En cette période hivernale, les mooks coédités par GÉO et Moulinsart sont une fois de plus le moyen parfait de s’évader vers d’autres contrées, tout en gardant un pied dans la bande dessinée. En plus de deux ans, cette association n’a cessé de nous étonner et de nous charmer au fil des trimestres, et l’on se demandait si cette réussite serait soulignée d’une manière ou d’une autre à l’orée de ce dixième numéro. C’est effectivement le cas, et d’une double manière !
D’abord avec le numéro paru ce 24 novembre, qui maintient la formule tout en s’en démarquant. Les habitués retrouveront les traditionnelles rubriques qui animent le mook depuis son lancement et qui ont forgé son identité : Panorama associe de grandes photos en double-page avec des cases mythiques de Tintin, Hergé dans les marges présente des dessins rares ou inédits de l’auteur, Arts et civilisations comporte un reportage à l’autre bout du monde (cette fois consacré aux peuples andins), etc.
Ce numéro tranche pourtant par sa thématique sur l’océan, traitée cette fois en collaboration avec un autre titre de presse bien connu, Ouest-France. L’épais dossier est d’ailleurs consacré au Capitaine Haddock qui fête ses 80 ans cette année. Ce personnage fabuleux est abordé sous ses facettes maritimes, les albums et cases mémorables, mais également des reportages : la ville de Brest et ses activités tournées vers l’océan, le portrait de Jean Le Cam, « un Haddock des temps modernes », des entretiens avec des spécialistes en écologie, des reportages comme celui traitant des chasseurs d’épaves, etc. Le tout sublimé par de magnifiques photographies !
D’autres grands marins du neuvième art sont de la partie, à commencer par Barbe-Rouge et ses nouvelles aventures. Jean-Yves Delitte connu entre autres pour ses célèbres Batailles navales présente cette fois un court récit de dix planches en hommage au Trésor de Rackham le rouge et comportant une magnifique double-page.
L’autre invité n’est autre que Zep qui nous livre une facette moins connue de son travail : des aquarelles réalisées au fil de ses voyages et qui profitent d’un grand dépliant pour se révéler. Enfin, le portrait du trimestre est consacré à Plantu, le célèbre dessinateur de presse.
Rajoutons que, comme c’est le cas tous les six mois, les acheteurs français ont l’occasion d’acheter conjointement en kiosque un petit ouvrage supplémentaire. Il s’agit pour cette fin d’année de l’analyse d’un des albums mythiques de Tintin, Les Mystères du Lotus bleu écrit par Pierre Fresnault-Deruelle.
Retour au Musée imaginaire
La seconde actualité de GÉO-Moulinsart est la publication du premier hors-série de Tintin, c’est l’aventure. Il est consacré à une exposition qui s’est tenue à Bruxelles en 1979, bien connue des tintinophiles : Le Musée imaginaire. Située au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, cette exposition marquait un grand pas dans la reconnaissance de la bande dessinée et du travail d’Hergé en Belgique dans le domaine de la culture. Elle présentait les liens entre Tintin et des pièces artistiques, notamment archéologiques et historiques.
Un catalogue avait été édité en 1979, réédité à deux reprises par Casterman en 1980 et en 1984. Mais depuis lors, aucune nouvelle version n’avait été proposée au public, et on comprend dès lors tout l’intérêt de ce premier hors-série pour les amateurs, d’autant plus que celui-ci est cartonné à la différence des mooks qui restent brochés.
Que peut-on retrouver au sein de cette album de cent pages ? Tout d’abord une présentation de l’expo de 1979 avec de belles photos d’Hergé, mais surtout l’intérêt que l’auteur portait aux musées, avec un focus particulier sur le fameux musée ethnographique de Bruxelles, où Hergé puisa bon nombre d’éléments iconiques pour ses albums. L’équipe de la rédaction explique d’ailleurs comment le concept du Musée imaginaire ne se limite pas à la version de 1979 : de plus récentes références à d’autres musées ont continué de souligner le lien particulier entre les aventures de Tintin et l’art.
Certaines photos ou références ont été écartées, alors que d’autres ont été rajoutées, mais l’esprit principal demeure : retour sur le fétiche des Arumbayas, la momie de Rascar Capac, etc.
Après une première partie consacrée aux inspirations authentiques d’Hergé, la seconde partie de l’album s’ouvre sur le Musée imaginaire en tant que tel, rassemblant des éléments fictionnels sortis tout droit de l’imagination d’Hergé, mais qui ont tout autant marqué la mémoire collective : le sceptre de Syldavie, la statue de l’ancêtre d’Haddock, etc. Au gré des pages, on s’amuse et on s’instruit, en revenant sur ces aventures qui nous ont marqués, et ceci au long d’une vingtaine d’albums quasiment tous passés en revue.
Voici donc un hors-série pleinement réussi qui s’achève sur l’épopée des diverses expositions qui se sont succédées, entre celle de 1979 et l’ouverture du Musée Hergé en 2009. Autant d’étapes qui ont permis à la bande dessinée d’accéder au statut de « neuvième » art.
(par Charles-Louis Detournay)
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le sixième numéro consacré à l’étrange
le septième numéro consacré à la jungle
le huitième numéro consacré à la science
le neuvième numéro consacré aux révolutions
le dixième numéro consacré à l’océan
le premier hors-série consacré au Musée imaginaire
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