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Tout Timm !

Par Florian Rubis le 30 octobre 2008                      Lien  
Akileos a édité la version française d’un ouvrage, richement illustré, composé d’interviews de Bruce Timm. Ce {wonder boy} de l’animation américaine qui a remis au goût du jour le monde des super-héros, dans l’attente de satisfaire son ambition première de devenir un grand dessinateur de bandes dessinées…

Les grands noms de la BD américaine : Bruce Timm, sous la direction d’Eric Nolen-Weathington, revient sur le parcours exemplaire de Bruce Timm, dont il procure une vision d’ensemble captivante. Après s’être essayé à l’animation pour différents employeurs californiens de ce secteur, ce dernier (né en 1961), est devenu pour Warner un producteur, réalisateur, brillant designer, voire scénariste. Quand il n’est pas appuyé dans ce domaine par le savoir-faire de son complice Paul Dini (né en 1957). De 1992 au mitan des années 2000, Bruce Timm s’est retrouvé successivement aux commandes de Batman : The Animated Series, coup d’essai récompensé par des Emmy Awards ; Superman ; The New Batman/Superman Adventures ; Batman Beyond, où un Bruce Wayne décati transmet le flambeau à un jeune Batman du futur ; ainsi que Justice League, revisitant la Justice League of America (JLA).

Maître d’œuvre d’un profond renouveau de sa passion de toujours, le genre des super-héros, en premier lieu issus de l’univers de DC Comics, Bruce Timm en a profité pour réussir une gageure. Celle de conquérir la faveur des enfants, visés par les commanditaires de ses productions, mais également d’un large public plus adulte. Jusqu’à englober les fans exigeants de bandes dessinées. En partant de Batman, auquel il a su redonner du lustre tout en remettant à l’honneur son côté sombre, voire crépusculaire d’homme-chauve-souris, pourtant déjà exploré dans la bande dessinée par Frank Miller ou dans le cinéma live par Tim Burton.

Tout Timm !La marque d’un déjà grand

Le travail de Bruce Timm se signale avant tout par un style en apparence simplifié ou dépouillé, extrêmement séduisant. Ce fameux style animé ou Batman animated, évoluant vers des formes de plus en plus anguleuses, fait désormais des émules, à la fois dans l’animation et la bande dessinée. 0ù, en parallèle à ses séries animées, le génial Américain a donné des continuations à celles-ci, notamment en collaboration avec Paul Dini.

Comme par exemple dans Justice League avec Hawkgirl, les personnages féminins sont, là encore, mis en valeur. Telle cette Harley Quinn, arlequin femme de leur création, pendant du Joker, souvent associée à la délétère Poison Ivy. Ces attirantes « Timm girls » qui, pour n’en être pas moins inquiétantes parfois, restent furieusement sexy, tout en présentant un aspect que les lecteurs de mangas qualifieraient de kawaii [mignon]. En outre, à l’occasion, Bruce Timm ne dédaigne pas de lorgner du côté de Marvel, afin d’y apporter son grain de sel ; voire de songer à illustrer une histoire de Conan, d’après Robert E. Howard.
Malgré sa bifurcation tellement probante vers le monde de l’animation, ses jalons posés dans le neuvième art laissent entrevoir que l’artisan du regain d’intérêt pour Batman pourrait s’y consacrer lui aussi, un jour prochain, à sa série parfaite, tant le démange la tentation d’imiter Mike Mignola avec son Hellboy et nous sommes nombreux à attendre qu’il devienne, de façon encore plus évidente, le grand dessinateur de bandes dessinées qu’il a toujours rêvé d’être !

Une même école, mais avec chacun un style unique

D‘ailleurs, si le trait de Bruce Timm remporte tous les suffrages, y compris ceux des connaisseurs, il le doit à son recours à des références variées : de Jack Kirby en passant par Harvey Kurtzman, John Buscema, Wally Wood, Frank Frazetta, Jim Steranko, voire Dan DeCarlo [1] pour ses séduisantes pin-ups à la Betty et Veronica. De plus, au détour d’un entretien, Bruce Timm cite pertinemment d’autres influences. Elles mélangent l’Espagnol Daniel Torres aux plus anciens pères états-uniens de la bande dessinée expressionniste d’aventures en noir et blanc, publiée en strips à partir des années 1930. Noel Sickles [2], son partenaire artistique Milton Caniff, ainsi que Frank Robbins, préoccupés de simplification et de synthèse du dessin, tirant vers l’abstrait, n’en ont pas moins inventé de sublimes vamps de papier.

Une prestigieuse lignée qui, par le biais de son disciple capital Alex Toth [3], s’étant distingué pour sa part dans le format du comic book et ayant tâté du super-héros, fertilise aujourd’hui la créativité de toute une nouvelle génération d’artistes entichés de personnages costumés. De ceux qui, comme le remarque Bruce Timm, procèdent finalement d’une même école, tout en développant chacun un style unique. Citons parmi eux Mike Mignola, John Paul Leon ou Tim Sale. Sans parler d’un Bruce Timm au Batman animated à la parenté évidente avec le Space Ghost au design mis au point par Alex Toth pour Hanna-Barbera dans les années 1960.

Les foisonnantes illustrations, en majorité en noir et blanc, de l’ouvrage publié par Akileos font ressortir encore plus ces affinités graphiques. Avant la récompense d’un cahier final comportant de superbes « Tim girls » en couleurs. Décidément, nul besoin d’être un féru d’animation, d’avoir vu tous les épisodes des séries évoquées ou de connaître à fond la mythologie des super-héros pour apprécier ce livre de référence. Il n’est pas seulement réservé à la bédéthèque des amateurs de ces sujets et constitue une excellente invitation à s’intéresser à la lecture des exploits des héros en collant. Ou à s’y replonger, comme le fait ponctuellement Bruce Timm, afin de redynamiser son inspiration…

(par Florian Rubis)

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[1Daniel S. DeCarlo (1919-2001), connu pour ses collaborations, à partir des années 1950, à la série Archie (1941) et autres spin offs (séries dérivées), très célèbres en Amérique du Nord.

[2Noel « Bud » Sickles (1910-1982), initiateur du style expressionniste en noir et blanc dans la bande dessinée, popularisé par son ami Milton Caniff (1907-1988).

[3Alexander Toth (1928-2006), maître américain du noir et blanc, d’origine hongroise, a exercé son immense talent à la fois dans la bande dessinée et l’animation.

 
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1 Message :
  • Tout Timm !
    31 octobre 2008 14:26, par Sébastien

    Dans la liste des émules plus directs de l’école Timm, on peut citer Darwyn Cooke, Ty Templeton, Shane Glines ou encore Bob Smith, qui creusent dans le même sillon graphique.

    Répondre à ce message

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