Actualité

Un album de docu-fiction sur Hergé et Tchang ne trouve pas d’éditeur

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 19 mai 2011                      Lien  
« Georges & Tchang, une histoire d’amour au XXe Siècle », tel est le projet de Laurent Colonnier qui s’intéresse à la relation très particulière entre le créateur de Tintin et le jeune Chinois qui lui servit de modèle pour Tchang. Un angle biographique inédit dont le caractère sulfureux a jusqu’ici fait reculer les éditeurs.

Le pitch s’appuie sur une théorie bien connue des tintinophiles développée par un chercheur sur les services secrets chinois et dans une nouvelle écrite par Benoit Peeters : « Tchang était-il un agent des Communistes chinois ? », comme en témoigne son interview ci-après.


Tchang, l’ami de Tintin:un agent... par quiestce88

Une relation "amoureuse" entre Hergé et Tchang ?

Un album de docu-fiction sur Hergé et Tchang ne trouve pas d'éditeurLaurent Colonnier développe cette hypothèse : « Bruxelles 1934 : Georges, 27 ans, est dessinateur publicitaire et auteur d’histoires illustrées (on ne disait pas encore bande dessinée) dans le supplément pour enfants d’un quotidien catholique, le XXème siècle. Il est marié à Germaine, d’un an son aînée, mariage de raison plus que d’amour. Ils n’ont pas d’enfant. Apprenant que Georges va envoyer son héros de papier en Chine pour une nouvelle histoire, un abbé le met en garde. Il ne doit pas vexer ses étudiants chinois avec des lieux communs et des clichés. Pour l’aider dans sa documentation, il lui présente Tchang, étudiant en art de 26 ans."

Histoire connue mais il va encore plus loin dans son synopsis, insistant sur la « complicité amoureuse » qui se serait installée entre les deux hommes : « Entre les deux artistes va naître un profond sentiment. Dimanche après dimanche une relation de maître à élève va céder la place à une complicité amoureuse rendant Germaine jalouse, de balades au parc du cinquantenaire à Bruxelles ou à la campagne, une excursion à la mer, une virée au port d’Anvers dans une fumerie d’opium clandestine.
Mais Tchang est manipulé par Tong, son compagnon de chambre à l’université, communiste convaincu, qui entend bien appliquer le précepte chinois « Yang wei zhong yong » « utiliser les étrangers pour qu’ils servent la Chine ». Alors qu’en Chine Mao Zedong et l’armée rouge ont débuté la Longue Marche, à Bruxelles l’illustré pour enfants fait scandale auprès des autorités japonaises par ses positions et slogans anti-impérialistes. La bataille entre les services secrets japonais et le Komintern fait rage...
 »

Très documenté, l’album évoque les sources de l’oeuvre d’Hergé
Dans une interview auprès de Bernard Pivot, Hergé fait un lapsus entre "amour" et "amitié" qui se veut révélateur pour Laurent Colonnier

Voilà un biopic un peu sulfureux basé sur une documentation sérieuse d’après les pages que nous avons pu lire, comparable à celui sur Sarkozy, La Conquête, que l’on peut voir en salle actuellement, dans une tradition que Sfar utilise de façon plus fantaisiste dans les biographies de Pascin, Chagall ou Gainsbourg.

Sauf qu’ici, Laurent Colonnier n’a trouvé aucun éditeur pour publier son projet en dépit de nombreux compliments et parfois de réactions très négatives : « Certains m’ont même quasiment insulté devant mon audace qu’ils ont jugé scabreuse ou obscène » écrit le dessinateur.

