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Tom Viguier & Joseph Safieddine ("Le Monstre") : « Quand un proche se retrouve dans cet état, ça nous étonnerait qu’on le laisse tomber »

Par Baptiste Gilleron le 20 février 2011                      Lien  
Avec leur album {[Le Monstre->http://www.actuabd.com/Le-monstre-Par-Joseph-Safieddine]}, paru fin 2010 chez Manolosanctis et contant le quotidien misérable d'un homme brisé, les deux jeunes auteurs ont frappé fort. Un récit qui tire en grande partie ses qualités des ambiances à la fois envoûtantes et troublantes qu'il dégage. C'est toutefois dans un esprit décontracté qu'ils ont répondu à nos questions lors du Festival d'Angoulême.

Comment est née l’idée du projet « Le Monstre » ?

Joseph Safieddine : J’avais envie de parler d’un homme complètement seul, traiter de la solitude, avec un nouvel état irréversible. Comment accepter un nouveau soi, comment accepter une situation en étant obligé de faire avec. Comment faire pour continuer à vivre, même si on arrive à revoir son frère comme dans l’histoire ou réapprendre quelques petits trucs de la vie, en sachant qu’on sera toute sa vie un monstre, toute sa vie un peu seul.

Comment as-tu abordé ce genre de récit, intimiste et se déroulant dans un lieu clos ?

JS : J’ai essayé de me mettre à la place d’un mec qui fait une énorme dépression. Je savais la limite qui me paraissait réaliste dans ce genre de situation, c’est ce qu’on voit vers la fin du bouquin. Au mieux, il peut faire des petits pas et reprendre un peu d’humanité comme il le fait, mais, s’il était musicien et jouait dans un groupe, il ne pourrait plus jamais devenir une rock star. Voilà, j’avais cette fin et donc je me suis dit « comment gérer une histoire avec un mec qui se sent seul à en crever, qui est seul comme un chien, tous les jours, et qui se dit que la meilleure solution, c’est de se fermer à notre monde ».

Tom Viguier  : Mais il me semblait que la question c’était plutôt comment toi tu t’y étais pris pour l’écrire.

JS : Enfin... Ça part toujours d’un sentiment qu’on a plus ou moins connu. Après on le développe avec une histoire. Non ?

Et ça n’a pas une influence sur vous, sur le moral, de travailler dans ces ambiances-là ?

JS : Non, non. Enfin, ça me touchait beaucoup, mais ça ne m’a pas spécialement affecté. Peut-être que Tom, qui pendant quatre mois a bossé sur un mec défiguré, l’a plus ressenti. Moi ça allait, je me libérais d’un truc aussi.

Justement, Tom, comment as-tu abordé cet esprit, cette ambiance de ton côté, et comment t’y es-tu pris pour dessiner une histoire qui se déroule presque entièrement dans un même lieu clos ?

TV : C’est vrai que ça, ça a été un peu pesant, surtout que j’ai dessiné l’histoire dans l’ordre, de la première page à la dernière. Ça commence vraiment violemment donc ça m’a tout de suite mis dans le bain. Et ensuite il y a vraiment une grande partie qui se déroule chez lui, je pense que ça se ressent dans le bouquin, j’étais super content au moment où il est enfin sorti de chez lui. J’ai enfin respiré, à dessiner des extérieurs, etc... Je pense que ça se voit que j’étais content.

Surtout que chez lui tout est sombre, il n’y a aucune lumière qui filtre.

TV : C’est vrai qu’il y avait justement un gros challenge sur l’ambiance, arriver à garder cette ambiance obscure sans que ça devienne trop chiant à la longue. C’est pour ça que j’ai aussi essayé de faire varier la couleur, même si l’éclairage restait le même, faire varier l’ambiance pour aussi bien ne pas ennuyer le lecteur et moi ne pas m’ennuyer à avoir tout le temps la même gamme de couleurs.

Tom Viguier & Joseph Safieddine ("Le Monstre") : « Quand un proche se retrouve dans cet état, ça nous étonnerait qu'on le laisse tomber »
Antoine Kraven, un homme en plein rejet des autres et de lui-même.
© Tom Viguier/Joseph Safieddine/Manolosanctis

Comment est née votre collaboration à tous les deux ?

TV : En fait, le scénario de Joseph avait un peu tourné dans le réseau de dessinateurs lyonnais, dont je fais partie. Il avait été jugé trop dur et trop sombre par beaucoup de mes amis et il est arrivé jusqu’à moi. On a beaucoup insisté pour que je le lise, au final je l’ai lu et ça m’a parlé. J’ai appelé Joseph et on s’est lancé dessus.

