À l’occasion de la conclusion d’Avengers vs. X-Men (2012), l’éditeur Marvel a souhaité échanger les équipes créatrices entre ses séries-phares mais aussi lancer de nouvelles séries. Uncanny Avengers est l’une d’elles : elle a pour but d’attirer le lectorat fidèle des Avengers et/ou des X-Men, mais aussi d’offrir au public à conquérir un échantillon de personnages prestigieux pour appréhender l’ambiance de leur univers.
Le scénariste Rick Remender est en charge de ce nouveau projet. Jusque là, son principal fait d’armes chez Marvel a été sa récente gestion de la série Uncanny X-Force, une série où un groupe de tueurs issus des rangs des X-Men emploie la manière forte pour faire disparaître les menaces qui pèsent sur leur communauté. Le style de Remender y est alors identifiable : développement des relations entre les personnages d’un groupe jusqu’à en tirer des situations manifestement inextricables pour les lecteurs...
Cette nouvelle série s’inscrit dans la continuité d’Avengers vs. X-Men : Captain America ayant compris qu’il avait trop fermé les yeux sur la situation des mutants dans le monde. Il décide de monter une équipe d’éléments reconnus du public pour lui montrer qu’il est possible de faire vivre le rêve de Charles Xavier (récemment tué par son fils spirituel, Cyclope, devenu le temps d’un instant le Phénix noir).
Bien que le grand stratège qu’est Steve Rogers pourrait facilement ajouter une nouvelle ligne à la très longue liste d’équipes qu’il commande ou qu’il a commandé, il décide de confier les rênes à un personnage inattendu : le frère cadet de Cyclope : Havok.
Alex Summers (Havok) est bien connu des lecteurs des séries X-Men comme l’un des leaders de cette communauté : on pensera ainsi à son rôle dans les groupes X-Factor ou Starjammers. Un leader, certes, mais aussi un homme qui a grandi dans l’ombre de son imposant frère aîné. Ne partageant pas les idées révolutionnaires de Scott/Cyclope, Alex trouve que la réunion des Avengers et des X-Men dans une même équipe serait un beau premier pas vers une réconciliation des différents partis.
Bien évidemment, la menace ne se fait pas attendre qui va tester la cohérence de cette nouvelle équipe : Crâne Rouge, le criminel nazi, revient une énième fois d’entre les morts afin d’imposer son Reich éternel. Le problème... c’est que la tournure prise par les événements, voire la narration elle-même, est bien trop kitsch pour être crédible.
Dans sa nouvelle conquête du pouvoir, Crâne Rouge est accompagné de sbires modifiés génétiquement ou ensorcelés appelés les C-Men. Le graphisme ne cède pas au grand-guignol de certains comics d’antan... Difficile aussi pour le lecteur de donner du crédit à des adversaires qui, pour la plupart ont des descriptions ou des suer-pouvoirs relativement ridicules. Ajoutez un chef qui a l’abracadabrantesque idée de fusionner son cerveau avec celui du cadavre de Charles Xavier afin de récupérer ses pouvoirs et l’on prend la mesure du pétrin dans lequel le lecteur s’est fourré !
L’autre point noir de ce recueil touche à la narration. Celle-ci apparaît souvent peu inspirée et les tentatives de détendre l’atmosphère par des traits d’humour tombent souvent à plat. De plus, ce recueil la lecture est alourdie par un système de récitatifs qui prennent beaucoup de place dans les planches et desservent plus qu’autre chose l’action décrite.
Toutefois, si ce recueil inspire un sentiment de déception, il convient tout de même d’énoncer les raisons de ne pas désespérer de cette série. Dans le prochain volume, Remender écrira dans le registre d’un Remender qui a fait déjà ses preuves : s’il parvient déjà ici à jeter des bases conflictuelles intéressantes entre Malicia et la Sorcière Rouge (questions familiales et sentimentales) ou entre Steve et Alex (question de leadership dans l’équipe), on peut s’attendre à quelque chose de plus puissant.
Sur le plan graphique, le premier arc de la série a été réalisé par John Cassaday : le travail proposé est impeccable mais, une fois mis en comparaison avec l’épisode final du recueil réalisé par Olivier Coipel, on se convainc bien vite que l’on aurait aimé voir l’artiste français davantage sollicité pour cette série... Comme d’ordinaire, le trait de ce dernier est sublime.
Ce tome 1 d’Uncanny Avengers est une déception, mais c’est une série à ne pas enterrer trop tôt car la suite à paraître les prochains mois viendra probablement lever les doutes que suscitent cette première sortie.
(par Romuald LEFEBVRE)
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