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Tokyo Ghoul T7 - Par Sui Ishida (Trad. Akiko Indei et Pierre Fernande) - Glénat Manga

Par Aurélien Pigeat le 27 octobre 2014                      Lien  
Plongée dans une version horrifique de Tokyo où les goules occupent la première place dans la chaîne alimentaire... À mi-parcours de la série, alors que celle-ci vient de s'achever au Japon, l'occasion nous est donnée de faire le point sur une licence forte qui confirme la tendance éditoriale actuelle qui consiste à brouiller la frontière entre {shonen} et {seinen}.

Tokyo Ghoul se situe dans une version alternative de notre monde dans laquelle vivent, mêlées aux hommes, les goules, des créatures se nourrissant exclusivement de chair humaine. Pour contrer cette menace, une police spéciale, le CCG, se trouve chargée de résoudre les crimes perpétrés par les goules et de les combattre.

Ken Kaneki aurait pu finir victime de ces monstres. Mais alors que la Goinfre s’apprêtait à le dévorer, tous deux sont victimes d’un accident et le jeune garçon ne doit sa survie qu’à la transplantation en lui d’organes de la goule. Devenu mi-homme, mi-goule, une nouvelle vie commence pour Ken qui doit comprendre ce qu’il est devenu, désapprendre ce qu’il était.

Comment vivre lorsque l’on ne peut se faire à l’idée de manger ses (anciens ?) congénères humains alors même qu’il s’agit de la seule nourriture qui soit susceptible de nous sustenter et même que l’on puisse supporter ? Comment survivre dans une société qui d’un côté vous donne la chasse pour ce que vous êtes et, de l’autre, vous astreint au règne du plus fort ?

Tokyo Ghoul T7 - Par Sui Ishida (Trad. Akiko Indei et Pierre Fernande) - Glénat MangaÀ partir de cette situation initiale Tokyo Ghoul déploie son action à travers une quête finalement existentielle et morale. Ken côtoie différents protagonistes qui lui apprennent un peu plus à chaque fois sur la nature humaine et sur les pulsions des goules. À la croisée de son parcours, et envers de celui-ci, nous suivons les enquêtes des agents du CCG.

Les drames se succèdent dans cette lutte sans merci qui oppose deux espèces dont la cohabitation semble impossible. Refusant le manichéisme, ce manga fait la part belle aux personnages gagnés par la folie et l’ubris. Les monstres font la loi et Ken se voit comme contraint d’en devenir un lui-même afin de protéger ses proches.

Sui Ishida témoigne d’une maîtrise narrative impressionnante. Le fait de distiller peu à peu, dans un subtil et progressif dosage, éléments d’intrigue et informations sur l’univers, permet d’éviter à l’action toute confusion et tout ralentissement. Chaque arc narratif, très nettement découpé, conduit le héros à appréhender un nouvel aspect du monde des goules et à franchir un seuil supplémentaire dans l’horreur et le questionnement identitaire.

Le dessin n’est pas en reste, le mangaka étant aussi à l’aise lorsqu’il s’agit de créer une atmosphère, que de dresser des portraits ou de transcrire une action rapide et violente. Certaines planches évoquent même le trait de Takehiko Inoue (Slam Dunk, Vagabond) ou celui de Kentaro Miura (Berserk), c’est dire si l’impression laissée est bonne !

Véritable réussite, le manga de Sui Ishida est aussi un joli succès. Stéphane Ferrand nous expliquait récemment que Tokyo Ghoul faisait partie des séries rencontrant enfin son public en France, tandis qu’au Japon, rien que sur le premier semestre 2014, il s’en est écoulé presque 1,2 million d’exemplaires !

Couverture japonaise du quatorzième et dernier volume de la série

Elle vient de s’achever ce mois-ci au Japon et compte au total 14 tomes. Une suite, située dans le même univers, Tokyo Ghoul:re a aussitôt démarré, avec un autre héros cependant. L’édition française assurée par Glénat en est à mi-chemin, au septième tome, le huitième étant attendu pour début novembre.

Si, au Japon, Tokyo Ghoul relève plutôt du seinen, puisque publié dans le magazine Young Jump de Shueisha, hebdomadaire censé prendre le relais du Weekly Shonen Jump lorsque le lectorat de ce dernier vieillit, en France en revanche, Glénat l’a inscrite dans sa collection shonen.

Et il est vrai en effet que, par sa structure, Tokyo Ghoul s’apparente beaucoup à ce genre de lecture mêlant aventure et combats. Mais sa dimension fantastique et son aspect quelquefois réellement Gore - l’épouvantable traitement infligé au héros dans le tome 7 en constitue un exemple évident - s’adressent à un lectorat plutôt adolescent.

Cette série constitue un nouvel exemple de l’effacement progressif des frontières entre les genres à l’œuvre dans le paysage actuel du manga et dont nous vous parlions il y a peu encore à propos de Red Eyes Sword (Akame ga Kill) : une tendance lourde du marché qui a le mérite de renouveler partiellement les modèles éprouvés et de proposer quelques trouvailles nouvelles, prenantes et enthousiasmantes, au nombre desquelles il faut compter Tokyo Ghoul.

(par Aurélien Pigeat)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Tokyo Ghoul T7. Par Sui Ishida. Traduction Akiko Indei et Pierre Fernande. Glénat Manga, collection "shonen manga". Sortie du tome 7 le 3 septembre 2014, du tome 8 le 5 novembre 2014. 208 pages. 6,90 euros.

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