Lorsqu’elle s’évanouit, Chinami plonge - littéralement - dans un monde englouti : celui du village d’origine de sa famille, aujourd’hui recouvert par les eaux.
Là, dans cet espace onirique plus vrai que nature, elle fait la connaissance de Sumio, un garçon comme oublié là-bas lorsque les villageois quittèrent la région transformée par l’érection d’un barrage. Seul avec son grand-père, il attend que reviennent sa mère et ses voisins, tandis que tombe la pluie. Et maintenant qu’il a rencontré Chinami, il semble bien décidé à la convaincre de rester avec lui.
Particulièrement émouvant et d’une rare justesse, la série Underwater confirme avec ce tome 2 tout le bien qu’on pensait d’elle. La manière dont l’histoire familiale se donne peu à peu à découvrir s’avère à la fois poignante et pudique. D’autant qu’elle témoigne en outre d’un certain rapport au monde du Japon rural et traditionnel confronté à la modernité et à la ville. Si l’on peut reprocher aux personnages de n’être guère creusés, de demeurer à la surface en quelque sorte, les relations tissées, quant à elles, font montre d’une réelle profondeur, d’une véritable sensibilité.
Mais c’est surtout le travail sur l’ambiance qui emporte le morceau et touche le lecteur. La manière qu’a Yuki Urushibara de traiter le motif de l’eau convainc pleinement. Il en fait le cœur de l’histoire, mais aussi l’élément central de ses planches ainsi qu’un principe narratif.
L’immersion est ainsi naturellement réussie et permet de s’imprégner non seulement de l’atmosphère poétique, magique, de ce Village immergé mais aussi des sentiments éprouvés - et provoqués - par les protagonistes de ce beau drame familial noué dans le temps, par-delà les années écoulées.
(par Aurélien Pigeat)
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