Undiscovered Country T. 2 - Par Scott Snyder & Charles Soule & Giuseppe Camuncoli - Delcourt Comics

Contraint de se rendre dans la zone infranchissable des États-Unis pour freiner les dommages du virus Azur, la petite équipe de scientifiques dirigée par le Docteur Graves tombe dans un véritable guet-apens. Franchir le mur de protection hyper sécurisé et impénétrable depuis trois décennies est une chose, survivre à ce qui se trouve à l’intérieur en est une toute autre…

Et pourtant, quelques jours plus tôt, tout portait à croire que les USA disposaient d’un remède, d’un antidote fiable qui permettrait au reste du monde de rêver de sortir de cette pandémie.

Une fois sur place, le constat est bien différent : ils sont traqués tels des criminels en fuite. Et le groupe jusque-là uni montre ses failles, certains étant prêts à abandonner tout le monde dès la découverte du vaccin.

Notre équipe se trouve dorénavant à "Unité", la deuxième des 13 zones de l’Amérique transformée. Une région marquée par une variation de l’espace-temps avec, proportionnellement, un siècle de décalage. Un environnement également meurtri par un phénomène pour le moins étrange : la faune et la flore affichent uniquement des couleurs blanchâtres, comme recouvertes de javel, l’une des circonstances de ce "progrès" de biomasse.

Un contraste fort intéressant développé par les auteurs entre la première zone, "Destinée", sauvage et hostile, et celle d’Unité où la technologie de pointe prédomine.

©Giuseppe Camuncoli / Delcourt Comics

Le duo de scénaristes Scott Snyder & Charles Soule porte ainsi un message sur le pouvoir des grandes nations, leurs expériences scientifiques terrifiantes et, fatalement, les dommages collatéraux que cela implique. Les protagonistes opprimés s’avèrent attachants dans leur destinée peu envieuse. Dans Undiscovered Country, chacun se déplace au ralenti, presque immobile. En dépit des scènes d’action, chaque situation se concentre dans un espace réduit, un procédé qui nourrit une narration envoûtante.

Car, à plus d’une reprise, les scénaristes nous transportent dans le temps, le récit se déplaçant deux décennies en avant ou en arrière, révélant les origines de ce conflit, lors de réunions de puissants conglomérats dictant leurs lois quant au nouveau dollar et aux titres de souverainetés. Voici toute la différence entre la zone Destinée et la zone Unité, la première n’ayant pour ainsi dire aucune réglementation sur les armes à feu, aucun impôt, pas la moindre limite de production, d’émanation. Les technologies puisent et épuisent les matières premières, ce qui a pour conséquence d’assécher la terre, décimant une majeure partie de sa population.

Fatalité que vivent des années plus tard le Docteur Graves et la petite troupe de scientifiques qui tentent, tant bien que mal, de recomposer les pièces de ce puzzle.

Ce second opus présente son lot d’informations qui font nettement progresser l’histoire et le degré d’intensité d’un récit qui suit son cours, en expliquant les enjeux des différentes alliances qui s’opposent sans vergogne.

On se retrouve avec une trame pour le moins alléchante, sur un fond de post-apocalypse, le plus souvent suggéré. Par contre, certains dialogues récurrents, voire interminables, plombent à certains moments l’ambiance. Il aurait été souhaitable que les scénaristes privilégient l’essentiel, sans se perdre dans un dédale d’échanges verbaux.

La touche graphique de Giuseppe Camuncoli demeure d’un niveau fort séduisant. L’artiste privilégie l’atmosphère de l’arrière-champ et des décors relevés : les terres hostiles et les engins robotisés priment sur le dessin des protagonistes, un peu faiblard. Un second opus prenant et captivant, ce qui définit parfaitement l’ambiance présente dans Undiscovered Country.