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"Tintin, c’est l’Aventure"... des profondeurs aux sommets !

Par Charles-Louis Detournay le 10 décembre 2019                      Lien  
Le nouveau magazine issu de la collaboration entre Moulinsart et Geo continue d'aligner ses numéros tout en maintenant qualité et innovation. Une découverte digne du plus grand intérêt !

Il y a six mois, nous vous avions présenté en détail le premier numéro de ce nouveau trimestriel co-réalisé par GEO et Moulinsart. Tout d’abord réticent sur le concept, nous avons pourtant été plus que séduits par ce premier numéro de Tintin c’est l’Aventure. Certes, le prix de 15,99 € le réserve à un certain public, aisé voire âgé, mais ne nous y trompons pas : il s’agit bien du public-cible de Tintin.

Bien loin du précédent fiasco - il y a trente ans - de Tintin Reporter, on s’émerveille devant les photos, la qualité de la couverture à rabats, les cartes postales détachables, le papier offset 200g qui dépasse largement le magazine standard, la qualité des articles, la variété tout au long des 164 pages proposées, etc. Bref, ce premier numéro de Tintin c’est l’aventure proposait du rêve et de l’évasion, dans l’esprit des histoires réalisées par Hergé, et avec de la bande dessinée en sus.

"Tintin, c'est l'Aventure"... des profondeurs aux sommets !

Îles, Terres d’imaginaires

Restait à savoir si la réussite de cet exercice allait tenir la longueur. Après un premier numéro consacré assez logiquement au Premier Pas sur la Lune, le magazine des mois de septembre, octobre et novembre a abordé un thème propice à l’évasion : les îles. Un sujet qui ne manque pas dans Tintin, car nombre de ses aventures s’y sont déroulées.

Au-delà de l’intérêt géographique et tintinophilique, cette thématique permet également à la rédaction de présenter ces bouts de terre souvent isolés comme des refuges d’artiste. Une passerelle toute trouvée pour le romancier Tonino Benacquista qui livre une passionnante nouvelle L’Ermite et le Gangster. Il s’agit d’ailleurs d’un mini-livre que les lecteurs pourront décoller du magazine pour s’y plonger à leur gré. Le romancier - également scénariste de bandes dessinées - propose une passionnante plongée dans la psyché humaine, notre envie d’évasion, notre besoin de liens sociaux et la part d’entre nous qui les rejette, le tout doublé d’une pointe de suspense savamment dosée.

Il n’est pas le seul auteur à se livrer dans ce second numéro, car on y retrouve également le talentueux Olivier Grenson. Après Bernard Yslaire, dans le précédent numéro, Grenson nous propose un parallèle entre ses réflexions, l’héritage de Tintin et la thématique du magazine. Une superbe ballade éminemment graphique, et profondément écologique, qui propose une autre vision du réchauffement climatique. Une réussite !

Cela se traduit également par les reportages photographiques made in Geo, qu’ils soient juste magnifiques en soi, ou pour leurs liens avec des thématiques chères à Hergé, comme le Yéti ou les marchands de canons. Même si elle est minoritaire par rapport aux voyages, la bande dessinée n’en est pas moins présente, avec de superbes croquis tirés des archives d’Hergé ou un auteur interviewé par le journaliste Daniel Couvreur, en l’occurrence Emmanuel Lepage actuellement mis à l’honneur actuellement au CBBD. Une présence qui ne manque pas de saveur lorsqu’on se rappelle que Moulinsart a fait modifier son affiche pour les 30 ans du Centre belge !

De beaux paysages font le parallèle avec les aventures de Tintin dans la rubrique ’Panorama"

Au sommet !

Si ce second numéro de Tintin c’est l’Aventure nous a réellement emballés, le dos doré du troisième numéro nov-dec-janv - allez comprendre ! - nous a d’emblée paru très kitsch ! Heureusement, la maquette intérieure n’a pas été modifiée avec un pop-up Noël, et nous pouvons y retrouver tous les éléments qui forgent l’identité de ce nouveau rendez-vous trimestriel.

