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Un nouveau Tintin - Le vrai-faux bluff de Monsieur Rodwell

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 7 janvier 2014                      Lien  
Comment Nick Rodwell, le grand timonier de Moulinsart, est en train de préparer l'opinion à recevoir un nouveau Tintin, en dépit du pacte que son épouse Fanny, seconde épouse et légataire universelle d'Hergé, s'est employée à respecter jusqu'ici.

Le 6 décembre dernier, Frédéric Taddéi invitait sur son plateau rien moins que Nick Rodwell, le patron de Moulinsart et grand ordonnateur de l’exploitation des droits de Tintin. Le thème de l’émission ? «  Tintin, Astérix, James Bond, Yves Saint Laurent : y-a-t-il une vie après la mort du créateur ? »

La chose est assez rare : échaudé par des expériences médiatiques un peu calamiteuses, soucieux ces derniers mois à ne pas perturber la promo de l’adaptation cinématographique de Tintin par Spielberg & Jackson, peu désireux aussi d’avoir à se justifier sur une défaite juridique qui autorisait les parodies de Tintin, Rodwell s’était mis quelque peu en retrait de la scène médiatique. Et voilà que le "diable" ressort de sa boîte ? Que cela cache-t-il ? Quels sont les éléments déclencheurs de ce retour ?

Un nouveau Tintin - Le vrai-faux bluff de Monsieur Rodwell
"Tintin et moi" de Numa Sadou (1975), l’entretien qui contrarie Nick Rodwell.
Ed. Casterman

Rappelons que Nick Rodwell a épousé en 1993 Fanny Remi-Vlamynck , la légataire universelle de l’œuvre d’Hergé. Il est l’administrateur de la société Moulinsart qui exploite commercialement les droits de Tintin. Outre le Musée Hergé qu’il a bâti sur les fonds propres de son épouse, il a réussi le pari incroyable de faire porter Tintin à l’écran à Hollywood par deux des tycoons les plus puissants de la machine cinématographique américaine Steven Spielberg et Peter Jackson. Le réalisateur du Seigneur des Anneaux programmerait la sortie du deuxième volet pour 2015...

Les conditions industrielles sont réunies

Ces dernières années, entre Rodwell et Casterman, c’était plutôt la guerre des tranchées version Tardi. Il aurait bien voulu récupérer le contrat de Tintin sur lequel Casterman campait avec détermination mais il n’y est jamais parvenu.

Or, récemment, l’atmosphère entre Casterman et Moulinsart s’est réchauffée. Il faut y voir le travail de Benoît Mouchart et l’arrivée de Gallimard à la tête de Casterman, mais aussi une courbe rentrante de Nick Rodwell qui a fini par prendre la mesure de la difficulté de gérer la chose éditoriale, même avec un éditeur aussi talentueux que Didier Platteau à la manœuvre aux éditions Moulinsart.

Les deux maisons annoncent même un principe de coédition autour des Cigares du Pharaon et d’éditions enrichies des Sept Boules de cristal et du Temple du Soleil, en attendant d’autres projets autour de l’œuvre de Hergé. De là à ce que le label Moulinsart passe purement et simplement sous la houlette de Casterman ? C’est bien possible car, depuis quelques années, après sa rupture avec la diffusion de Flammarion, le label de l’avenue Louise se retrouvait sans diffuseur...

Préparer l’opinion

Le deuxième déclencheur a été la décision prise par Albert Uderzo de laisser Astérix vivre de nouvelles aventures sous un autre crayon que le sien. Le nouvel album était à peine paru que Nick Rodwell annonçait la publication d’un nouveau Tintin en... 2052, afin de "protéger les droits d’Hergé" l’année précédent l’entrée de son œuvre dans le domaine public, c’est à dire disponible gratuitement à qui voudrait la diffuser...

Coup de bluff opportuniste ? Pas sûr. Dans une émission parfaitement complaisante où Frédéric Taddéï avait pris soin d’entourer Nick Rodwell d’intervenants fort peu critiques, l’homme d’affaires anglais laisse planer le doute.

