Elles sont trois reines fées, trois sœurs morganes. Chacune a reçu en héritage un morceau du Triskell légendaire qui symbolise les forces de la Bretagne : Mer, Vent et Terre. Mais dans la quête éternelle du pouvoir, la guerre n’a pas tardé à éclater. Jeune orpheline, Gwen se voit confier la part des Vents. Dès lors, elle devra se heurter au rude monde des fées. Un musicien de rouge vêtu, un frère changé en hermine, une cité enchantée, et surtout, une fuite éperdue devant la plus terrible des sœurs morganes...
Jeune orpheline, Gwen se voit confier la part des Vents. Dès lors, elle devra se heurter au rude monde des fées. En compagnie d’un musicien magique, et de son petit frère changé en hermine, elle part à la recherche de la Cité aérienne qui lui permettrait de combattre Maenne, redoutable fée morgane. Les hommes ont oublié qu’ils étaient autrefois dominés par les fées, ils ont oublié qu’ils étaient autrefois les esclaves. La guerre entre les deux peuples aura-t-elle vraiment le résultat escompté ? De son côté, Le Cornu place ses pions. Mais quel intérêt poursuit donc le dieu breton ?
Concédons-le : si nous avions bien accueilli les collections Girly de Soleil, nous avons été bien moins chaleureux pour les autres (co)-scénarios d’Audrey Alwett, dont le mollasson Sinbad. Heureusement, par la suite, la rafraichissante série Ogres co-scénarisée avec Iggy, nous permis de nous faire douter de notre jugement.
Débutée de manière classique (voire mièvre), Triskell ne nous paraissait pas réellement sortir non plus du lot. Pourtant, la série ne fit que se bonifier, avec un second tome intéressant, et un troisième opus qui prenait l’allure d’une conclusion avant de rebondir astucieusement dans ses dernières pages.
Le quatrième tome sorti il y a quelques semaines vient parachever ce qu’on peut maintenant considérer comme un excellent travail de construction : au-delà d’un classique monde des fées qui co-existe mais demeure invisible à celui des hommes, les deux univers fusionnent dans un immense charivari qui ravivent les anciennes légendes et croyances. Une conclusionqui bouleverse également les rôles des divers protagonistes, avec une hroïne presque inexistante, telle une Adèle Blanc-Sec dans les bras de la mort.
Il faut également saluer l’implication de Torregrossa qui signe également de très belles planches pour présenter le chamboulement entre les mondes des humains et des fées. Plus doué pour les créatures imaginaires que les réelles, il parvient à maintenir l’intérêt du lecteur, en présentant un bestiaire convaincant, spécialement pour son Dieu Cornu. Reste un choix de couleurs parfois discutable, car s’il est en adéquation avec le style du dessinateur, il aurait été intéressant de plus différencier les ambiances entre les séquences.
Malgré ses quelques défauts d’une équipe d’auteurs encore jeunes, Triskell est un magnifique conte, qui jette des ponts entre histoires d’antan et les fictions d’aujourd’hui. Une très agréable surprise, à conseiller aux amateurs de légendes féériques !
(par Charles-Louis Detournay)
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