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Triomphe romain pour Franquin, le modeste

Par Nicolas Anspach Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 27 octobre 2006                      Lien  
L'Autoworld avait un air de fête hier soir. Le gratin du monde bruxellois de la bande dessinée y était invité par l'éditeur des dernières œuvres de {{André Franquin}}, Marsu Productions, pour admirer [l'exposition qui lui est consacrée sur les 1800 m2->4294] de la mezzanine de ce musée.
Triomphe romain pour Franquin, le modeste
Tibet en larmes

Franquin est à l’honneur à Bruxelles. A la suite de l’hommage rendu à Franquin par Uderzo, le dessinateur du Gaulois Astérix, c’est un triomphe romain qui est fait à l’auteur du Marsupilami et de Gaston Lagaffe, sous les voûtes du musée du Cinquantenaire.

Les amis de toujours d’André Franquin avaient répondu présent et, en accompagnant l’ouverture officielle, échangeaient souvenirs et anecdotes avec les journalistes et les auteurs invités.

Un émouvant hommage de Tibet

Plusieurs hommages plus solennels ont été rendus au grand homme par le propriétaire des éditions Marsu Productions, Jean-François Moyersoen et quelques-uns des auteurs qui lui étaient proches. Tibet se distingua par un discours chargé d’émotion dans lesquel il souligna combien Franquin, à la recherche du dessin parfait, recommençait sans cesse son travail et expérimentait avec ardeur. "Il cherchait à faire mieux. constatait Tibet. On peut toujours faire mieux. Mais personne au monde ne faisait mieux que lui" conclut-il avec un sanglot dans la voix. Difficile pour les joyeux lurons Frédéric Jannin et François Walthéry de faire dans le guilleret ensuite. Ce dernier se rappela avec nostalgie les moments de détente qu’il passait chez André Franquin après avoir quitté le studio Peyo à une heure du matin. "On
buvait du Scotch en ce temps-là
" dit-il. Et de raconter que Franquin n’aimait pas, mais vraiment pas recevoir une dérouillée au baby-foot. "Il était mauvais perdant !" nous dit le créateur de Natacha. Batem, le dessinateur qui assura la continuité du personnage du Marsupilami dans ses nouvelles aventures, parla de l’attention que Franquin lui portait et comment, avec la complicité de son épouse Liliane, il lui était arrivé de le consoler les soirs de cafard. Jannin y alla ausi de son hommage, soulignant combien André, lui, aurait détesté ces atteintes à sa modestie.

Les amis de Franquin
Assistant à l’hommage de Batem, de gauche à droite, Jean-François Moyersoen, Frédéric Jannin, Tibet, François Walthéry et Yvan Delporte. Derrière ce dernier, Patrick Pinchart, éditeur de Dupuis et, comme Delporte, ancien rédacteur en chef de Spirou.

Un ami, un exemple, un modèle

Dans la foule, on remarquait Yvan Delporte, l’ami, le confident et le scénariste du créateur de Gaston Lagaffe, ainsi que Patrick Pinchart. Ces deux anciens rédacteurs en chef du magazine Spirou, côte à côte, écoutaient ces témoignages sans en perdre une miette.

Dans l’expo Marc Wasterlain nous confie cette anecdote : suite à une anesthésie générale découlant d’une opération médicale, il vit André Franquin en personne au moment de son réveil post-opératoire. Il pensait qu’il rêvait. Pas le moins du monde, Franquin était venu le veiller quelques instants pour lui témoigner son amitié.