Outre l’avocate de Moulinsart Me Florence Watrin, que la production a bien évité de présenter sous cette qualité, il y avait Gabriel Mazneff, écrivain dont l’amitié pour Hergé était bien connue, Alexandre Astier, homme de télévision dont les bandes dessinées sont publiées par Casterman, Frank Bondoux, directeur du FIBD, qui venait annoncer qu’il se mettait au service de la communication de Moulinsart lors de son prochain festival. En face, des juristes qui se sont vite noyés dans les détails juridiques, Émile Bravo, venu parler d’un personnage qui ne lui appartient pas, et Patrick Poivre d’Arvor qui est le seul à avoir posé la bonne question : "qu’est-ce Monsieur Rodwell nous mijote" ?

La "promesse" à Sadoul

La réponse a été filandreuse à souhait : Albert Uderzo, avançait-il en substance, n’est pas lié à une profession de foi adressée par Hergé à Numa Sadoul dans Tintin et moi, la célèbre interview publiée par Casterman en 1975 dans laquelle Hergé affirmait qu’il n’y aurait plus de Tintin après lui.

Or, c’est faux. Albert Uderzo, à plusieurs reprises, a affirmé qu’il n’y aurait plus d’Astérix après lui... avant de changer d’avis. Il avait en effet oublié que quelqu’un d’autre avait son mot à dire dans cette histoire : Anne Goscinny, l’héritière du scénariste du Gaulois. Cette dernière pensait, au contraire, qu’il était utile de prolonger la vie du personnage, de "ne pas exterminer le village"...

En 1934, Casterman publiait pour la première fois Tintin. Une édition anniversaire verra le jour en 2014.
Ed. Casterman

Rien, techniquement, n’empêche Fanny Rodwell de revenir sur la décision de son premier époux. C’est sa prérogative d’ayant-droit. Un nouveau Tintin n’enlèverait rien au Tintin d’Hergé, comme Astérix chez les Pictes n’enlève rien aux Astérix dessinés par Uderzo. Blake & Mortimer ou celui de Boule & Bill le démontrent : il y a aujourd’hui des graphistes assez habiles pour s’inscrire dans le sillage de n’importe quel dessinateur.

Reste la question du scénario : à qui le confier ? C’est un vrai challenge. Mais là encore, les scénaristes d’Hollywood ont montré que tout était possible. Il suffit de recueillir les projets et de faire un bon choix de script. Peut-être même que l’imaginatif Nick Rodwell se verrait bien au pupitre...

Il est clair en tout cas que cette question n’arrive pas là pour rien et que la probabilité de voir arriver un nouveau Tintin dans les prochaines années se rapproche de plus en plus, bien avant 2052.

Qu’en pensent nos lecteurs ?

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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35 Messages :
  • Un nouveau Tintin - Le vrai-faux bluff de Monsieur Rodwell
    7 janvier 2014 14:42, par Jacques Langlois

    Mon humble avis est connu : c’est encore et toujours non à un nouvel album. Pour ceux que ça intéresse, je l’ai développé sur le site lesgrandsdebats.fr, ...à côté de Numa Sadoul et d’un certain ...Didier Pasamonik, entre autres.
    Quant à l’argument des "scénaristes d’Hollywood" qui se seraient montrés capables de concocter une nouvelle histoire, ils n’ont à ce jour réalisé qu’un hablle mélange de trois albums d’Hergé : "Le Crabe", "Le secret de la Licorne" et "Le Trésor de Rackham". Ce n’est pas tout à fait la même chose, non ?

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 7 janvier 2014 à  15:16 :

      Ce n’est pas tout à fait la même chose, non ?

      De transposer un livre à l’écran et en faire un "blockbuster", non, ce n’est pas la même chose...

      Cela dit, cette manœuvre conjointe entre Moulinsart et Casterman me semble claire comme de l’eau de roche.

      Et comme le dit bien mon article sur Les Grands Débats, la non-continuation est plutôt une exception dans l’histoire de la BD.

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      • Répondu par Jacques Langlois le 7 janvier 2014 à  16:52 :

        Non pas de transposer un livre à l’écran, comme ils l’ont fait (pas si mal), mais bien d’inventer une nouvelle aventure de Tintin, voila qui, à mes yeux, n’est pas du tout la même chose.
        Autre parallèle discutable : tu rappelles à juste titre que Uderzo avait choisi de dire comme Hergé qu’à sa mort, ses héros ne connaîtraient plus d’autres aventures, mais tu expliques qu’il a ensuite changé d’avis sous la pression d’Anne Goscinny (...et sans doute plus encore de Hachette). Hergé, lui, n’a jamais changé d’avis : ceux qui décideraient demain - Rodwell, Moulinsart, Casterman, peu importe qui serait à la manoeuvre et quand- de parrainer un nouveau Tintin le feraient bel et bien en violation de sa décision maintes fois réitérée depuis 1971 ! Et rien ne le justifierait vraiment sinon l’appât du gain (je me suis laissé dire que les ventes Tintin ont été particulièrement faibles en 2013...)

