On ne prête qu’aux riches : une malheureuse petite allusion aux mangas dans le dernier Astérix avait valu à Uderzo d’être traité d’anti-asiatique primaire, ce qui est quand même le comble vis-à-vis d’un gars lui-même enfant d’émigré et dont toute l’œuvre est un monument d’antiracisme. Dans le cas de ce diptyque, il est clair que l’univers des mangas a également inspiré Arleston et que la mythologie de l’Asie aux manières obséquieuses, avec ses gourous exploiteurs d’enfant sous prétexte de leur enseigner la sagesse, ses tortures raffinées et sa façon bizarre de manger de la nourriture avec des baguettes se trouve ici bien plus férocement parodiée que dans les dernières aventures du Gaulois.
L’ignoble dame Meshantä (ben oui, Méchanta, c’est gras, mais c’est comme les frites, on adore, surtout avec les doigts, bref la Meshantä) s’est mise en tête de se confectionner un manteau en fourrure de bébés trolls blancs décoré d’un ravissant col de toison rousse du plus grand chic pour mieux séduire Nymethny, la divinité séculaire du coin. Hélas, en dépit d’une puissante armée de trolls blancs enchantés et de shoguns attaquant au cri redoutable de « Pikatchu », elle est tombée sur nos trolls de Troy qui en ont vu d’autres et qui ne vont pas tarder à les hacher menu (si l’on ose dire).
Christophe Arleston et Jean-Louis Mourier sont égaux à eux-mêmes dans ce dixième album garni de ses dix bougies : dessin tonique et habile, et scénario à l’avenant. On ne peut pas dire que le pitch soit un chef-d’œuvre de sophistication mais il atteint pleinement la mission qu’il s’est assignée : nous divertir.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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