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Un héros invincible, une épée légendaire, un culte démoniaque, une quête épique : Forgotten Blade !

Par Jaime Bonkowski de Passos le 19 avril 2023                      Lien  
Tuer un dieu, rien que ça. Pour Ruza "Le Crasseux", un guerrier invincible maniant une épée légendaire, c'est probablement la dernière quête un peu palpitante qu'il lui reste à accomplir pour enfin retrouver le frisson du combat et du danger. Tze Chun et Toni Fejzula nous offrent une épopée épique dans un monde de violence et de fanatisme, pour un pur concentré de violence et de kiff.

Au Royaume des Cinq Rivières, Ruza, dit "Le Crasseux" (on ne choisit pas son surnom), est un guerrier célèbre pour sa puissance, à la réputation d’être purement invincible. Maître d’une épée légendaire, il peine à trouver un adversaire à sa taille, et l’ennui l’envahit chaque jour un peu plus.

Jusqu’à ce qu’il croise la route de Noa, une chamane lancée dans une quête de vengeance qui parvient à le convaincre de se joindre à elle. Ensemble, ils partent à l’assaut du dernier adversaire à la mesure du Crasseux : le Patriarche, Créateur de toutes choses. Seuls face à son culte, l’Inquisition, la tâche ne sera pas aisée...

Un héros invincible, une épée légendaire, un culte démoniaque, une quête épique : Forgotten Blade !

Déicide épique

Un héros invincible, une épée légendaire, un culte démoniaque, une quête épique : Forgotten Blade fleure bon l’Heroic-Fantasy des années Weird tales et Conan le barbare. Une histoire classique et efficace portée par des personnages héraldiques, un rythme effréné dans un univers démesuré : on a affaire à une véritable capsule temporelle qui nous renvoie aux débuts glorieux de la fantasy.

Le style de Toni Fejzula fait pas mal écho à la liberté induite par le registre de l’histoire : il ne s’embarrasse pas des bordures de cases dans son découpage, les vignettes semblent flotter sur les pages et son dessin coloré parfois presque symbolique (j’insiste sur le "presque", on reste dans du figuratif) contribue à inscrire le récit littéralement hors du temps et de l’espace.

Une guerre contre le temps et l’espace, contre Tout en fait, c’est d’ailleurs précisément ce qui anime les personnages, lancés dans une quête absurde et héroïque contre ce qui est censé être le Créateur de toute chose. Comme toujours avec ce type d’intrigue, leur croisade lèvera le voile sur des mystères, des complots et des mensonges qui ébranleront les fondements même du monde.

En fait, on devine assez aisément les grandes étapes du déroulement de l’histoire, mais c’est précisément pour cette raison que le titre séduit : on est dans une zone de confort qu’on décide de lire non pas pour être surpris, mais pour retrouver les codes et les références d’un genre bien précis. Si on en est client, aucun doute que Forgotten Blade fera mouche car le titre est bourré de bonnes qualités tant dans son histoire que dans son esthétique. Mais il s’adresse résolument aux amateurs acharnés de fantasy, et peinera sans doute un peu plus à convaincre les lassés du genre.

Reste que l’album, dans son grand format et avec sa couverture rigide, en impose et traduit un impressionnant travail éditorial comme autorial. Tze Chun, le scénariste, est surtout connu pour son travail à la télévision sur des séries comme Gotham ou Once Upon a Time, mais il démontre une belle aisance dans la construction de son histoire, reprenant ses qualités de showrunner au service de la BD notamment au niveau du rythme et des dialogues, très "natures" et parlés. Toni Fejzula, au dessin, s’est aussi rendu célèbre par la TV et l’animation et a travaillé pour Dark Horse notamment, il connaît donc son affaire.

La synergie entre les deux auteurs est évidente, et on devine surtout qu’ils se sont tout simplement éclatés sur ce projet, une passion qui transpire à chaque page.

Enfin pour Ankama, il s’agit d’une "grosse" sortie de 2023, en témoigne l’importante campagne de promotion autour du titre et le soin apporté à l’édition. Comme dit, la couverture rigide et les effets de fabrication sont du plus bel effet pour un prix plus que raisonnable vu la pagination, le papier et l’impression qui sont dans le très haut du panier, bref : rien de bien négatif à souligner à ce niveau-là.

Pour résumer en deux mots, Forgotten Blade est un titre solide et efficace qui n’aura aucun mal à séduire les fans de fantasy "à l’ancienne". L’offre est plutôt rare sur ce créneau en ce moment et dans ce format, le titre en est d’autant plus appréciable. Mais hors de ce champ précis, l’album aura peut-être un peu plus de mal à convaincre, en dépit de ses qualités bien réelles.

Du côté de votre serviteur c’est un grand OUI mais que voulez-vous, dès qu’on touche aux guerriers légendaires et aux quêtes épiques, je suis facile à conquérir...

(par Jaime Bonkowski de Passos)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9791033517306

"Forgotten Blade" - par Tze Chun & Toni Fejzula - Ankama - 10/03/2023 - 176 pages - 22€90.

Ankama ✍ Tze Chun ✏️ Toni Fejzula Heroic Fantasy
 
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3 Messages :
  • C’est marrant, des tas de gens adorent dire du mal du dessin des uns et des autres ici, en prétendant savoir ce qu’est le "beau dessin" et en faisant de ses goûts personnels des vérités incontestables. Mais pour dire du bien, il y a toujours moins de volontaires. A titre strictement personnel, j’admire et je suis attentivement la carrière du dessinateur serbe Toni Fejzula, aussi à l’aise sur le drame politique et le roman graphique (l’excellent Patria, paru en 2021) que sur les comics, comme celui-ci.

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    • Répondu par Jaime Bonkowski de Passos le 20 avril 2023 à  15:00 :

      Assez d’accord sur le fond, et effectivement Fejzula est un maître, dont le talent est évident sur Forgotten Blade. Et je crois qu’il ne faut jamais être réticent dans l’éloge, alors j’essaie toujours de l’inclure dans mes textes quand j’ai apprécié un trait, comme ici.

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      • Répondu le 20 avril 2023 à  20:32 :

        Les gens ici disent du mal parce qu’il y a beaucoup de jaloux, et des auteurs plus tout jeunes qui se sentent dépassés par les jeunes générations. Il y a aussi des jeunes qui sont vieux dans leurs têtes. C’est vrai que ce dessinateur serbe est vraiment très bon.

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