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        • Répondu par Jicéji le 12 janvier 2014 à  07:51 :

          Faire reprendre Tintin par un dessinateur (et un scénariste !) et lui faire vivre de nouvelles aventures serait bafouer la volonté d’Hergé.
          Depuis la sortie du films de Spielberg, une très mauvaise habitude a été prise : celle de faire parler Hergé alors qu’il n’est plus là..... Combien de fois n’a-t-on pas lu : "Hergé aurait aimé cette adaptation" dans les faits, personne n’en sait rien ! De cette habitude a découlé une nouvelle affirmation : "dans l’état actuel des choses, Hergé aurait sans doute changé d’avis", ici encore, personne ne le sait...
          Les spécificités de cette œuvre sont telles que jamais personne ne pourra faire vivre Tintin dans le média bande-dessinée. Tout au plus, un film sur la base d’un scénario inédit pourrait être envisagé puisqu’Hergé lui-même en avait autorisé le principe de son vivant.
          Le projet de Moulinsart soulève plusieurs interrogations que je soumets à la sagacité de tous. D’aucuns diront que poser ces questions c’est déjà y répondre...

          1) d’un point de vue juridique, la sortie d’un nouveau Tintin empêcherait-elle les premiers albums d’Hergé de tomber dans le domaine public le 1er janvier 2053 ?
          Dès lors, l’argument de protéger l’œuvre tient-il la route ?

          2)le premier volet de l’adaptation de Spielberg est loin d’être un "flop" financier. Cependant, les bailleurs (américains) des fonds étaient déçu du "return on investment". Ceci au point d’avoir entretenu longtemps le doute au sujet de la poursuite du contrat... Et si la sortie d’un nouvel album faisait partie d’un "deal" plus global ? D’un plan marketing beaucoup plus large avec Spielberg et son équipe afin que les chances de multiplier le succès de la sortie du deuxième volet (d’où l’intervention de l’équipe de Spielberg dans ce futur opus)et de convaincre les financier américains ?

          Croyez-moi, ce qui a été lancé comme une boutade est dans les faits, un projet déjà minutieusement engagé et les sondages n’y changeront rien.... Il suffira d’interpréter les chiffres afin de leur faire dire ce que les ayants-droit voudront leur faire dire.
          Ceci dit, il faut bien avouer que cela a plutôt bien fonctionné dans les médias, qui je trouve sont devenus soudain très complaisants avec Moulinsart...

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        • Répondu par GRIGNAN le 29 mars 2014 à  19:13 :

          " Et rien ne le justifierait vraiment sinon l’appât du gain " ( Langlois} )

          ------------------
          Qu’elle horreur !.. Objectif « thunes ! Et alors !
          Mais par quoi étaient obnubilés Casterman et Hergé en ces années 40 où Spirou commençait à leur grignoter de la notoriété et des parts de marché .
          Qu’elle différence fondamentale avec 2014 sur ce plan économique .
          L’intérêt pour Tintin décroît à vitesse exponentielle …Autrement plus vite que sa fusée de 1953.

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    • Répondu par GRIGNAN le 30 mars 2014 à  00:07 :

      "A Numa Sadoul dans "Tintin et moi" , la célèbre interview publiée par Casterman en 1975 dans laquelle Hergé affirmait qu’il n’y aurait plus de Tintin après lui"
      --------------------

      Hergé n’a t-il pas exactement dit qu’il ne "souhaitait pas" que Tintin lui survive ?
      Certes , il n’a jamais changé d’avis de 1971 à 1983 . Décision " maintes fois réitérée"...? Pas trop quand même .

      Il n’a toutefois jamais enjoint son héritière à faire du Rodwell judiciaire avant la lettre , ...au cas où .

      Faut - il alors lui décerner un label d’imbécilité post mortem en affirmant qu’il n’aurait jamais changé d’avis ?

