Un documentaire sur Franquin, le 29 mai sur France 5

On peut s’interroger sur la méconnaissance par le grand public de l’ensemble de l’œuvre de Franquin. Le plus souvent, les gens n’associent pas Spirou et Fantasio, ou même Gaston Lagaffe au nom de ce dessinateur qui est considéré par nombre de bédéphiles comme LE Maître. Le réalisateur explique sa méthode pour corriger cette anomalie : « Ce documentaire - au-delà de son sujet - est pour moi un pari : celui de réaliser un film à regarder comme l’on parcourt un album. Un vrai film BD utilisant tous les moyens infographiques et 3D pour imprégner l’écran du génie graphique de Franquin  ».

Les auteurs du documentaire ont décidé de suivre la chronologie de l’œuvre de Franquin. Ainsi, on y apprendra que Spirou évoque le désir fondamental du dessinateur d’apporter un maximum de mouvement à son dessin, comme dans les dessins animés qu’il admire.

Gaston Lagaffe occupe, bien sûr, une place importante dans ce film. La mise en scène de ce héros sans emploi et paresseux porte le sens du gag à des sommets que peu de gens ont gravi à la suite de Franquin (et de son complice, Yvan Delporte).

Enfin, Laurent Boileau et Eric Verhoest traitent également des autres aspects de l’oeuvre du dessinateur de Spirou et Fantasio et de Gaston, notamment Modeste & Pompon, Les Idées Noires et le Trombone Illustré, ou encore les Tifous.

Le document a également recueilli le témoignage, imagé et pittoresque, d’Yvan Delporte, ancien rédacteur en chef de Spirou et complice -scénariste- fidèle de Franquin,Batem (le dessinateur du Marsupilami), Jannin (Les Aventures d’Ernest Ringard), Gotlib (ami de Franquin, créateur de Fluide Glacial et éditeur des Idées Noires), et enfin de Bernard Yslaire, l’auteur de (Sambre).

Le documentaire est truffé d’interviews d’archives d’André Franquin (pour la plupart inédites), où l’auteur y analyse son travail. Il dit notamment : « Je suis totalement dénué d’ambition, être traité d’artiste, de maître, cela m’épouvanterait. Je ne veux pas du tout passer à la postérité... Mais si dans 100 ou 50 ans quelqu’un trouve dans un grenier un album de Gaston et s’il lui arrive encore de sourire, je ne serai pas content parce que je ne serai pas là pour le voir, mais enfin c’est tout ce que je désire. »

Aurait-il cru un jour, lui qui était si modeste, que Paris lui consacrerait la plus importante exposition jamais accordée à un auteur de BD dans la Ville-Lumière et que fans, exégètes, journalistes, et autres admirateurs s’y presseraient ? Neuf ans après son décès, Franquin donne encore beaucoup de bonheur à ses lecteurs.