Par peur d’un procès avec Moulinsart ? Sans aucun doute. Pourtant, à notre connaissance, rien dans la loi française n’interdirait cette fiction.
Décidément, Hergé et Tintin continuent d’entretenir les passions, ce qui constitue un phénomène en son genre.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

Le lien vers le projet de Laurent Colonnier

Toutes les illustrations sont (C) Laurent Colonnier

 
Participez à la discussion
15 Messages :
  • Je me permets de vous renvoyer à mon interview de Roger Faligot, spécialiste réputé de l’histoire des services secrets, auteur de l’étude Les services secrets chinois. Cet entretien est paru en avril 2008 dans le n°22 de la revue DBD et sur Auracan.com :
    [http://www.auracan.com/Indiscretions/161-roger-faligot-les-espions-chinois-et-l-enigme-du-lotus-bleu.html]

    Répondre à ce message

  • Voilà un album qui semble d’une facture intéressante et au sujet effectivement troublant. Je ne sais pas comment l’histoire évolue, mais il est vrai qu’une amitié sincère et profonde est une sorte d’amour. Cela ne veut pas dire que toute histoire d’amour soit obligatoirement charnelle. Et j’imagine très bien que tout éditeur qui respecte Hergé et son oeuvre puisse avoir des inquiétudes à s’associer à cette interprétation. Souvent déjà les gens ont tendance ;a interpréter la relation Tintin et Haddock est présentée sous un angle sulfureux,comme Batman et Robin etc. La plupart des observateurs oublient le contexte historique de ces histoires, qui ont été écrites à une époque où la censure était terrible. Les héros ne pouvaient pas toujours s’en sortir seuls, et pour créer une richesse littéraire il fallait bien aussi qu’il y est interaction entre plusieurs protagonistes. Or toute présence féminine était malheureusement souvent sévèrement jugée. Les auteurs ont donc créé des amis à leurs héros et interprété à la mode moderne ces amis sont souvent vus comme des amants. Mais dans le fond que Tintin ou Hergé aient eu des amants ou des maîtresses ne m’intéresse guère. Le travail d’Hergé est fascinant, sa vie privée ne regarde que lui. Pour en revenir à ce livre, si il montre une grande amitié entre deux hommes c’est bien. L’amour entre deux personnes est une chose à la fois merveilleuse et douloureuse. Mais si il nous montre des scènes d’intimité c’est effectivement déplacé et ce que ce soit deux hommes, deux femmes ou un homme et une femme. Laissons les humains réels vivre leurs vies ou respectons leurs mémoires. On peut écrire les mêmes choses avec des personnages de fiction, pourquoi vouloir modifier la vision que les gens ont de leurs héros alors que rien n’est vérifiable et que ça nous ne regarde pas.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Guerlain le 20 mai 2011 à  12:39 :

      oui, mais à vous lire, en tant que lecteur, vous vous arrogez pratiquement le droit de décider ce qui pourrait et ne pas être publié, alors que c’est le travail de l’éditeur. Le pouvoir du lecteur n’est pas de donner son avis à priori sur ce qui peut où ne peut pas être publié, mais simplement d’acheter ou non ce qui est publié. Et donner son avis sur ce qu’on a lu, évidement. Mais si certains accusent l’auteur de fantasmer sur la relation Tchang-Hergé, il me semblent tout autant fantasmer sr les fantasmes supposé de son auteur.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Patrick le 24 mai 2011 à  14:21 :

        Bien sûr, vous marquez un point, tout le monde a le droit d’écrire (ou dessiner) sur ce qu’il veut. La question est plutôt : doit on fantasmer publiquement sur la vie privée de personnages connus ? Personnellement l’amour, qu’il soit entre homme et femme, entre hommes ou entre femmes, je suis pour. Mais ce n’est pas aussi ouvert dans la tête de tout le monde et certaines révélations peuvent faire du tort aux personnes concernées et leur entourage. Par exemple la semaine dernière il y a eu tout un tapage sur Arnold Schwarzenegger, mais qu’il ait fait cette erreur n’enleve pas le mérite qu’il a eu en tant que culturiste ou star d’Hollywood. Par contre ça doit créer bien des soucis publics à toute sa famille. C’est peut être la part de jugement qui m’irrite, pas forcément celle de l’auteur que celle qu’elle fait naître dans l’esprit des lecteurs superficiels (ceux qui ne liront pas le livre mais vont en avoir entendu parler...). Enfin... j’avoue que c’est un sujet délicat et complexe, entre la liberté des uns et la liberté des autres.