      Sans atteindre celles des années 50 / 60 , la notoriété et les ventes de Tintin avaient encore fière allure dans les années 70 .
      C’est plutôt Hergé qui était à la traîne des "fans" demandeurs d’album nouveau .
      Une possible baisse d’audience de son héros ne lui effleurait pas l’esprit .. Et encore moins , dès lors que la maladie se fut déclarée . Tout devient futile lorsque la vie s’étiole .
      Prétons lui seulement 10 années supplémentaires ...
      Il a d’abord dessiné pour les enfants .
      Cet éternel ado rêvant s’est , tel un marionnettiste , projeté 22 ou 23 fois pour eux et rien que pour eux au travers des aventures .
      Ce qui en revanche l’eût probablement offusqué à partir de 1990 , c’est le " marchandage " éffréné et préfabriqué autour de ses créations .
      Ses "enfants" européens s’y sont vus de moins en moins conviés , voire jamais vus concernés faute de moyens .
      L’exégèse livresque évoque bien sa relation à l’argent ...Après guerre quand sa notoriété fut établie .

      A un coup de crayon dorénavant moins performant , se serait peut - être substitué un parrainage progressif pour quelque dessinateur ayant fait ses preuves au travers de quelque "pirate".
      D’ailleurs , après le "tout fait main" de ses albums du début , puis les diverses délégations faites à certains de ses collaborateurs pour quelques autres , Hergé ne cheminait -il pas vers une succession désignée ?

      Tel chaque grand-père désireux de transmettre un peu de soi ,il aurait probablement réalisé que ses scénarii élaborés parallèlement à l’histoire du monde , n’avaient pas vocation à susciter un intérêt éternel .
      Voyez ce qu’il en est maintenant .
      On a plus un Lotus ou un Tibet pour faire du chiffre d’affaire débridé ...en Asie .
      Quant à Spielberg et son cinéma , nos gamins l’ont déjà mis au rencard .
      Le consultant de Sadoul qu’Hergé fut en 1971 ( 64 ans , honoré partout et en bonne santé ..même si ) lui aurait probablement paru cynique et egocentriste vers 1990 .
      En corollaire , je trouve également égoïstes ceux qui veulent aussi emmener " leur " Tintin dans la tombe .
      Avoir été du 1° ou 2° cercle de ceux ayant cotoyé Hergé n’oblige pas à confisquer Tintin & Co , en nous jouant l’Ouverture du Testament ou " Hergé chez le notaire" .
      Croyez - vous qu’Hergé se réjouirait de voir ce qu’il..ce que Tintin n’est plus , aux yeux des enfants .

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  • Un nouveau Tintin - Le vrai-faux bluff de Monsieur Rodwell
    7 janvier 2014 14:58, par Sébastien

    Quelle motivation autre que l’appât du gain régit M. Rodwell ? Il y a une différence entre dire "nous sommes prêts à étudier des propositions de poursuite" et "nous allons en piloter une qui corresponde parfaitement au canon et aux exigences éditoriales des gardiens de la mémoire".

    Personnellement, après Trondheim qui dit avoir déjà dessiné son Tintin pour 2052, l’idée d’un Tintin "vu par" me semblerait vraiment chouette même si très improbable.

    Et qu’en pense Tintin lui-même d’après vous ?...

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 7 janvier 2014 à  15:20 :

      Quelle motivation autre que l’appât du gain régit M. Rodwell ?

      Je pense qu’un gars qui a investi autant d’argent dans un musée, jusqu’ici à perte, ne correspond pas à cette définition.

      Personnellement, après Trondheim qui dit avoir déjà dessiné son Tintin pour 2052, l’idée d’un Tintin "vu par" me semblerait vraiment chouette même si très improbable.

      Pourquoi pas en effet.

      Et qu’en pense Tintin lui-même d’après vous ?...

      Vous en êtes encore à confondre fiction et réalité ? Que le grand cric me croque, vous risquez de vous perdre !

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      • Répondu par Jacques Langlois le 7 janvier 2014 à  16:55 :

        Ce n’est pas Nick qui a investi 15 millions d’euros dans le Musée Hergé, mais Fanny, qui a imposé le projet envers et contre beaucoup...

