Le récit de Jean-Claude Derey est paru en 2001, et ce choix d’adaptation s’avère plus qu’original. D’abord pour le sujet et le décor : la misère et la violence africaine, avec Abidjan comme carrefour des contrastes, avec une ambiance de guerre urbaine, sans personne pour relever le niveau ; ensuite pour l’équipe de la version BD : Sonon est un dessinateur béninois et Mercier a scénarisé Colères (dessin Filippi) paru en 2009 chez KSTR.
L’intrigue pourrait s’appliquer à nombre de carrières criminelles : un innocent débarque dans la grande ville, fait de mauvaises rencontres, débute comme complice et finit par trébucher d’un chantage à l’autre, avec finalement la survie comme seul horizon, malgré d’ambitieux projets de départ.
La galerie d’ignobles ordures que Hondo (notre voyageur venu de Mauritanie) croise fait la force de l’album : voyous, criminels, escrocs, jusque chez les flics locaux et les pontes de l’humanitaire. Les Blancs, dans cette Afrique malade, semblent à égalité avec les Noirs.
L’ambiance de Toubab or not toubab respecte le décalage perturbant de Derey : entre deux scènes sanglantes, notre Hondo philosophe, se cache derrière son armada de proverbes et un détachement oriental lui permettant de résister à toutes les turpitudes.
Mais tout de même, autant de sagesse dans un personnage âgé de... douze ans ! Un postulat réellement intenable, même dans un monde au bord du chaos où chacun se forge sa propre morale.
(par David TAUGIS)
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