La montagne, thématique centrale de ce numéro hivernal, imposait un invité de marque, et c’est Jacques Ferrandez qui déploie ses pages dans le désormais institué dépli-BD. On aurait aimé un peu plus de folie dans le ton du récit, même si les fans de Tintin ne manqueront pas d’apprécier les allusions plus marquées au reporter et à son voyage au Tibet. Quant aux planches, elles allient évocation artistique et réalité journalistique, au diapason du magazine lui-même. On apprécie tout autant la place laissée à Jean-Marc Rochette pour la traditionnelle interview, un auteur en résonance avec les cîmes enneigées et qui marque son grand retour cette année !

Et en reprenant ce numéro à ses débuts, on doit bien avouer que l’on s’est non seulement habitué à la maquette, mais qu’on prend un réel plaisir à suivre les différents articles. Panorama présente de grandes photos en double page qui font écho chacune à un élément des aventures de Tintin. Passé cette entrée en matière qui souligne d’emblée l’intérêt de la collaboration entre les deux structures, le volumineux dossier consacré à la montage nous dépayse totalement : à chaque double page, un dessin d’Hergé répond à une superbe photo, le tout agrémenté d’un rédactionnel travaillé et abordable par tous.

Le summum arrive avec la rubrique Hergé dans les marges qui déniche des dessins d’Hergé peu connus et liés cette fois à la montagne. On y retrouve la couverture du Petit Vingtième mise en vente l’année dernière, mais c’est surtout l’occasion d’observer de petits trésors souvent inédits. On pense ainsi au crayonné de cette première planche de Tintin au Tibet, du temps où Hergé plaçait son intrigue en Haute-Savoie et pensait au titre Le Museau de la vache. Ou encore cette planche à l’italienne esquissée du Temple du Soleil où Haddock est pris du mal des montagnes. Sans oublier des illustrations rares comme ce projet de calendrier de 1944, ces publicités, cet autoportrait ou encore cette gouache de Tintin en Amérique : somptueux !

Illustration couleur réalisée pour la couverture du "Petit Vingtième" du 22 juin 1939.
Vendue chez Christie’s en mai 2018.

On vous parlerait encore bien des portraits du médecin explorateur Jean-Louis Etienne et du dessinateur-navigateur Titouan Lamazou dont les œuvres sont placées en parallèle avec celles d’Hergé… Ou encore des reportages traitant de la Mandchourie en 1931 (Le Lotus bleu) ou sur les cargos marchands qui sillonnent les mers du globe, ceux qui dévoilent les paysages du Sahara ou de l’Amérique latine. Mais les mots ne seraient plus suffisants pour remplacer les photos de Geo et les grandes cases de Tintin qui parviennent à elles seules à entraîner le lecteur en voyage.

Pour vous en convaincre, il vous reste à feuilleter Tintin c’est l’Aventure. Cela ne remplacera pas les Archives d’Hergé, mais cette aventure éditoriale a le mérite de ramener le jeune reporter dans son époque… sans qu’il soit nécessaire de réaliser de nouvel album de bande dessinée.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782810428267

Sur le même sujet, lire Moulinsart et GEO lancent un nouveau magazine : "Tintin, c’est l’aventure".

"Tintin, c’est l’Aventure" - disponible en kiosque et en librairie.

Acheter Tintin c’est l’Aventure en ligne, c’est également possible :
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- le deuxième numéro dédié aux îles sur BD Fugue, FNAC, Amazon.
- le troisième numéro consacré à la montagne sur BD Fugue, FNAC, Amazon.

Toutes les illustrations sont © Hergé - Moulinsart 2019.
Les images extraites de l’œuvre d’Hergé sont la propriété exclusive de Moulinsart SA

 
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