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        • Répondu par zmylpat007 le 7 janvier 2014 à  23:29 :

          J’allais le préciser, cher Jacques !
          Ceci dit, toute cette opération est bien la preuve, je le répète vis-à-vis des tintinophiles sourds, bornés et ne voyant pas plus loin que le bout de leur nez (et qui donc "se trompent de colère"), que Nick Rodwell a soif non pas de fric, mais de contrôle et de pouvoir (ce qui n’est pas forcément toujours mieux).
          Et pour finir, je le répète (et je l’avais déjà fait ici-même il y a un an) : Tintin tombera dans le domaine public non pas le 4 mars 2053, mais le 1er janvier 2054 !!!

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  • Un nouveau Tintin - Le vrai-faux bluff de Monsieur Rodwell
    7 janvier 2014 15:22, par Nicolas Anspach

    Quel formidable coup de pub (gratuit) de Nick Rodwell et Benoît Mouchart
    ... Histoire de faire parler de Tintin, en pleine déferlante Astérix. Certaines personnes ont relayé une non-information. Un Tintin en 2052, un an avant qu’il ne soit libre de droit ? ... Et alors !
    A vrai dire, je suis plutôt épaté par la manœuvre.

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  • Tintin c’est génial. Chaque album a son intensité sa profondeur, son rythme. Pas un n’est a jeter. On s’en souvient d’autant mieux qu’on ne croule pas sous les albums, 22-23 reste par rapport à certaines séries qui s’étirent un bon nombre.
    Si l’œuvre est géniale elle correspond aussi à une vie. Je sais bien que le premier albums ont été redessiné par la suite mais on peut voir une progression dans Tintin. D’aventures assez naïves au départ on entre dans des sujets plus sérieux avec le trafic de drogue dans "Le crabe au Pinces d’Or", des aspects plus techniques avec on a marché sur la lune, des histoires plus politiques de "Coke en Stock" jusqu’aux Piccaros. Il y a une évolution dans le personnage de Tintin qui tout en restant un jeune homme sympatique se confronte à milieu plus réaliste il me semble.
    Pour moi cela résume la vie d’Hergé. S’il a traité certains sujets à un moment et pas d’autres c’est aussi parce qu’en tant qu’auteur il s’en est jugé capable. L’évolution de Tintin accompagne le parcours d’un auteur, celui de l’évolution de la société à son époque et celui de l’évolution de la bande dessinée et des sujets traités.
    Reprendre ce personnage surtout des années après serait juste un jeu d’équilibriste qui serait impossible à tenir car il n’y a plus l’auteur qui lui seul connaissait son personnage et son évolution car celle ci lui ressemblait.

    Astérix sans Goscniny, ce n’est pas pareil, là aussi il y avait eu une évolution du personnage et des thématiques. Uderzo même si je lui reconnais de bons albums seuls comme "Le grand fossé" ou "Le fils d’Astérix" n’avait pas en lui la même idée de l’évolution du personnage.
    Aujourd’hui ces reprises comme "Blake et Mortimer", "Astérix" sont bancales car calées sur des codes ne correspondant plus à l’évolution des personnages.
    Je sais que ça se vend bien pourtant, mais n’Est-ce pas par pure nostalgie ?
    Uderzo comme Sente pour Thorgal d’ailleurs comparent leurs héros aux héros américains mille fois repris et toujours d’actualité. Faut-il s’en réjouir ? Pour moi les héros en tenue moulante n’ont plus d’âme ils ressemble à un vaste souvenir réinterprété à souhait. Cela ne veut pas dire qu’il ne s’en dégage pas parfois de bonnes histoires.
    Mais quelle est la peur de créer des personnages, les faire évoluer au cours de sa vie d’artiste et savoir les porter dans leur époque et l’évolution de la société ?
    Triste constat, peut-être sommes nous aujourd’hui beaucoup plus prudent artistiquement qu’au siècle dernier ?.

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    • Répondu par Norbert le 8 janvier 2014 à  10:24 :

      J’adhère totalement à votre analyse !

      Et je sais que, bien qu’étant totalement opposé à une reprise, je ne pourrai m’empêcher d’en faire la lecture (voire l’acquisition ?)...

      Misère, misère...

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  • Un nouveau Tintin - Le vrai-faux bluff de Monsieur Rodwell
    7 janvier 2014 16:32, par P.Verdant

    2052, c’est dans presque 40 ans. M. Rodwell risque fort de ne plus être là, ainsi que la plupart des intervenants... moi y compris tonnerre de Brest !