JS : Ce qui était cool c’est que tu avais capté le truc et tu voulais le rendre classieux, lui donner un peu d’élégance. Les autres n’avaient peut-être vu que le côté un peu misérable, toi tu y avais vu plus de subtilité et tu voulais qu’il ait du panache. C’était une autre approche, et c’est génial. Et depuis on vit ensemble (rires).

Et comment êtes-vous arrivés sur Manolosanctis ?

JS : Je les avais vus quand ils ont lancé leur version bêta, je me souviens, un petit site qui buguait. Je me suis dit « cool, un nouvel éditeur ». J’ai fait un concours avec le dessinateur Renart, et voilà. Après, Tom va t’expliquer comment il y est arrivé.

TV : Ils avaient déjà un peu entendu parler de toi.

JS : Mais justement, toi aussi.

TV : J’ai écrit un autre bouquin que j’avais publié sur Manolosanctis et qui avait un peu plu à la communauté, donc je pense que ça avait attiré leur attention, mais ils m’ont dit après coup que le format ne leur convenait pas. C’était 22 pages. Ce projet-là, j’ai pu l’éditer ailleurs [1]. Et ensuite ils ont un peu suivi mes boulots, ils ont vu les trois premières planches du Monstre sur mon blog et à partir de là ils m’ont appelé, et voilà, moi super-content. On a tous les deux été enthousiastes. Ça s’est fait très rapidement, en fait.

JS : Merci à Yohan Faumont [2] ! C’est lui qui nous avait repérés quand Tom avait mis à peine deux planches sur son blog, il faisait la tournée des blogs. Il était chez Manolosanctis, jadis. Un grand homme !

Au départ vous étiez intéressés par la « BD numérique », ou c’est venu un peu comme ça parce que vous aviez une opportunité ?

TV : Il y a eu un peu l’opportunité. Je trouve le concept assez intéressant d’être sur cette vague un peu nouvelle, d’être bien dans son temps. Mais ensuite, moi par exemple, je ne suis pas du tout un lecteur de BD sur Internet. Tous les bouquins qu’ils font chez Manolosanctis, j’attends qu’ils sortent en papier pour pouvoir les lire.

JS : Tu les as tous lus, d’ailleurs.

TV : Non, pas tous (rires). Y’a que Le Monstre que j’aime bien (rires). Mais non, je ne suis pas du tout consommateur de BD numérique, mais ensuite je pense qu’aujourd’hui, c’est incontournable, il faut être sur ce créneau-là.

JS : Indéniablement.

TV : Après, il y a beaucoup de débats et c’est dur de prendre une position là-dedans en tant qu’auteur. Surtout en tant que petit jeune, on n’a pas forcément de repères sur ce qu’était l’édition avant. On débarque un peu dans cette période de transition, du coup on découvre un peu ça avec Manolosanctis. Je pense que leur concept de numérique gratuit et papier payant est une bonne solution.

JS : Tu parles bien (rires). Mais c’est ça, c’était une opportunité et le concept est assez cool. Je ne suis pas non plus un grand lecteur de BD numérique, ça me fait un peu mal aux yeux. Comme plein de gens j’attends de toucher l’objet. Il y a ce côté collectionneur qui est sympa. Et on ne peut pas avoir de dédicace sur ordinateur. La bande dessinée c’est avant tout des hommes, c’est une grande aventure humaine.

C’est aussi une question de génération. Les enfants d’aujourd’hui seront sans doute plus facilement habitués aux supports numériques que nous le sommes.

TV : Ouais, nous on est peut être un peu trop vieux pour être là-dedans...

JS : On pourrait reparler de notre collaboration, de comment on s’est appelés tous les jours pour mimer des crises d’angoisse, de Tom qui me disait « t’inquiètes, on va y arriver », pour me dire à quel point tu avais maturé le truc dans ta tête.

TV : Toi, tu étais au bord de la piscine et tu culpabilisais...

… Alors que Tom restait enfermé pour se mettre dans la peau du personnage ?

TV : Voilà, c’est ça (rires).

JS : La méthode Actor’s Studio (rires).

L’un des travers d’Antoine
© Tom Viguier/Joseph Safieddine/Manolosanctis

Joseph, dans le scénario, tu sembles poser une question, à savoir « qui est le monstre dans l’histoire ? ». Est-ce que c’est le personnage d’Antoine ? Ce qu’il est ou ce qu’il est devenu ? Ou alors est-ce le regard que les autres portent sur lui ?

