Il y a longtemps que nous nous offusquons plus devant ces petites cachotteries éditoriales. À Frédéric Bosser, le patron de dBD qui considère que c’est étrange de convoquer des journalistes pour leur demander de poser des questions à propos d’un album qu’ils n’ont pas lu, l’éditrice d’Hachette Isabelle Magnac répond posément que les auteurs ont depuis longtemps préféré laisser la primauté de la lecture aux lecteurs qui ont fait le succès du personnage et de son univers. Albert Uderzo abonde dans son sens. Les journalistes ne seront donc pas les lecteurs privilégiés. "Cela donne l’impression que leur album est mauvais et qu’ils ont peur d’un mauvais buzz..." siffle, revanchard, un spécialiste BD assis à nos côtés.
Nous voici donc dans une présentation très ritualisée. Après une entrée d’Albert Uderzo avançant tel un prophète, les intervenants -Albert Uderzo, Anne Goscinny, Jean-Yves Ferri, Didier Conrad et Isabelle Magnac, interrogés par notre consœur de RTL Monique Younès- s’installent.
Isabelle Magnac a fait jouer son tableur et dégaine les chiffres : le dernier album, Astérix chez les Pictes, le premier sans Albert Uderzo, s’est vendu à plus de 5 millions d’exemplaires dans le monde dont 2,4 millions en France. Astérix, c’est le Guiness Book des records avec quelque 365 millions d’albums vendus (dont 130 millions en France), le Guiness des traductions avec 111 traductions (langues et dialectes). Le nouveau titre sera tiré à 2 millions d’exemplaires en français et 4 millions au niveau mondial, simultanément en 20 langues le 22 octobre prochain.
Les ayants droit multiplient les compliments : "Ils ont su se mettre au diapason du travail qu’on leur demandait, ce n’était pas évident. Ils l’ont fait avec beaucoup de courage et beaucoup de talent" dit Albert Uderzo. "La satisfaction d’Albert est notre meilleure publicité" dit Ferri. "Pour ce deuxième album, j’ai le sentiment que les auteurs ont été plus détendus que pour le premier. Ils se sont affranchis d’un certain nombre de choses, peut-être y avait-il moins de pression sur leurs épaules et je trouve que, tout au long de l’album, cela se sent beaucoup" précise Anne Goscinny qui confirme qu’elle et Uderzo ont lu l’album au fur et à mesure de sa gestation.
Mais alors, on nous en dit quoi, du nouvel album ? On nous en dévoile la couverture où César déroule un long papyrus, trois planches (que nous reproduisons ci-dessous) et un sujet qui est celui de son célèbre Commentaires sur la Guerre des Gaules qui inspira tant les auteurs : "Je me documente à toutes les sources, dont "La Guerre des Gaules" est, bien entendu, la clé de voûte" disait René Goscinny [1] Sa fille Anne avait d’ailleurs pris soin de rapporter l’exemplaire personnel du scénariste pendant la conférence de presse (notre photo).
Huit nouveaux personnages ont été créés à l’occasion pour cette histoire apprend-on au passage : d’abord le gentil de l’affaire, le journaliste gaulois Doublepolemix, inspiré de Julian Assange le cybermilitant australien fondateur de WikiLeaks,"colporteur sans frontière" dans la BD, qui écrit dans le périodique L’Écho de Condate. Il tente de révéler le terrible secret de la Guerre des Gaules écrit par Jules César : car, contrairement à ce qu’il a affirmé dans ses Commentaires, il n’aurait pas conquis toute la Gaule (ha, bon ?) ! Les auteurs avaient d’abord pensé à Wikilix comme patronyme, mais des questions de droit liées à la protection de la marque ont dû les faire reculer.
L’Écho de Condate journal dévoré par le bien nommé Rézowifix. "C’est un peu le gars branché du village. Il est abonné, il reçoit le journal et le lit à tout le monde. Il a un casque un peu spécial qui lui permet de transmettre aux autres quand les nouvelles arrivent", expliquent les auteurs. Rézowifix qui, hélas, se fait voler la vedette par Appolosix, le monsieur horoscope de L’Écho de Condate, évidemment la rubrique la plus lue de toute la Gaule !
Enfin le grand méchant de l’histoire répondra au doux nom de Bonus Promoplus, éditeur, également conseiller occulte de César, caricature de tous les conseillers en communication. Inspiré, avec à propos, par Jacques Séguéla, le célèbre publicitaire français, Bonus Promoplus décadent de la bonne société romaine, dont le majordome égyptien (le comble du chic) s’appelle Quefaitlapolis. Voilà qui promet, on se demande au passage si, à l’époque romaine, il existait des Rolexus...
Plus qu’une poignée de jours à attendre pour goûter pleinement les saveurs promises par ce nouvel album d’Astérix le Gaulois et, bien sûr, de son compère Obélix. En espérant que les auteurs attentionnés aient trouvé la recette de la potion magique.
Trois versions de l’album seront proposées au public : l’album courant à 9,95€, un album format "luxe" avec fac-simile et dessins inédits tiré à 12000 ex. au prix de 35€, et un coffret avec croquis et storyboard (112 pp.) tiré à 1500 exemplaires numérotés et signés par les auteurs, vendu au prix de 199,95€.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
(par Pascal AGGABI)
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Toutes les illustrations sont (c) Uderzo, Goscinny, Ferri, Conrad et Albert-René.
Reportage : D. Pasamonik (L’Agence BD)
[1] Interview de René Goscinny par Anne Manson, dans L’Aurore du 22 mars 1966.
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