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  • Et pourquoi 2052 ?!? Pourquoi pas 2015 et 2016 et 2017 etc ... à la manière des Blake et Mortimer. Quitte à trahir Hergé, autant le faire de suite afin de gagner un max de blé et de satisfaire les gogos ... euh ... les tintinophiles (De plus, en 2052, pas sûr qu’il en reste de vivants). Quand bien même il sortirait un nouvel album ... l’oeuvre d’Hergé ne tomberait-elle pas quand même dans le domaine public ? Moulinsart/Casterman réussiraient_ils leur sordide magouille là où Vents d’Ouest a échoué avec les Pieds Nickelés ? Je ne vois pas trop le rapport/l’antinomie entre un nouvel album et le passage au domaine public de l’oeuvre d’Hergé. OK Moulinsart a un régiment d’avocats. Disney a bien réussi son coup avec Mickey. Pareil pour Conan (le barbare, pas le détective nippon) où rien n’est très clair...

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    • Répondu par Yves le 7 janvier 2014 à  21:37 :

      Un nouvel album de Tintin c’est tout à fait possible, et pour beaucoup qui comme moi sont fans de Tintin, c’est souhaitable.
      Des nouveaux films de Tintin, de nouveaux albums... Il faut continuer l’aventure ! Il y a des scénaristes de talents, et d’excellents dessinateurs qui pourraient reprendre le flambeau.
      Ceux qui n’aiment pas l’idée que le petit héros poursuive sa carrière n’ont qu’à ne pas lire les futurs albums qui sortiront, ni aller voir les films.
      J’aime certains des Black & Mortimer qui sont sortis ces dernières années, pas tous, mais j’y trouve mon bonheur.
      Je n’aime pas les nouveaux Astérix ? Tant pis, je ne les lis pas, mais tant mieux pour ceux qui aiment.
      Yves

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      • Répondu par Zébra le 8 janvier 2014 à  23:08 :

        Je ne me suis jamais beaucoup intéressé à Tintin, même étant gosse, préférant d’autres séries ; cela dit quand on interroge des gamins, il semble que les quatre ou cinq derniers albums de la série les intéressent moins ; la veine était déjà sans doute épuisée du temps de Hergé.

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        • Répondu par Michel Dartay le 9 janvier 2014 à  14:52 :

          Ce n’est pas une question d’épuisement d’inspiration, mais plutôt de sophistication de l’histoire. D’accord, il n’y a pas beaucoup d’action dans les Bijoux de la Castafiore, mais c’est un tour de force scénaristique, à l’opposé du Crabe, de l’Ile noire, ou de l’Oreille cassée. Tintin au Tibet est un hommage émouvant à l’amitié en même temps que l’aveu d’une quète intérieure. Vol 714 est une aimable pochade, et les Picaros méritent d’être relus avec intéret.

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  • Serait-ce trahir la volonté d’HERGE si "TINTIN ET L’ALPH ART" sortait dans une version achevée ? Après tout, HERGE travaillait dessus au moment de son décès, le scenario était bien avancé et s’il avait vécu plus longtemps l’album aurait sans doute été terminé.

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    • Répondu par Jacques Langlois le 9 janvier 2014 à  11:51 :

      Ce débat a déjà eu lieu juste après la mort d’Hergé. Bob de Moor plaidait pour qu’on le laisse achever "l’Alph-Art".
      Mais si Hergé a laissé derrière lui trois planches crayonnées et quelques dizaines de pages esquissées, auxquelles il n’avait plus retravaillé depuis 1979, ceux qui ont eu le dossier en main, tel Benoît Peeters, qui fut chargé finalement de mettre tout ça en forme, vous diront que le scénario était loin d’être abouti et que personne, y compris peut-être Hergé lui-même, n’aurait pu dire à quoi cet embryon d’histoire allait aboutir.
      Il suffit d’ailleurs de regarder ce qui a été publié en 1986 pour s’en convaincre !

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      • Répondu par Laurent Colonnier le 9 janvier 2014 à  15:08 :

        S’il y avait un album à finir, ce serait le Thermo-zéro. Le scénario est complet (mais de Greg malheureusement), il y a plusieurs pages crayonnées (mais on va pas loin avec ça), et on peut le situer à la fin des années 50, où le style graphique Hergé+studio est à son meilleur (Affaire Tournesol/ Coke en stock). La seule question qui vaille est : Est-ce bien utile ?

