La ComicCon de San Diego est un peu l’équivalent de notre festival d’Angoulême. [1] Situé sur la Côte Ouest des États-Unis, sur la frontière mexicaine, ce festival très professionnel attire de nombreux amateurs de comics car il est l’occasion, à mi-saison, d’annoncer les grosses sorties de la fin de l’année. En outre, sa proximité avec Hollywood (Los Angeles n’est pas loin), permet aux majors de faire le lancement de leurs blockbusters super-héroïques. Depuis plusieurs années, on y remet la plus haute distinction américaine de BD, les Eisner’s Awards, en présence de Will Eisner qui recevait les lauréats dans un trône, avec sa gentillesse et son humour habituels. Cette année, c’est son épouse Ann qui honore la cérémonie de sa présence, mais ce n’est évidemment plus la même chose.
Dans une liste des nominés particulièrement fournie, six auteurs français sortent du lot. Le Grand Prix d’Angoulême 2006 Lewis Trondheim, d’abord, avec deux nominations pour A.L.I.E.E.N., la fameuse « Anthologie de littérature infantile extraterrestre égarée négligemment » (Gallimard, Bayou ; publié aux USA par First Second), une pour la « Best U.S. Edition of International Material » (meilleure BD étrangère), une autre pour le « Best Writer/Artist—Humor » (meilleur auteur humoristique). Une distinction de plus pour un créateur qui collectionne les honneurs. Un autre habitué : Joann Sfar pour Klezmer (Bayou, Gallimard) et Le bestiaire amoureux (Delcourt) pour le « Best Writer/Artist » (meilleur scénariste), les deux publiés aux USA par First Second.
Un autre abonné : Nicolas de Crécy pour Période glaciaire (Futuropolis, publié en anglais par NBM) qui concourt pour le « Best Painter/Multimedia Artist (interior art) » (meilleur artiste, catégorie couleur directe ou multimédia). Hubert, déjà nominé l’année dernière, dans la catégorie « Best Coloring » (meilleur coloriste) pour Hemingway du Norvégien Jason (chez Carabas, publié en anglais par Fantagraphics) et enfin le collectif piloté par Frédéric Boilet, Japon (Casterman, publié en anglais par Fanfare/Ponent Mon) dans la catégorie « Best Anthology » (Meilleure recueil collectif).
On notera aussi la nomination de Gipi pour Ils ont retrouvé la voiture (Vertige Graphic/Coconino Press en France, Fantagraphics aux USA) dans une sélection qui, si elle est longue, se signale cette année par son ouverture conséquente à la BD asiatique et un éclectisme aussi bien dans ses choix (gros éditeurs et « small press ») que dans ses catégories (ainsi, les encreurs, les auteurs de dessins de couverture ou les lettreurs sont distingués). Comparé au palmarès du Festival d’Angoulême, on se demande si cette option qui favorise la curiosité et qui met en valeur toutes les facettes du métier n’est pas préférable à une liste prédigérée de distinctions assez injustes finalement puisqu’elle écarte bien des aspects de la création contemporaine.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Lewis Trondheim, premier Français aux Eisner’s Awards avec deux nominations. Photo : D. Pasamonik.
[1] Nos confrères de BDZoom, qui ne voyagent pas beaucoup, notamment en Asie, la qualifie de « plus importante manifestation BD du monde ». On rigole doucement.
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