A l’époque, c’était déjà un document unique, même si il avait été « lissé » par un Hergé soucieux de son image.
Dans la préface de la seconde édition de cet ouvrage, Fanny Rodwell nous en racontait les conditions de sa réalisation : « Hergé était un homme secret, pudique, il se livrait donc peu, jusqu’au jour où il m’annonça, avec une certaine excitation, qu’il allait donner une longue interview à quelqu’un qui, pour la première fois, avait le don de le mettre en confiance et de le faire s’exprimer plus profondément que d’ordinaire. Il en paraissait étonné et heureux. Le jeune homme qui réussissait cet exploit s’appelait Numa Sadoul. Le travail terminé, Hergé en révisa l’écrit très minutieusement et, effrayé sans doute par son « laisser aller » y mit quelque censure, laquelle heureusement fut levée par la suite. Numa Sadoul, par son talent et sa sensibilité, nous a donc donné le meilleur portrait d’Hergé...par Hergé. »
Etonnant que la femme d’Hergé, Fanny, parle de « censure »... Il est plus juste de parler d’autocensure. Il est vrai que depuis, les travaux d’historiens comme Pierre Assouline et surtout Benoit Peeters ont quelque peu modifié le profil de la statue du commandeur. Ce documentaire suit assez précisément l’ouvrage de Sadoul qui extrait près de 70 minutes d’une bande son longue en fait 14 heures. Les téléspectateurs apprécieront la voix si caractéristique et si familière d’Hergé, quelque peu flûtée, et teintée d’un savoureux accent bruxellois. Quant aux spécialistes, ils seront davantage attentifs aux hésitations et aux silences.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Tintin et Moi, dimanche 29 février 2004 à 9h20 sur les ondes hertziennes de France 5.
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