JS : Heu... Qu’est-ce que je peux répondre à part « oui » ? Non mais elle est vachement bien cette question...

Mais de ton point de vue, ils ont peut-être tous une part de monstre quelque part ?

JS : Ouais, justement, je sais pas, c’est un peu gris tout ça. C’est ça qui est sympa.

TV : Je ne pense pas qu’on ait présenté le monde extérieur en tant que monstre.

JS : Mais lui ; il y pense.

TV : Ouais, ouais. Mais c’est pas comme dans le film Freaks [3] où justement la vraie morale du film c’est que ce sont les gens normaux qui sont monstrueux et que les freaks sont plus humains que ces gens normaux. Là, je pense pas qu’il y ait cette dimension là, de rendre monstre les gens normaux.

JS : Non, c’est vrai. Quelque part il acquiert son humanité justement, je sais pas si je vais dire une connerie, par des trucs un peu instinctifs comme baiser, bien bouffer, recuisiner... Il commence par faire des petits trucs comme ça. Non, c’est con ce que j’ai dit. Enfin voilà, il a des réactions de plus en plus normales au fil de la BD.

TV : Il est peut-être plus monstre au début dans son vrai rejet de ce qu’il est. Et ensuite il va s’humaniser. C’est peut-être juste la solitude qui est le vrai truc.

Le vrai monstre serait la solitude ?

JS : Il a mis le doigt sur un truc, là. Je suis encore béat d’admiration (rires).

TV : Mais c’est à toi de dire ce que tu as voulu faire.

JS : Oui. Tout ça j’y ai pensé, bien sûr, mais je n’ai pas mis des mots dessus. D’aller jusqu’à dire que la solitude c’est le vrai monstre, c’est génial, mais j’ai pas la réponse ultime. Après, on peut aller plus loin. Mais là ça fait un peu Inrocks, ou Télérama. Sinon, tu veux savoir si on aime Bastien Vivès ?

… Alors ?

JS : J’adore Bastien Vivès (rires). Non mais, vraiment.

TV : Moi j’aime bien aussi. Mais je préfère les trucs qu’il y a sur son blog plutôt que ses bouquins.

JS : J’adore aussi le directeur artistique chez Dargaud, chez Delcourt, chez Ankama... (rires)

Et Katsuni, tu l’aimes bien ? Parce que comme elle est sur Angoulême, là...

JS : Tu déconnes ?! Mais c’est une blague ? Sans déconner, on s’est tous b****é des tonnes de fois sur Katsuni, on va pas se mentir ! Et ça tu le gardes dans l’interview (rires) ! Tu crois pas qu’elle n’aurait jamais dû se faire refaire les lèvres ? Elle s’est fait refaire les seins, ça lui va bien, mais les lèvres on dirait un mérou !

TV : (rires) C’est pas possible, on fait la BD la plus sérieuse et tout et on n’est pas capable de rester sérieux deux minutes !

Antoine réapprend peu à peu à se resocialiser
© Tom Viguier/Joseph Safieddine/Manolosanctis

On va revenir sur le personnage d’Antoine Kraven...

JS : Si tu veux on peut faire son portrait chinois. Par exemple, si c’était une odeur ça serait...

TV : L’odeur des toasts qui sont en train de griller.

S’il était une spécialité culinaire, ça serait certainement une pizza ?

JS : Hum... Oui... Si c’était un animal... Un loup, car l’homme est un loup pour l’homme.

Sinon, j’avais d’autres questions sérieuses. Par exemple, sa seule distraction c’est le cinéma, via des DVD. Pourquoi avoir choisi de donner une importance à ce média-là ?

TV : C’est vrai, en plus Joseph a cité Pulp Fiction, Star Wars... Des vrais clin d’œil, quoi.

JS : Il y a un petit clin d’œil, forcément, à Dark Vador. Et est-ce que Dark Vador, c’est un méchant ou un gentil ? C’était aussi histoire de faire un running gag, parce que dès qu’il se tape trois DVD de Star Wars, son frère lui propose le lendemain de les re-regarder. C’était comique. Mais qu’est-ce qu’on fait quand on est seul chez soi, qu’on a aucune distraction ? J’ai peut-être pas beaucoup d’imagination mais, moi, je regarderais des DVD toute la journée. Je suis un peu comme lui.

Mais il pourrait très bien faire d’autres choses, comme lire...

