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Une collection millésimée pour les 60 ans du Lombard

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 28 février 2006                      Lien  
Créé en septembre 1946 avec le {Journal de Tintin} par l'entrepreneur belge Raymond Leblanc, Le Lombard a soixante ans cette année et a décidé de fêter cet anniversaire avec éclat. C'est pourquoi l'éditeur bruxellois lance cette année une collection « Millésimes » qui reprend quelques-uns des chefs-d'œuvre qui ont fait la réputation de la maison.
Une collection millésimée pour les 60 ans du Lombard
Raymond Leblanc
le créateur du lombard en janvier dernier. Photo : D. Pasamonik

Quelle saga ! Les éditions du Lombard doivent leur nom à leur adresse, le 24 de la rue des Lombards, une rue de Bruxelles qui part du boulevard Anspach pour se perdre dans la place Saint-Jean, à deux pas du Manneken-Pis. Elle est ainsi nommée parce qu’au Moyen Âge des prêteurs sur gage du Nord de l’Italie y avaient élu domicile avant d’être dépouillés et expulsés par les archiducs Albert et Isabelle au profit du Mont-de-Piété. Est-ce cet atavisme du lieu qui fit à Raymond Leblanc, le créateur de cette maison, une réputation de moneymaker ? On peut le croire.

Une équipe de peintres

On connaît l’histoire et on aura l’occasion d’y revenir durant toute cette année : le Journal de Tintin est né de l’alliance entre un ex-douanier, ex-journaliste patriote, Raymond Leblanc, et un réprouvé de la Collaboration : Hergé. L’auteur déjà célèbre de Tintin s’entoure d’une équipe qui a fait, si l’on ose dire, ses armes pendant la guerre : Jacques Van Melkebeke, peintre et journaliste bouillonnant d’idées, qu’il a rencontré lors d’une représentation de Tintin au Théâtre des Galeries, Edgar P. Jacobs, un ami de « Van Melk » qui a rencontré Hergé grâce à lui, et qui avait entamé avec le dessinateur bruxellois une fructueuse collaboration, notamment dans la remise en couleurs des albums de Tintin, Jacques Laudy, un autre « peintre égaré dans la BD » ami de « Van Melk », dessinateur du journal Bravo où il avait fait entrer son ami Jacobs comme dessinateur et, enfin, le très jeune Paul Cuvelier, peintre également, élève de Buisseret (un familier de l’atelier Laudy), qui avait fait ses offres de service à Hergé. L’équipe coopte comme directeur artistique un autre peintre : Edouard Van Nijverseel, alias Evany. Notons cela : à part Hergé, toute l’équipe du Journal de Tintin de 1946 est composée de peintres. On comprend que l’esprit du journal tranche avec celui de son principal concurrent d’alors : Spirou. Ces gens entreprendront de faire de la bande dessinée l’un des « beaux-arts » du 20ème siècle.

1950 : la création de la collection du Lombard

Le Secret de l’Espadon
d’Edgar P. Jacobs. (Le Lombard)

La véritable création du Lombard intervient en 1950. Avant cette date, Leblanc s’est surtout consacré à l’édition de journaux. Les albums de Tintin sont publiés par Casterman qui fait une percée remarquée en librairie avec les aventures du reporter à la houppe. Leblanc, à raison, pense qu’il ne doit pas laisser ce secteur à l’éditeur de Tournai, d’autant que ses concurrents directs, les éditions Dupuis, se sont eux aussi lancés dans l’aventure. Or, dans son journal, les bandes dessinées de Jacobs commencent à avoir un succès comparable à celui d’Hergé.

Corentin
de Paul Cuvelier. (Le Lombard)

Tous les indices le montrent bien - et les auteurs poussent à la roue : le public attend que l’on recueille en albums les aventures publiées dans le journal.

En 1950, les éditions du Lombard lancent le premier tome de Blake & Mortimer : Le Secret de l’Espadon. La maquette est d’Evany (le plat arrière, plus tard indûment affublé du qualificatif de « peau d’ours » par les collectionneurs [1], de même que la décoration suivante, celle dite « à damiers », sont de lui). Choix industriel : le dos est en toile, et non en percaline (trop chère), comme c’était le cas pour les premiers albums de Tintin à l’époque. Le succès est immédiat. C’est le début d’une grande aventure.

Une collection de classiques

C’est cette série qu’évoque la republication cette année de ces grands classiques de la BD franco-belge dans la collection « Millésimes » au Lombard. Chaque mois, des BD, parmi les plus mythiques de l’éditeur bruxellois, seront publiées « à l’ancienne » sans que, précise l’éditeur, « l’on puisse parler de fac-similés ». En voici la liste :

Janvier : Blake & Mortimer
Février : Corentin Feldoë
Mars : Chick Bill
Avril : Chlorophylle
Mai : Pom & Teddy
Juin : Le Chevalier blanc
Juillet : Barelli
Août : Dan Cooper
Septembre : Modeste & Pompon
Octobre : Michel Vaillant
Novembre : Clifton
Décembre : Bruno Brazil

Inutile de dire que cette initiative nous ravit, car ces éditions impeccables rendent justice à quelques-uns de chefs-d’œuvre de la BD franco-belge. En outre, elles nous donneront l’occasion, tout au long de l’année, de vous raconter les mille et une anecdotes de cette saga hors-normes.

Yves Sente, directeur éditorial du lombard
lors de la présentation de la collection à Angoulême. Photo : D. Pasamonik

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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[1Il s’agit en fait, de l’aveu même d’Evany, de papiers découpés.

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