« — À Londres ? Mais bon dieu, que voulez-vous que j’aille ficher là-bas ?!
— Allons, Armand, ne vous fâchez pas !
— Au fait, vous connaissez l’Angleterre ?
— Non
— Non ?
— Non et je ne tiens pas trop à connaître... Le brouillard, le thé à 5 heures, la conduite à gauche, tout ça, c’est pas pour moi...
— Bah bah bah..! Au fait, vous parlez anglais ?
— Pas un mot !
— Parfait, ce sera un séjour d’initiation linguistique... »
C’est à partir de ce savoureux dialogue que le commissaire divisionnaire envoie le commissaire Raffini en Angleterre : des agents de la brigade fluviale londonienne ont repêché un corps féminin, d’environ 25 ans, apparemment étranglé puis ficelé dans un sac. Personne ne se manifeste pour retrouver un proche disparu. Puisque les vêtements de la victime laissent supposer qu’elle est française, Scotland Yard sollicite l’aide de la PJ française. Et voilà Raffini embarqué dans une aventure qu’il rebaptise « Raffini chez ces Foutus Rosbeefs ! ». Davantage que ces quelques marques de chauvinisme et des quelques traits d’humour qui parsèment l’épisode, celui-ci est avant tout marqué par une intrigue bien ficelée, qui nous emmène du célèbre Limehouse Dock (un clin d’œil à Blake et Mortimer) à la campagne des alentours de Londres.
Rodolphe, au scénario, s’attache à être fidèle aux codes du récit policier, où divers personnages à envergures diverses promènent littéralement l’inspecteur, son adjoint, et le lecteur dans des pistes pas toutes bonnes à suivre. L’ambiance londonienne de l’intrigue est mise en valeur par les aquarelles de Christian Maucler qui, du smog des docks de la Tamise aux vives couleurs automnales de la périphérie, donnent tort à Raffini : l’Angleterre lui va très bien.
Les éditions Tartamudo publient ici leur premier épisode de la série, après que Rodolphe les a ralliées. Comme pour s’approprier le personnage, on trouve en fin d’album, un imposant dossier de 22 pages qui retrace son histoire, les supports sur lesquels il a été publié, ses évolutions graphiques et scénaristiques, ainsi que la reproduction d’une interview du commissaire Raffini en personne, initialement publiée dans Paris Presse en 1958.
(par Damien Boone)
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