JS : Oui, mais il est flemmard, avachi... Tu te laisses aller à regarder ton écran toute la journée, ça peut être contre-productif. On voit souvent l’horloge, il n’est que 5h du matin à un moment, ou peut-être 5h du soir, on ne sait plus, il n’a plus de rythme. Il ne fait presque plus qu’un avec son canapé. Et quand il en sort c’est un peu pour crier au téléphone, ou s’énerver, casser des trucs

Donc je suppose que le cinéma a une importance pour vous ?

JS : Ah oui, oui. Je trouve ça génial, tous les moyens pour raconter des histoires.

TV : Je ne me dis pas cinéphile, mais c’est le média de notre génération. On passe notre temps à regarder des films, à en parler, à pirater, échanger. En tout cas, j’en consomme beaucoup, pas forcément les plus pointus ou les plus culturels. Mais c’est peut-être le média narratif le moins fatiguant parce que tu es vraiment spectateur, tu n’as pas à tourner une page. C’est peut-être le plus passif.

JS : On ne lit pas assez de BD.

TV : Ouais, je ne lis pas du tout de bouquin. C’est un média qui, je pense, me fatigue. Je lis un roman, au bout de dix pages, je pique du nez. C’est peut-être super-dommage, je dois rater plein de choses. Mais je préfère le cinéma, c’est plus digeste pour moi.

JS : C’est vrai aussi que dans Pulp Fiction ils ont souvent le nez enfariné. Il y a peut-être un lien.

Et si on imaginait la vie d’Antoine avant son accident ?

JS : Je le voyais comme un mec un peu sûr de lui, un petit peu égocentrique, prétentieux. Très gentil dans le fond mais qui avait déjà des problèmes avec lui-même. Enfin, je ne sais pas si c’est avoir des problèmes que de tromper sa femme, mais sur certains points quand même. Un mec avec plein de préjugés, mais quelqu’un de gentil, de sensible. C’était pas une pourriture, quoi. Même s’il avait des défauts.

TV : C’est peut-être quand même un côté vengeur d’en avoir fait un mec pas forcément très très bien qui commet des erreurs et de lui faire subir ça.

JS : Oui, mais il ne le mérite pas.

TV : Mais je pense que le Antoine d’avant était plutôt antipathique.

JS : Oui, un petit côté merdeux.

Malgré ce qu’il a vécu, le fait qu’il soit devenu odieux avec autrui, puisqu’il rejette tout le monde, malgré tout ça, sa famille essaye de garder un contact.

JS : Surtout sa femme, qu’il a trahie, qui le rappelle malgré tout. Elle a beau avoir été trompée, quand un proche se retrouve dans cet état, ça m’étonnerait qu’on le laisse tomber. Et puis son frère, normal. Oui, la famille ne le laisse pas tomber. Il n’a pas beaucoup de coups de fil d’amis, par contre. Je pense que c’est gênant quand tu as un ami qui est dans cet état, tu ne peux rien faire pour lui. À part quelqu’un qui l’aime inconditionnellement comme son père, ou un ami, c’est vrai que ça peut arriver d’avoir des amis qui t’aiment à la folie, mais ça doit être très déroutant de reprendre contact avec un mec qui sera toujours comme ça. Et puis, il n’avait pas de potes. C’était qu’un connard. Non, blague à part, je pense qu’il n’avait pas énormément d’amis parce qu’il était un peu égoïste.

Extrait de "L’homme sans rêve"
© Joseph Safieddine/Goodman (Olivier Bonhomme)

Tout à l’heure tu parlais de la notion du temps. C’est vrai qu’on ne sait pas bien si c’est le jour ou la nuit, il n’y a pas de lumière extérieure pour nous donner d’indice. Du coup, on lit l’album sans notion de temps. Est-ce que vous aviez quand même envisagé un laps de temps entre le début et la fin ?

JS : C’est les premiers jours, voire les premières semaines, de son retour à la réalité. Il revient de l’hôpital, peut-être, c’est vraiment son « retour à la vie ». Et sur tout l’album il se passe quoi... Quelques jours, pourquoi pas un mois ? Quelque chose comme ça. C’est pas six mois, ni un an.

TV : C’est vrai que ça commence presque comme s’il se réveillait et qu’il se découvrait comme ça.

JS : Voilà, exactement.

TV : Enfin, je le voyais vraiment comme le retour de l’hôpital.

Personnellement, sans vraiment savoir, j’imaginais que l’histoire pouvait se dérouler un certain temps après son retour.