        Heureusement qu’on n’a pas laissé Bob De Moor triturer l’Alph-Art, quand on voit l’immonde bouillie qu’il a fait du Sato2, on ne peut que s’en réjouir.

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    • Répondu par Michel Dartay le 9 janvier 2014 à  14:36 :

      Il existe ue version achevée de Tintin et l’alph art, mais pirate évidemment. On la trouve sans trop de problèmes dans quelques librairies bruxelloises spécialisées dans l’occasion (prix de l’ordre de 20 ou 30 euros, de mémoire). Son dessinateur dont je ne donnerai pas le nom a essayé de reprendre le style de Hergé, et il a depuis publié quelques albums chez de grands éditeurs.

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      • Répondu le 9 janvier 2014 à  22:54 :

        Pour le moment, la situation est assez simple. Mais Mme Rodwell n’est plus très jeune (je lui souhaite une bonne année et l’espère en grande forme).

        Lui est-il possible de prendre des dispositions pour que, lorsqu’elle ne sera plus en mesure d’imposer le respect de la (dernière) volonté d’Hergé, quelqu’un d’autre s’en charge ? Et qui sera ce quelqu’un d’autre, peut-être bien avant 2053 ? Mr Rodwell ? Une fondation ? Hachette ou Média ? Il paraît que Hachette a allongé quelques dizaines de millions d’euros pour Astérix ; c’est sans doute parce que c’est rentable. On peut supposer que Tintin le serait aussi, s’il y a de nouveaux albums.

        Il y a eu déjà de nombreux projets "culturels" autour de Tintin ; des créations audiovisuelles, muséographiques, des objets dérivés, etc... qui font vivre un Tintin qui n’est déjà plus trop Le Tintin. Spielberg recycle des albums d’Hergé pour fabriquer une sorte de nouvelle histoire. Il peut le faire parce que ce n’est pas de la bande dessinée, je suppose. Mais l’album d’images du film existe, je crois bien. Alors une réinterprétation dans des albums comme les Siprou par... Est-ce très différent ?

        Pour ma part, je suis d’avis que de nouvelles histoires par d’autres auteurs n’enlèveraient rien aux vrais Tintin (la preuve : la chose hideuse sur l’Alphart mentionnée plus haut). Il pourrait y avoir des pastiches, des parodies ou bien des albums plus décalés (et peut-être plus intéressants mais sans doute moins juteux pour le tiroir-caisse). Je pense également que celle qui croit devoir respecter la volonté d’Hergé a bien raison de le faire.

        Il n’y a pas d’interdiction sur Jo, Zette et Jocko... Il me semble avoir lu que Stanislas aimerait faire quelque chose avec ces personnages. Et pourquoi pas ? ( Après avoir terminé le Perroquet des Batignoles, bien sûr !!!)

        Ce serait une façon de remettre l’œuvre d’Hergé un peu au premier plan, d’évaluer l’accueil critique et publique de cette démarche, et surtout de permettre à un auteur d’aujourd’hui de se frotter à ce qui est fondateur pour beaucoup d’entre eux. Sur Spirou, ils sont nombreux à dire "moi, moi !" et il y a quelques albums qui sont vraiment très chouettes.

        Mais avec Jo, Zette et Jocko, il y a moins de fric à gagner qu’avec Tintin, certainement...

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        • Répondu par Oncle Francois le 10 janvier 2014 à  11:10 :

          Il y a eu aussi un Opéra (officiel, dument approuvé par Moulinsart) qui a obtenu un vif succès en Belgique il y a quelques années. Une tournée française avait été annoncée, et je me réjouissais d’y assister, mais elle fut annulée pour d’obscures raisons. Où peut on trouver des extraits sur le net de cet opéra ? Y a t’il un DVD, officiel ou pirate ?

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          • Répondu par zmylpat le 18 janvier 2014 à  16:41 :

            Non, il n’y a pas d’opéra "Tintin". Soit vous parlez de la comédie musicale "Tintin et le Temple du Soleil" jouée en Belgique mais annulée en France, soit vous parlez du Récital de la Castafiore, écrit par Numa Sadoul, et jouée en 2000 je crois à Bordeaux, et reprise une ou deux fois.

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        • Répondu par RD le 10 janvier 2014 à  17:57 :

          Johan de Moor avait repris Quick et Flupke le temps d’un album, si je me souviens bien. Qui s’en rappelle ?

