Nonna vit replié sur lui-même. Il sculpte des petites statuettes en bois pour mieux fixer ses souvenirs de tranchée. Perdrix se lasse d’être délaissée. La promesse de mariage, tenue avant guerre, tarde à se concrétiser par un "oui" devant monsieur le maire. Mais Nonna n’a pas les mots pour ça. Les mots pour chasser la guerre de sa tête...
Le récit de Bruno Le Floc’h est une succession de flash-backs. Nonna est hanté par ses souvenirs et ne parvient pas à mener la vie heureuse promise à sa fiancée. Il ne cesse de revivre dans sa tête la douloureuse expérience du front et l’âpreté de la vie dans les tranchées.
L’auteur crée de l’intimité avec son personnage principal, donnant ainsi une certaine profondeur à l’histoire. Grâce à cela, le lecteur se laisse emporter par le destin personnel de Nonna. Sur un thème difficile, Le Floc’h livre une chronique de guerre avec tact et élégance. Le dessin est sobre et épuré, les encrages subtils. Des aplats bleus ou mauves remplacent les décors et ne font que nous rapprocher des protagonistes. Pas de scènes spectaculaires mais toute l’horreur de la guerre dans ces morts anonymes et sans importance pour les hauts gradés. Pour le soldat Nonna, cette guerre est "un sale boulot de misère pour que cette merde soit la der des ders !" On connaît la suite...
Après Trois éclats blancs, Bruno Le Floc’h nous offre Une après-midi d’été, un album sensible et émouvant. La fin est désabusée mais sincère et à coup sûr très réaliste.
(par Laurent Boileau)
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