Albums

Tranquille courage T1 - Par Merle et Tegenkgi - Editions Bamboo

Par Patrice Gentilhomme le 13 juin 2009                      Lien  
Cette histoire de résistance et d'aviateur en Normandie en 1944 est vraie et pédagogique. Est-ce suffisant pour en faire une bonne BD ?

Faire d’un héros du quotidien celui d’une bande dessinée passionnante est un exercice risqué. De nombreux exemples d’adaptations au cinéma ou en télévision de destins exemplaires ou héroïques se sont souvent soldés par de somptueux ratages. La BD n’échappe pas à la règle.

À la suite des cérémonies du débarquement en Normandie de juin 1944, voici un album qui entend travailler autour du notre mémoire collective en s’intéressant aux péripéties de l’accueil (et du camouflage) d’un aviateur américain en terre paysanne.

Au cours des combats qui suivent le débarquement un P47 Thunderbolt de l’US Air Force s’écrase non loin de la ferme d’Auguste Briant, paisible père de famille de Vernix, en Normandie. Indemne le pilote Weston Lennox va trouver refuge dans une grange de la propriété. Entre le paysan et l’aviateur vont se créer, sinon des liens d’amitié, tout au moins une complicité et une union face à l’adversité nazie. Auguste va s’efforcer de protéger et d’améliorer les conditions de vie du pilote américain, traqué et recherché par les soldats allemands, tout en dissimulant les faits à ses proches.

Fort d’une volonté pédagogique très affirmée (la première édition contient un dossier historique de plusieurs pages en préface), cette histoire décrit de l’intérieur la vie passablement compliquée de ces résistants anonymes sans qui, il est vrai, le débarquement aurait sans doute connu un autre dénouement.

Olivier Merle, dont c’est l’une des toutes premières publications, a tiré cette histoire de souvenirs personnels et familiaux. Il entend les mettre en scène dans deux albums. Le découpage et la mise en images de ces souvenirs n’est pas si facile, surtout si l’on veut donner à ce récit rythmé un tour captivant pour le lecteur. La volonté de peindre au plus juste la France rurale de cette époque est très perceptible mais fait vite sombrer le récit dans une chronique soignée et bien sage (trop peut-être ?) du quotidien de ces héros modestes et ordinaires dont l’histoire de la Résistance est remplie.

Qu’apporte donc de plus ce récit qu’on n’aie déjà entendu, lu ou vu dans le plus quelconque des téléfilms ? Ce premier tome peine à nous convaincre de l’intérêt d’une histoire ordinaire racontée de manière…bien ordinaire Alexandre Tefenkgi a encore peu publié et cette première production laisse percevoir un talent qui souffre encore d’un manque d’assurance. On passera sur un certain nombre de maladresses techniques qu’une mise en couleur habile et d’une esthétique “sépia“ parvient néanmoins à amoindrir.

Tranquille courage T1 - Par Merle et Tegenkgi - Editions Bamboo
Et qui c’est, les méchants ?

La sortie de cet album coïncide avec le 65ème anniversaire du Débarquement, et s’inscrit dans une catégorie de produits régionalistes usant du devoir de mémoire. Dans le prolongement du succès de l’Envolée sauvage de Monin et Galandon (chez le même éditeur) dont on ne retrouve ici, ni l’émotion, ni la force du propos, cette histoire laisse un peu le lecteur amateur d’Histoire, comme d’histoires, sur sa faim.

Le second tome annoncé parviendra-t-il à bousculer ce “tranquille courage“ ? Tout le suspense est là !

(par Patrice Gentilhomme)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

 
Participez à la discussion
8 Messages :
  • je trouve le jugement de l’article un peu dur ! une histoire ordinaire peut être raconté de façon ordinaire, du moment qu’elle l’est a hauteur d’homme ! et c’est bien là le talent de cet album , qui oui, bien sur ne révolutionne rien, nous parle d’un sujet qu’on connait déjà, mais nous fait aimer des personnages et dans une histoire c’est déjà pas mal !! courage aux deux hauteurs et vivement le tome 2 du moment qu’ils gardent cette proximité naturelle avec leurs personnages...