JS : Peut-être qu’il y a eu plusieurs mois avant. Mais il fait quand même des trucs qui sont irréfléchis. Je sais pas s’il pourrait avoir des crises de nerfs où il pète tout six mois après. J’ai l’impression qu’il redécouvre un peu son tiroir avec ses caleçons, il redécouvre ce qu’il était avant, les photos, la salle de musique, les premiers coups de fil... Je pense que c’est quand même à sa sortie d’hôpital. Il commande des pizzas, il est mal à l’aise, il a trouvé une technique pour les commander mais il tâtonne encore un peu partout, dans tous les domaines. Il ne sait pas comment faire avec les nanas, il commande une pute sans savoir comment la gérer. Il est maladroit tout le temps.

Là encore, pour l’épisode de la prostituée, on peut s’imaginer que ça fait un moment qu’il est reclus et qu’il commence un peu à revenir à la vie, à avoir des contacts. Et du coup il a perdu l’habitude et s’y prend un peu n’importe comment, non ?

JS : Ouais, il y a peut-être son vrai sale côté qui ressort à ce moment là, une sorte de mauvaise pulsion qui surgit. C’est peut-être son vrai côté. Ça peut être un connard, mais c’est pas un connard au point de rester sur ce côté mauvais. Juste après, il se sent un peu merdique.

TV : C’est un peu comme quand un truc te glisse des mains et que tu en rajoutes, tu refais une connerie en essayant de le rattraper et tu renverses tout. C’est un truc maladroit, un réflexe pour essayer de sauver les choses, mais de la pire manière qui soit.

JS : Il parle bien, quand même. Il parle super bien (rires).

Pour vos prochains projets, est-ce que vous allez rester dans ce genre d’ambiance ou est-ce que vous avez envie de faire quelque chose de différent ?

JS : Je travaille sur beaucoup de projets mais officiellement il n’y en a qu’un seul de signé. C’est quand même toujours des histoires sur des personnages que j’essaye de décrire. Enfin non, pas du tout, heu... Vas-y, Tom, parle de tes projets (rires). Non mais je peux décrire un peu de quoi parle l’album, tout simplement. Donc c’est un projet qui sortira avec Olivier Bonhomme (alias Goodman) chez Manolosanctis. En deux mots, ça raconte l’histoire d’un mec un peu pourri qui a un peu perdu son âme, avec un côté fantastique et... Non, je ne peux pas spoiler, mais voilà.

Donc, c’est encore un sujet sérieux.

JS : Oui, sérieux, sur un personnage avec une vraie personnalité. On a essayé de le fouiller à mort. Ça reste des histoires un peu intimistes au final.

TV : De mon côté, j’ai un autre projet qui va se faire chez Manolosanctis. Par contre là, ça n’est plus du tout intimiste, c’est plus à vocation comique, quelque chose qui sera un peu plus frais et gentil. Peut-être un peu pour moi, me chercher, essayer aussi de trouver un genre qui me plaise. J’ai peut-être peur aussi d’avoir trop vite l’étiquette de l’auteur un peu déprimé. On va essayer de varier. Après, j’ai aussi beaucoup d’autres projets où j’écris ou je co-écris, j’ai vraiment cette vocation-là d’écrire aussi les histoires. Pour l’instant rien de définitif encore, mais il y a pas mal de projets qui se montent en parallèle. Tu peux rajouter aussi que j’ai hâte que Joseph me refasse un scénario, quand même. Mais il ne veut pas pour l’instant, il fait que les refiler à d’autres dessinateurs (rires).

Extrait de "Tatanic"
© Tom Viguier/Laurence Tramaux

Voir en ligne : Le blog de Tom Viguier

(par Baptiste Gilleron)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

[1Si j’avais un flingue aux éditions du moule-à-gaufres

[2Assistant éditorial chez Manolosanctis jusqu’en 2010

[3Film de Tod Browning sorti en 1932

 
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2 Messages :
  • l’édition "avant"
    21 février 2011 17:22

    Surtout en tant que petit jeune, on n’a pas forcément de repères sur ce qu’était l’édition avant.


    Eh bien je vais vous le dire :
    L’édition "avant" c’était des gars qui payaient des à-valoirs... qui finançaient la création quoi !

    Répondre à ce message

    • Répondu par Treize le 22 février 2011 à  07:15 :

      Les à-valoir existent toujours ... sauf si vous travaillez avec des marchands de tapis !

      Répondre à ce message

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