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  • Reprendre un héros vieillot véhiculant des visions passéistes et disparues, clairement misogynes, quel intérêt ?

    On ne va pas non plus lui coller un faire valoir féminin ou une copine, à la Disney kikoolol, pour le faire entrer au chausse pied dans les années 2000.
    Ca ne serait plus ce bon vieux Tintin.

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  • Impensable...
    11 janvier 2014 15:56, par yuhio

    Le problème est que TINTIN est un vrai témoignage de l’évolution des mœurs de 1930 aux années 80. Crises socio-politiques, prise de conscience environnementale, programme spatial, arrivée du téléphone et de la télévision dans les foyers...

    - Soit on reste dans le Tintin des années 60 avec sa morale niaiseuse, son univers aseptisé et asexué.

    - Soit on remanie le concept, Tintin devenant une sorte de "Spirou des années 2000" et on perd le personnage.

    Je plains le futur scénariste.

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  • Comme l’écrit un commentateur plus haut "Tintin-le film" est loin d’être un flop financier. Mais ce n’est pas un gros succès hollywoodien non plus quand on regarde les chiffres (au prisme de la vision hollywoodienne). La suite de ses aventures sur le grand écran ne semble pas être lors un projet prioritaire à cet égard, à moins... À moins que Mr Rodwell n’ait déjà une stratégie -auquel cas il va falloir faire vite. Je crois personnellement que nous allons voir un nouvel album de Tintin dans les 3 ans qui viennent. Si Mr Rodwell a pu "accrocher" Hollywood, avec des résultats de type satisfaisant je ne vois pas pourquoi il retournerait soudain à ses pénates.

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  • Un nouveau Tintin - Le vrai-faux bluff de Monsieur Rodwell
    16 mars 2014 12:26, par jean-michel roberge

    Il est impossible de créer un nouveau Tintin, car son créateur a fait un héros de papier politique en particulier les premiers albums N&B, chef d’oeuvre du dessin. Hergé souhaite plaire à ses lecteurs, enfants et adolescents. Pour ce faire il est critique de la société. Il est et restera un éternel rebelle, éternel anarchiste, contrairement aux autres dessinateurs "engagés" petits bourgeois qui font de la soupe et critique la société pour se faire mousser. Hergé démolit les élites dans ces albums : policiers incapables, professeurs caricaturés à l’extrême. On se souvient d’un professeur a priori éminent l’égyptologue Siclone qui rame sur le pont du Paquebot, devient trafiquant dans les hallucinations de Tintin et reconnaît en réponse à Tintin qu’il ne connaît rien au pharaon. Aucun scénariste aucun dessinateur ne pourrait concevoir une telle charge contre les élites sans être caricatural. On peut concevoir un autre Tintin mais différent.

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    • Répondu par Piet Lastar le 16 mars 2014 à  17:34 :

      C’est vrai qu’Hergé fut très critique de la petite pensée bourgeoise de son époque. Quelle critique acerbe du colonialisme dans Tintin au Congo !

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      • Répondu par GRIGNAN le 31 mars 2014 à  19:08 :

        Hergé a 23 ans en 1930 quand il pond son Congo .
        Connaissez - vous les éléments dont il a disposé pour le narrer ?
        Je vous invite à ( re ? )potasser les quelques bouquins qui retracent en détail le contenu de son existence depuis qu’il eût l’âge de raison .
        Vous n’ommetrez pas d’ignorer ( à sa place ) tous les moyens de communication et d’information qui sont les vôtres .
        Refaire le " match " 85 ans après ...c’est dérisoire .
        C’est une activité de mode il est vrai ..
        23 ans , c’est l’âge où l’on cherche à se faire une "place au soleil " .

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  • Stanislas serait en piste pour interpréter sa vision de l’oreille cassée ?
    Voir ici : http://stanislasbarthelemy.blogspot.fr/2014/06/stanislas-reprend-tintin.html
    Quelqu’un en sait-il plus ?

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    • Répondu le 30 juin 2014 à  15:20 :

      C’est un gag, un poisson d’avril de juin.

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      • Répondu le 11 juillet 2014 à  10:19 :

        D’ailleurs, il serait peut-être temps que les auteurs de la blague avouent... Ça fait déjà presque un mois...

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