. Ce qui ne serait pas le cas dans « Tintin au Congo » ! » Le héros à la houppe dialoguera donc dans la langue de Toone, mais pas seulement : le provençal est lui aussi au programme. «  Je rentre de Salon de Provence, raconte Etienne Pollet, où j’ai fait un aller retour rapide : nous publierons très vite (juin ?) deux titres (« Les Sept boules de Cristal » et « Le Temple du Soleil » ) en provençal mistralien, à l’occasion de l’année Mistral. La traduction est déjà réalisée.  »

Si on comprend bien, les Tintinophiles n’ont pas fini de compléter leur collection !

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

Illustration : Couverture des Bijoux de la Castafiore, le premier album de Tintin à être traduit en bruxellois. (C) Editions Casterman.

 
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2 Messages :
  • > Tintin bientôt en bruxellois et en provençal.
    23 avril 2004 11:17, par Mme Annie-France Pissot

    Bonjour,
    Je suis travailleur indépendant et je propose également de la traduction.
    Une association vient de me contacter, en effet un Gitan cherche à écrire un livre dans sa langue maternelle, le Gitan bien sûr.
    J’ai lu en faisant des recherches que vous pouviez même traduire Tintin en Gitan.
    Pourriez-vous m’aider, s’il vous plait, à contacter une personne qui serait susceptible d’aider ce Monsieur ?
    Je vous remercie de me répondre et vous adresse mes amicales salutations.
    Annie France Pissot

    Voir en ligne : cherche traducteur Gitan

    Répondre à ce message

    • Répondu le 31 mai 2004 à  19:13 :

      en contactant les editions casterman qui éditent les albums de tintin en langues régionales, je suppose que vous serez guidée... en sachant, qu’il y a des gitans dans les bijoux, ce peut-être réussi !
      elis@

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