Dans une préface à une biographie de Vercingétorix, René Goscinny écrivait : " Très souvent (...) les lecteurs d’Astérix se demandent ce qu’il y a de vrai, d’authentique, dans les aventures du petit Gaulois. Eh bien, contrairement à ce qui se passe pour certains de ces films fantaisistes ayant l’antiquité pour cadre, les aventures d’Astérix sont bâties sur des bases solidement historiques. Les auteurs avant d’écrire et de dessiner leurs célèbres albums, consultent bon nombre de doctes ouvrages et de savants historiens. Jules César lui-même, collabore à son insu à la création de cette bande dessinée." [1]
Sauf que la recherche historique évolue, et si Goscinny et Uderzo revendiquaient une parodie d’histoire, plaquant sur elle des préoccupations bien contemporaines, il en a été bien souvent ainsi même dans les représentations les plus doctes et les plus documentées. Ainsi, ces Gaulois gros bouffeurs de sangliers comme Obélix, relèvent de la légende. Mais pour ce faire, il a fallu faire l’étude de sites archéologiques où vivaient les Gaulois, analyser les restes de nourriture sur des centaines de M² pour constater que nos braves habitants de la Gaule préféraient élever des porcs plutôt que de courir la forêt à effrayer les marcassins.
Les historiens ont beau jeu d’ironiser sur le fait que la Serpe d’or n’a jamais rien coupé, que les oppidums gaulois ne ressemblaient pas au village d’Astérix, que le casque romain que collectionne Obélix est en fait... gaulois, récupéré par les Romains au 1er siècle av. J.C., que les ailerons du casque d’Astérix ont été stylisés par le sculpteur alsacien Frédéric Auguste Bartholdi au Salon des Champs-Élysées en 1870, suite à une mauvaise lecture de documents représentant les premiers casques gaulois retrouvés à l’époque et dont les deux protège-joues mobiles (paragnathides) étaient relevées, évoquant le déploiement d’une aile...
Si l’archéologie gallo-romaine est aujourd’hui si appréciée, c’est grâce à ces représentations qui soit en popularisèrent la connaissance, comme dans Alix (Casterman) ou Vae Victis (Soleil) ou, au contraire, qui en déconstruisaient les clichés comme dans Astérix (Hachette).
Alors que la très sérieuse exposition de la Cité des Sciences fait peu allusion à la bande dessinée, celle du Musée archéologique de Bavay (dans le Nord, entre Valenciennes en France et Erquelinnes en Belgique), au contraire, y fait largement référence avec une vingtaine de planches originales et un bon nombre d’imprimés où l’on retrouve Alix et Astérix, mais aussi Murena et surtout le fabuleux travail de Gilles Chaillet sur La Rome des Césars (Glénat).
Un parcours ludique et instructif.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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A la cité des Sciences à Paris : Gaulois, une expo renversante - Jusqu’au 2 septembre 2012. Ouvert du mardi au samedi de 10h à 18h et le dimanche de 10h à 19h. Plein tarif : 11 € - Tarif réduit : 8 € - Le site de l’expo
Au Musée archéologique de Bavay : Bulles d’antiquité - Forum antique, allée Chanoine-Biévelet, à Bavay, 03 59 73 15 51 ou forumantique@cg59.fr. L’exposition est visible jusqu’au 28 août. Ouvert tous les jours, de 9 h à 12 h et de 13 h à 18 h. Fermeture le mercredi matin, le samedi matin, et les jours fériés.Tarifs : 5 et 3 € (gratuit pour les moins de 18 ans et tous les premiers dimanches du mois).
[1] Vercingétorix le Gaulois, par Jean-Jacques Rochard, La Table ronde, 1967.
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