Le pitch s’appuie sur une théorie bien connue des tintinophiles développée par un chercheur sur les services secrets chinois et dans une nouvelle écrite par Benoit Peeters : « Tchang était-il un agent des Communistes chinois ? », comme en témoigne son interview ci-après.
Tchang, l’ami de Tintin:un agent... par quiestce88
Une relation "amoureuse" entre Hergé et Tchang ?
Laurent Colonnier développe cette hypothèse : « Bruxelles 1934 : Georges, 27 ans, est dessinateur publicitaire et auteur d’histoires illustrées (on ne disait pas encore bande dessinée) dans le supplément pour enfants d’un quotidien catholique, le XXème siècle. Il est marié à Germaine, d’un an son aînée, mariage de raison plus que d’amour. Ils n’ont pas d’enfant. Apprenant que Georges va envoyer son héros de papier en Chine pour une nouvelle histoire, un abbé le met en garde. Il ne doit pas vexer ses étudiants chinois avec des lieux communs et des clichés. Pour l’aider dans sa documentation, il lui présente Tchang, étudiant en art de 26 ans."
Histoire connue mais il va encore plus loin dans son synopsis, insistant sur la « complicité amoureuse » qui se serait installée entre les deux hommes : « Entre les deux artistes va naître un profond sentiment. Dimanche après dimanche une relation de maître à élève va céder la place à une complicité amoureuse rendant Germaine jalouse, de balades au parc du cinquantenaire à Bruxelles ou à la campagne, une excursion à la mer, une virée au port d’Anvers dans une fumerie d’opium clandestine.
Mais Tchang est manipulé par Tong, son compagnon de chambre à l’université, communiste convaincu, qui entend bien appliquer le précepte chinois « Yang wei zhong yong » « utiliser les étrangers pour qu’ils servent la Chine ». Alors qu’en Chine Mao Zedong et l’armée rouge ont débuté la Longue Marche, à Bruxelles l’illustré pour enfants fait scandale auprès des autorités japonaises par ses positions et slogans anti-impérialistes. La bataille entre les services secrets japonais et le Komintern fait rage... »
Voilà un biopic un peu sulfureux basé sur une documentation sérieuse d’après les pages que nous avons pu lire, comparable à celui sur Sarkozy, La Conquête, que l’on peut voir en salle actuellement, dans une tradition que Sfar utilise de façon plus fantaisiste dans les biographies de Pascin, Chagall ou Gainsbourg.
Sauf qu’ici, Laurent Colonnier n’a trouvé aucun éditeur pour publier son projet en dépit de nombreux compliments et parfois de réactions très négatives : « Certains m’ont même quasiment insulté devant mon audace qu’ils ont jugé scabreuse ou obscène » écrit le dessinateur.
Par peur d’un procès avec Moulinsart ? Sans aucun doute. Pourtant, à notre connaissance, rien dans la loi française n’interdirait cette fiction.
Décidément, Hergé et Tintin continuent d’entretenir les passions, ce qui constitue un phénomène en son genre.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Le lien vers le projet de Laurent Colonnier
Toutes les illustrations sont (C) Laurent Colonnier
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