        Répondre à ce message

        • Répondu par Sophia le 19 juillet 2011 à  01:53 :

          Mais Patrick vous comparez là la vie privée de personnes vivant actuellement, ce qui n’a rien à voir avec celles de personnes mortes depuis des années, c’est historique, comme celle de Molière ou Napoléon.

          Répondre à ce message

  • J’aime bien ce style élégant, c’est intrigant comme sujet. Sait-on pourquoi son éditeur la boite à bulle n’en veut pas ?

    Répondre à ce message

    • Répondu par Bakounine le 20 mai 2011 à  08:33 :

      Parce que les dialogues de la première page sont pas au point.

      Répondre à ce message

  • Hergé aimait Tchang ?
    FOUTAISE !
    Hergé n’a jamais aimé qu’une personne : lui-même !
    Par contre, il est vrai que si l’on lit attentivement ou plutôt se fait traduire toutes les inscriptions en chinois du "Lotus Bleu" on y trouve parfois des slogans anticapitalistes.
    Du reste Tchang était marié et père de quatre enfants , si il était gay, il cachait bien son jeu !
    Mais allez savoir avec les chinois...

    Répondre à ce message

    • Répondu le 20 mai 2011 à  18:43 :

      L’auteur de San Mao, Zhang Leping, démarre également sa carrière au début des années 30 (avec des cartoon et comics anti-imperialisme Japonais). Le cartoon était alors une arme éditoriale,publicitaire et politique. Hergé est peut-être alors plus proche d’un Jamin, d’un David Low, d’un Sennep ou d’un Zhang Leping que d’un Pinchon et sa semaine de Suzette.

      Répondre à ce message

    • Répondu par Ganyman le 25 mai 2011 à  16:23 :

      Oui, sauf que, à l’époque, à cause des préjugés sociaux, un homo restait souvent dans le placard et préférait se marier et former une famille pour ne pas éveiller les soupçons tout en menant une double vie avec un homme.

      De plus, la bisexualité aussi, ça existe...

      Répondre à ce message

      • Répondu par Flocon le 26 mai 2011 à  12:22 :

        Oui, mais si Tchang était Gay, il devait aimer souffrir : une femme , un long mariage et quatre gosses ; à ce titre il lui aurait été moins pénible de rester célibataire ou de faire un mariage blanc et hergé fut marié deux fois tout en entretenant parrallèlement des aventures extraconjuguales (selon J Martin, père d’alix)avec des collaboratrices des studios Hergé et ceci sans oublier les scènes de ménage de Germaine, lorsque Hergé divorca pour épouser Fanny.
        Pour des Gays, ils avaient quand même vraiment fait beaucoup pour cacher leur jeu.
        Enfin il ne faut pas trop croire en cette amitié/amour fantasmé par Hergé ;quand lui et Tchang se sont retrouvés en 1982, ils n’avaient visiblement plus rien à se dire.

        Répondre à ce message

        • Répondu par Kiesling le 27 mai 2011 à  09:56 :

          Mais rien ne semble dire qu’il y a homosexualité dans cette histoire, on parle de "sentiment", de plus le terme "gay" n’existe que depuis récemment, vous êtes anachronique, et comme dit Ganyman "la bisexualité aussi, ça existe".

          Répondre à ce message

  • On apprend le vol d’un exemplaire rare de l’album Le Crabe aux Pinces d’Or à la salle des ventes Rops à Namur en Belgique. Estimé à plusieurs milliers d’euros, un appel à témoins a été lancé le système de vidéo ayant pu enregistrer une image claire du présumé voleur et de la femme qui l’accompagnait.
    http://www.neuvieme-art.com/actu/tintin-vol-crabe-aux-pinces-d-or-herge-rops-encheres-1177?utm_term=BD+Bande+dessin%C3%A9e+manga+comics&utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter

    Répondre à ce message

  • Selon wartmag cette BD va sortir en octobre chez 12bis, ils font même référence à cet article.
    http://www.wartmag.com/?p=11707
    Ce n’est plus en couleur, dommage.

    Répondre à ce message

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
A LIRE AUSSI  
Actualité  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD