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Un amour de Schtroumpf

Par Charles-Louis Detournay le 5 avril 2014                      Lien  
La sortie du 32e album des Schtroumpfs nous donne l'occasion d'aller visiter le Studio Peyo pour mieux comprendre comment est gérée une des licences les plus rentables issues de la bande dessinée.

On a parfois tendance à l’oublier, mais les Schtroumpfs représentent sans doute l’une des plus grosses licences issues de la BD francophone. Si les origines de papier des lutins bleus ne font aucun doute pour les francophones, bien des pays raides dingues des créatures de Peyo ignorent totalement leurs aventures en 2D.

La sortie du trente-deuxième tome des Schtroumpfs nous permet donc de nous intéresser à la gestion assez particulière de ce succès ininterrompu depuis près de 60 ans. En effet, le studio Peyo coordonne et corrige tous les graphismes des licences dont sa société-mère I.M.P.S. cède les licences, en 2D ou 3D, afin que le rendu final corresponde parfaitement à la forme et à l’esprit initial. Qu’il s’agisse d’imprimer un Schtroumpf sur un mug ou de réaliser une animation 3D pour une publicité, il n’y a pas de place pour l’approximation. Et lorsqu’on regarde l’immense hangar qui abrite les échantillons de tout ce qui estampillé “Schtroumpf” au cours d’une seule année, il y a de quoi donner le tournis !

Un amour de Schtroumpf
Des millions d’objets ont été tirés de la licence.
Photo : CL Detournay

Bien entendu, les films ont fortement contribué à étendre et à consolider la renommée des personnages, mais la famille Culliford (les enfants du créateur des Schtroumpfs) désire avant tout faire vivre l’univers de Peyo, et continuer à réaliser des aventures de bande dessinée. Alors que Véronique Culliford se destine plutôt aux partenariats internationaux, son frère Thierry Culliford, se concentre davantage sur les scénarios et les bandes dessinées. Toute une équipe l’assiste à cette fin, depuis longtemps : ainsi, Jeroen de Coninck & Alain Jost qui cosignent cette nouvelle aventure faisaient déjà partie du studio lorsque Peyo était encore à la manœuvre.

Thierry Culliford : "Les Schtroumpfs sont un microcosme qui caricature notre société"
Photo : CL Detournay

L’Amour Sorcier

"Les Schtroumpfs sont un microcosme qui caricature notre société, nous explique Thierry Culliford. Sans être systématique, il est toujours amusant de transposer un phénomène de société dans un album, sans oublier d’y mettre de l’aventure et d’autres éléments qui font le sel de la bande dessinée. L’observation de ma mère lisant la presse people a été le déclencheur du "Schtroumpf Reporter". Concernant "L’Amour Sorcier", j’avais été interpellé âr le temps que passent mes enfants sur Internet, en s’inventant parfois des profils plus ou moins fantaisistes sur des sites de rencontres. D’un autre côté, certains de mes amis employaient les mêmes moyens (une photo un peu retouchée avec un CV à moitié inventé), consacrant plus de temps à leur relation virtuelle qu’à se rencontrer naturellement. Là, je me suis dit : Et si Gargamel tombait amoureux ? Bien entendu, ceci n’était que le départ de l’histoire. Il fallait que les Schtroumpfs interviennent à toutes les pages du récit : persuadés qu’une romance de leur pire ennemi l’éloignerait de leur village, ils vont l’aider dans son entreprise..."

Les clins d’oeil aux adultes ne manquent pas dans l’univers de Schtroumpfs.

Les Schtroumpfs et l’amour sorcier imagine donc une collaboration entre les éternels rivaux. Si le suspense n’est guère déterminant (on se doute bien qu’in fine, Gargamel reprendra son éternelle chasse aux Schtroumpfs), les multiples clins d’œil qui parsèment l’album feront rire et sourire le large public des aficionados des petits hommes bleus. On notera la présence d’un grand nombre de personnages humains secondaires dont la propre mère de Gargamel qui y fait une apparition très remarquée : "Cette maman était déjà intervenue fugacement dans un dessin animé qui représentait Gargamel bébé, explique le scénariste Alain Jost. Mais cette apparition se faisait de dos. Nous avons pu imaginer un profil qui corresponde à ce qu’on peut attendre d’elle : attentionnée mais assez caractéristique !"

L’album est réussi graphiquement parlant. Après plus de vingt années à dessiner les Schtroumpfs, Jeroen De Coninck réalise un parcours sans faute. Il n’est pourtant pas courant de voir Gargamel prendre des attitudes sentimentales. "J’ai demandé à un de nos collaborateurs de prendre la pose, explique le dessinateur. Il faut dire que, d’un certain côté, il fait un peu penser à Gargamel !"

Les Schtroumpfs et l'amour sorcier - Par Peyo.

"Nous ne nous sentons pas obligés de réaliser un album des Schtroumpfs par an, explique Thierry Culliford. Mais le public l’attend et l’accueille toujours avec passion. Et je désire, pour prolonger l’esprit et la volonté de mon père, que les Schtroumpfs continuent à vivre en bande dessinée, alors que ce n’est pas le cas de tous les héritages dans ce domaine. Concernant les différents formats de leurs aventures : les gags, livres-jeux, contes, etc., ce sont les éditeurs qui viennent nous trouver avec des demandes précises, que nous honorons. Mais je reste attaché au format de 44 planches."

Thierry Culliford, entouré des Schtroumpfs, sous le portrait bienveillant de son père.
Photo : CL Detournay

Benoît Brisefer et les films issus de l’univers de Peyo

Ainsi que nous l’annoncions, le troisième film des Schtroumpfs ne se déroulera pas à Londres, mais reviendra au cœur du village. Thierry Culliford nous en explique les raisons : "Oui, le troisième film sera un retour en sources, entièrement en animation et se déroulera uniquement dans le microcosme des Schtroumpfs, sans implication humaine. Il sera sans doute plus proche de la bande dessinée ou des dessins animés télévisuels. Beaucoup de pays ne connaissaient pas les personnages, je veux pouvoir exploiter l’univers de départ. Il était dommage de ne l’avoir exploité que dans les dix minutes du premier film."

L’univers de Peyo au cinéma ne se limitera d’ailleurs pas qu’aux Schtroumpfs car, dès le 17 décembre prochain, sortira sur nos écrans l’adaptation d’un autre "petit" héros de Peyo, Benoît Brisefer, avec l’adaptation d’une des ses plus célèbres aventures : Les Taxis rouges. On retrouve d’ailleurs en bonus, un teasing des premières pages de cette aventures à la fin de l’album Les Schtroumpfs et l’amour sorcier.

L'affiche du film Benoît Brisefer, avec notamment Gérard Jugnot et Jean Reno dans le casting. <br>Sortie prévue le 17 décembre 2014

"Je désire faire vivre l’entièreté de l’œuvre de mon père. Nous avions prolongé les aventures de papier de Johan et Pirlouit et de Benoît Brisefer, notamment avec Yvan Delporte. Nous étions donc ravis de cette proposition de transposer l’univers de ce personnage au cinéma. Et nous allons en profiter pour publier une nouvelle aventure de notre jeune héros, qui sera dessinée par Pascal Garray. Il s’agira d’une aventure en Afrique noire où nous retrouverons toute les personnages bien connus de cette série. Il y aura également un ou deux clins d’œil à Franquin, car ses albums sont magnifiques et incontournables !"

Une partie seulement de tout ce qui a été publié avec les Schtroumpfs...
Photo : CL Detournay

(par Charles-Louis Detournay)

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2 Messages :
  • Un amour de Schtroumpf
    5 avril 2014 21:45

    L’observation de ma mère lire la presse people a été le déclencheur du "Schtroumpf Reporter"

    Je n’ai pas compris la phrase. C’est un belgicisme ?

    Répondre à ce message

    • Répondu par Charles-Louis Detournay le 6 avril 2014 à  07:57 :

      Merci, c’est corrigé !

      Répondre à ce message

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