    Répondre à ce message

    • Répondu par Sergio Salma le 13 juin 2009 à  11:59 :

      D’accord avec Pipandnorton, la critique est vraiment très agressive pour les auteurs qui n’ont pas à être comparés à d’autres auteurs sous prétexte que le sujet et le ton du récit aient un quelconque air de famille.
      De plus, il me semble que le traitement soft et humain soit impitoyablement jugé. Il n’est décidément pas facile de proposer des histoires simples , quotidiennes sans que la critique ne fasse le fallacieux rapprochement avec des téléfilms de seconde zone. Il est justement intéressant de noter que les téléfilms ( dénomination péjorative à méditer) soient en train de révéler de réels talents. Pour preuve "Un village français" actuellement diffusé. A noter là aussi le sujet de la seconde guerre mondiale qui semble être le traumatisme ultime ainsi que le joug nazi, tous genres confondus, qui inspire décidément beaucoup d’auteurs et scénaristes.

      Je vous invite à regarder la bande-annonce de ce livre. Et là, on est obligés de constater qu’effectivement ce travail de teasing lorgne de drôles de modèles . A quoi riment ces bandes-annonces façon Hollywood, la même musique plombante, le drame qui affleure, les mêmes gros plans, le même mood que dans les drames pour le cinéma ? Dommage que les faiseurs de bandes-annonces BD n’aient pas encore trouvé une manière originale de présenter les choses.

      Tout ça donne une image bien piètre , pauvre. Puisque en lieu et place des beaux visages des stars , on a un dessin qui n’a pas été réalisé pour être recadré de la sorte, avec lequel on bricole des zooms et des panoramiques d’une pauvreté effarante.
      Là, oui, on tombe dans le complexe cinéma-bande dessinée.

      Répondre à ce message

  • y’a des critiques comme ca, on se demande si le type est fruste, si il a bouffe un putois avant d’ecrire et surtout on espere qu’il connait la definition de " critique "...
    parce qu’un critique pour moi ca doit etre objectif, sur l’oeuvre et c’est pas une question de gout ! il peut dire que cette bd vaut un telefilm, sa critique vaut du voici ( avec plein de fautes d’ortographes en plus... ) bref, je pense qu’un ecrivain de cette trempe est passablement lourd et les tournures de phrase sont biiiiiien loin d’etre maitrisees... ni sage ni drole, juste pauvres d’interet...
    moi j’ai beraucoup aime cette histoire, c’est une belle tranche de vie, et cela montre des faits reels, et si il y’a un parti pris evident c’est plus que normal vu que c’est base sur les souvenir d’un normand qui resistait contre les allemands !!! si le sujet n’interresse pas tout le monde soit, mais je trouve ca plutot cynique de devaloriser le combat des resistant et l’importance que cela a eu pendant cette guerre...
    ( ps : dsl pour les fautes d’accents, je suis sur un clavier qwerty ^^ )

    Répondre à ce message

    • Répondu par Laurent Mélikian le 15 juin 2009 à  11:35 :

      Pas d’accord avec l’intervenant ci dessus et pourtant j’ai beaucoup apprécié Tranquille Courage, ainsi que son dossier complémentaire.

      Penser qu’un critique doit être objectif est malheureusement une illusion. J’y ai peut-être cru en commençant cette activité il y a une quinzaine d’années... Mais un critique est avant tout un être humain qui trimballe sa propre expérience, ses propres ressentis. Malheureusement, les pratiques ont orienté la rédaction de chroniques ou de critiques vers l’emploi de la troisième personne du singulier, "on", voire pire la deuxième personne du pluriel, "nous". Or, je pense que, pour cet exercice, la première personne du singulier devrait être obligatoire. En effet Dire : "je pense que..." me semble plus honnête que ce "on" impersonnel et trompeur.

      L’avantage d’ActuaBD et d’autres sites spécialisés est d’offrir à d’autres la possibilité d’exprimer leur opinion. Et donc d’exposer différents points de vue sur une oeuvre.

