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Un triumvirat par intérim à la tête du FIBD

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 10 mars 2006                      Lien  
Dans un communiqué de presse, le Festival international de la Bande Dessinée entérine l'éviction de Jean-Marc Thévenet. Une direction par intérim constituée de Franck Bondoux, Benoît Mouchart et Jean-Luc Bittard sous la présidence de Dominique Bréchoteau, prend la direction des opérations.
Un triumvirat par intérim à la tête du FIBD
Franck Bondoux
Photo : D. Pasamonik

« Monsieur Jean-Marc Thévenet quitte définitivement ses fonctions de Directeur Général du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. La décision a été prise par le bureau de l’association à la majorité » annonce laconiquement le communiqué du FIBD reçu ce jour. Voici qui clôt quinze jours de suspense et d’interrogations.

Les causes du licenciement.

La procédure se dirigeant vers les tribunaux, c’est le black out. Nous sommes bien obligés de nous fier aux hypothèses émises par les quotidiens régionaux qui suivent l’affaire. Ainsi, la première cause avancée est une autre casquette portée par Jean-Marc Thévenet qui serait directeur d’un autre festival, la future biennale d’Art Contemporain du Havre, pour lequel, selon le quotidien La Charente Libre, il percevrait des honoraires mensuels à hauteur de 10.000€ [1]. Ces honoraires viendraient s’ajouter au salaire de 6.000€, si l’on en croit Sud Ouest, que lui verserait le FIBD [2]. Selon les mêmes sources, Jean-Marc Thévenet était encore producteur de télévision lorsqu’il a pris en charge la direction générale du Festival en 1998. Il n’est pas sûr que ces prestations soient des malversations bien qu’il semble objectivement clair que le directeur du Festival ne respectait pas la clause d’exclusivité figurant à son contrat [3]. Pouvait-il encore assurer ces deux activités de front, alors que la première édition de la manifestation du Havre débute en juin 2006 ? C’est la question qu’a du se poser le président du FIBD, apparemment ignorant de ces activités multiples. En outre, Sud-Ouest fait état de soupçons qui pèsent sur le fait que les infrastructures utilisées par le FIBD aient pu servir aux autres activités du directeur général déchu. Ainsi, le quotidien s’interroge sur l’utilisation des bureaux parisiens du Festival situés dans une annexe de la maison de M. Thévenet à Bois-Colombes dans la région parisienne, pour laquelle M. Thévenet percevrait en sus un loyer [4].

L’avenir du Festival

Jean-Luc Bittard
Photo : D. Pasamonik

Comme le dit très bien le maire d’Angoulême, M. Philippe Mottet, il vaut mieux que le festival « se tourne vers l’avenir ». Financièrement, il semblerait que le déficit creusé par les intempéries soit relativement raisonnable : de l’ordre de 50.000€, selon Sud-Ouest [5]. Dans son communiqué, le Festival annonce que « ...le commissaire aux comptes et le Président ont présenté devant le Conseil d’Administration du 6 mars 2006, un premier bilan chiffré de cette édition qui, en dépit de la neige, est rassurant ». Il semblerait que la Ville d’Angoulême se soit particulièrement investie cette année dans la signalétique et dans le montage des chapiteaux. Selon Sud-Ouest, la mairie estime cet investissement à 844.000€ sur un budget total pour le Festival de 2.3 millions d’euros [6]. C’est en effet considérable. Avec la ville, le département, la région et l’Etat, les fonds publics représenteraient 1/3 du budget, contre 1/3 pour les sponsors et 1/3 à provenir des recettes de billetteries et des stands, recettes en baisse cette année. Toutes les parties cherchent à assurer au festival sa pérennité.

Un triumvirat par intérim

Benoit Mouchart
Photo : D. Pasamonik

Le FIBD maintient son équipe. L’intérim sera assuré par les trois directeurs actuels : Franck Bondoux (responsable du marketing et de la commercialisation du Festival dans le cadre de la société parisienne Partnership Consulting) , Benoît Mouchart (salarié, directeur artistique du Festival) et Jean-Luc Bittard (salarié, directeur technique du Festival). « Ils ont la charge de poursuivre toutes les activités engagées, dit le communiqué, et de mettre en chantier, sans retard, toute action utile pour assurer, dès à présent, le prochain Festival et son rayonnement à l’année, notamment la « Fête de la BD ». Ils travailleront en concertation et assureront le suivi de l’équipe ». Dominique Bréchoteau annonce, en outre, « une réflexion sur l’évolution de la structure est engagée en collaboration avec les principaux acteurs du Festival. »

Voilà qui nous rassure.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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En médaillon : Benoit Mouchart, directeur artistique du Festival et Dominique Bréchoteau, son président. Photo : D. Pasamonik.

Cet article a été modifié à la suite de la déclaration de M. Thévenet à l’AFP.

[1Silence, on licencie !, Stéphane Vacchiani, La Charente Libre, 7/03/06.

[2Les Trois métiers de Jean-Marc Thévenet, Haude Giret, Sud-Ouest, 1/03/06.

[3Dans une déclaration à l’AFP du 10 mars, il confirme que cette clause figurait effectivement à son contrat, mais il ajoute : "Il était de notoriété publique que j’ai accepté une mission de consultant pour la prochaine biennale d’art contemporain du Havre. Il sera établi que le temps que j’y ai consacré a été minime et n’a, en aucune manière, pu nuire à la préparation du festival".

[4Une organisation opaque, Catherine Debray, Sud-Ouest, 8/03/06.

[5Bras de fer juridique sur fond d’indemnités, Catherine Debray, Sud-Ouest, 7/03/06.

[6Une organisation opaque, Catherine Debray, Sud-Ouest, 8/03/06.

 
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