Que vous évoque le nom de Spider Jérusalem ? Pour certains, c’est un prophète des temps modernes, pour d’autres, un dingue qui mange à tous les râteliers, prêt à bondir à la moindre info insolite, afin de briller sous les feux des projecteurs. Même si notre gaillard préfère de loin la tranquillité et la solitude aux périphériques urbains tamisés et bruyants.
En cinq volumes d’une pure tuerie scénaristique -comptez grosso modo 1500 pages- Spider apparaît pour ainsi dire systématiquement au travers de monologues longs et pertinents, produits d’une rage folle contre une société matérialiste en pur déclin, Jérusalem affiche ses valeurs..., comment dire ?, nihilistes, vivant uniquement que pour l’instant présent.
Le mode opératoire de Spider n’évolue pour ainsi dire guère au fil des pages. Il est toujours en quête d’informations choquantes et croustillantes. En permanence, une clope au bec, voir deux ou trois simultanément, Spider s’adonne aux drogues, comme au sexe ou à la télévision à outrance. Car dans la "ville", tout est permis, tout est trouvable, tout est consommable. Les rêves et fantasmes les plus enfouis, peuvent être à tout instant exaucés, matérialisés, troqués, voire modifiés.
Warren Ellis maitrise son élément de bout en bout et permet aux lecteurs qui l’ont suivi, de les récompenser pour leur patience. L’auteur dénonce un système autoritaire où tout est permis, mais sous haute surveillance, un monde qui ressemble au nôtre, avec son conglomérat d’institutions qu’elles soient économiques, religieuses sans contrôle. D’ailleurs, et c’est là que le bât blesse dans cette critique à outrance, aucune alternative n’est proposée. C’est No Future.
Le dessin de Darick Robertson est comme fait sur mesure pour le scénario déjanté. Chaque planche est truffée de détails minutieux. Plans rapprochés, vues aériennes, travellings.. Robertson joue de son art avec élégance et raffinement.
Transmetropoliltan s’adresse aux lecteurs férus de sensations fortes. Véritable éloge au style cyberpunk, cette histoire passionnante et atypique se lit et se relit avec plaisir. Mais répétons le une fois encore, qu’il s’agit ici d’une série qui s’adresse à un public très averti, car son ton immoral et provocateur assumé pourrait rebuter jusqu’aux lecteurs les moins bégueules.
(par Marc Vandermeer)
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Transmetropolitan T5. Par Warren Ellis (scénario) et Darick Robertson (dessin). Traduction Jeremy Manesse. Urban Comics, collection Vertigo Essentiels. Sortie le 23 octobre 2015. 304 pages. 22,50 euros.
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