Dany, grand amateur de belles carrosseries et de puissants bolides, s’extasiait devant la « Turbot II », la voiture mythique de Spirou & Fantasio, ici reproduite grandeur nature. Il s’agissait là du clou de l’exposition et de la grande nouveauté par rapport à celle de Paris. Un étonnement partagé par le designer belge Louis de Fabribeckers qui a transformé en réalité cette voiture imaginaire. Il confie à Olivier Le Bussy, de la Libre Belgique : « C’est très étonnant : alors que les personnages n’ont pas de proportions humaines, la voiture a été conçue comme si elle devait accueillir des personnages en chair et en os. Il n’y avait quasiment rien à faire pour l’adapter. Et une fois réalisée, elle ressemble à un bolide des années 50, pas à une voiture de bande dessinée ». Cette voiture, dont le réalisme de l’adaptation est saisissant, est munie d’un moteur Porsche, et roule paraît-il, à merveille. L’histoire ne dit pas si elle a été homologuée par les autorités compétentes.

Les commissaires de l’expo et Jidéhem
De gauche à droite, Jean-François Moyersoen, producteur de l’expo et Eric Verhoest, co-commissaire de l’expo, récemment nommé directeur éditorial des éditions Dupuis.Enfin, Jidéhem, collaborateur de Franquin sur Gaston et Spirou.

Le "tout-Bruxelles" de la BD

Au hasard de la visite, on pouvait croiser de nombreux auteurs entre un modèle réduit du gaffophone ou une reproduction du bureau et des inventions les plus inutiles de Gaston : de Midam à Colman, en passant par Bercovici, Borrini, Cuadrado, Ers, Dugommier, Grenson, Hardy, Letzer, Pierret, Saive, Serdu, Swysen, ou Yann. Claude de Saint Vincent, l’un des patrons de Média-Participations, François Pernot, DG de Dargaud-Lombard, et Robert Baert, DG des éditions Dupuis, avaient fait le déplacement, sans doute pour féliciter le maître d’oeuvre de cette exposition et de cette soirée, Jean-François Moyersoen, représentant des ayant-droits de Franquin et propriétaire de Marsu-Productions, ainsi que le co-commissaire de l’exposition, Eric Verhoest dont on sait qu’il a été récemment nommé directeur éditorial de Dupuis.

Nick et Fanny Rodwell, quant à eux, sillonnaient les couloirs. Peut-être recherchaient-ils des idées pour le futur Musée Hergé. Il est vrai que la scénographie aérée exploite au mieux chaque élément de l’oeuvre du dessinateur de Gaston.

1800 m² d’exposition. Un itinéraire passionnant.
La Turbotraction II. Absente de Paris, elle est l’attraction de l’expo Franquin. Et en plus, elle roule !

D’autres personnalités du monde de l’édition arpentaient l’exposition. La rédaction de Spirou Hebdo (Olivier Van Vaerenbergh, Patrick Pinchart, Olivier Dossogne), Benoît Fripiat (directeur éditorial adjoint chez Dupuis), Arnaud De La Croix (éditeur chez Casterman), sans oublier le plasticien Patryck De Froidmont.

En quittant l’exposition, on pouvait remarquer François Walthéry discutant avec Claude Maltaite (la femme du grand Will) et Jidéhem. Ce dernier, qui accompagna de longues années Franquin dans la réalisation de son œuvre, fut fort surpris d’apprendre que des fans guettaient son arrivée à l’entrée. Ils voulaient lui demander de leur dessiner un Gaston. « Heureusement qu’il ne m’ont pas vu, sourit-il, sinon cela m’aurait pris des heures pour les satisfaire et je n’aurais pas pu profiter de l’événement ». Comme André Franquin qui redoutait de telles rencontres, tant il était mal-à-l’aise de devoir refuser. La marque des grands, semble-t-il...

Les amis du couple Franquin et les auteurs étaient unanimes. Même si Franquin aurait été probablement gêné par un telle mise en avant de son travail, il aurait été particulièrement ravi que, par son côté ludique, cette exposition intéresse un public familial et néophyte. Les connaisseurs apprécieront également l’événement grâce aux nombreuses planches et croquis originaux présentés...

(par Nicolas Anspach)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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En médaillon, la mythique Turbotraction II. Photos (c) Didier Pasamonik.

 
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