      Je ne partage donc pas celui de Patrice Gentilhomme sur Tranquille courage, mais je ne lui renie surtout pas le droit de l’exprimer. Ni celui d’autres lecteurs de venir apporter la contradiction.

      D’ailleurs, j’en profite également : Patrice qualifie Tranquille courage de "produit régionaliste". Je trouve cette expression dévoyée. Car si on a qualifié le débarquement en Normandie de "Jour le pus long", c’est bien parce qu’il était attendu par une partie de l’humanité depuis de longues années et pas seulement par les Normands. Ensuite, j’ai perçu dans le récit un hommage à l’amitié qui va unir deux hommes au delà du danger et de leurs barrières culturelles. Et de plus, cette amitié semble d’autant plus forte qu’elle se renoue aujourd’hui entre Olivier Merle -mari de la petite fille d’Auguste (le paysan normand)- et Weston Lennox (l’aviateur). Quoi de plus symbolique et porteur d’espoir, quand les fatalistes vouent notre avenir à la barbarie ?

      Bonnes lectures à tous

      Lo

      Répondre à ce message

  • l’histoire vous semble molle, je vous promet que lorsque mon grand père et mon arrière grand père ( bernard et auguste ) me les racontaient l’histoire été tout aussi calme car cela été leur façon de vivre, et la BD retrace exactement l’histoire que j’ai entendu des dizaines de fois de leurs bouches , bien sur on pourais y ajouter des intrigues tous a fait fictives , mais je n’y trouverais pas d’intérets , en attendant le tome 2 lorsque qu’e l’on ne connais pas la suite de l’histoire en attend et l’on se tais

    sur ce ... bon achat à vous tous !!!!

    vincepep

    Répondre à ce message

  • Tranquille courage T1 - Par Merle et Tegenkgi - Editions Bamboo
    15 juin 2009 14:14, par Laurence Langlois

    Evidemment, je ne suis pas d’accord avec la critique non plus.
    Je ne suis pas dans la BD et suis une lectrice lambda et j’ai aimé "Tranquille courage", j’en attends la suite avec impatience.
    Je fais partie de cette génération dont les grands-parents ont connu la Seconde Guerre (voire presque la première) et j’ai grandi avec ses souvenirs de résistance anonyme, de maisons pillées, de tueries collectives par les nazis, d’obligation de fuir, de cachettes dans les maquis et de Débarquement.
    Quand j’ai lu Tranquille Courage, j’ai pu entendre de nouveau la voix de ma grand-mère me narrant les aventures de son mari, la prison et la peur de l’ennemi. Je me suis attachée à Auguste, à Weston et à la campagne normande.
    Alors oui, certes, c’est une histoire déjà-vue. Déjà vécue, même. Par des millions de personnes de par le monde, qui n’ont pas envie d’oublier.
    Peut-être Monsieur le Critique êtes-vous blasé d’entendre parler de la Seconde Guerre, que le récit n’a rien d’extraordinaire, peut-être même que votre grand-père lui-même a caché un pilote américain dans sa grange et que vous n’avez jamais jugé nécessaire de raconter des faits qui vous paraissent à vous bien ordinaires.
    Mais il ne faut pas oublier qu’en temps de guerre, la tentation est grande de céder à la peur et à l’irraison et qu’avoir un tranquille courage face à la nécessité de se protéger soi et sa famille ne relevait pas de l’ordinaire mais de l’héroïsme.
    Et des aventures héroïques, n’est-ce pas un peu ça la bd ?

    Répondre à ce message

  • Voici une critique assassine qui cause plus de tort à son auteur qu’à ceux de la BD.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Pirlouit (le gentil troll qui aime trés fort la bonne BD) le 15 juin 2009 à  22:22 :

      Peut-être, tout cela m’a donné envie de feuilleter le livre, en tout cas.

      Répondre à ce message

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Patrice Gentilhomme  
A LIRE AUSSI  
Albums  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD