Une enquête franc-maçonne sous la Monarchie de Juillet

En 1999, Martin Hertz retrouve dans son grenier un trésor inestimable : des journaux intimes ayant appartenu à son aïeul, André Hertz, qui vécut au XIXe siècle, et dont Martin ignorait totalement l’existence… Sa lecture l’emmènera sur les traces de cet ancêtre lui aussi franc-maçon et sur celle de ses Frères, dont la Chaîne d’Union fut mise à l’épreuve sous les fers anglais…

En effet, son illustre parent, ancien policier et soldat, est chargé en 1840 par sa loge parisienne d’enquêter sur une macabre découverte : sur les côtes anglaises, un charnier de sept soldats français a été découvert, probablement exécutés en 1814, alors que les nations européennes s’étaient liguées contre Napoléon. Il faut passer outre les douleurs du passé, et les tensions encore vivaces entre Anglais et Français, pour tenter de résoudre cette énigme. Et si tous les protagonistes de cette sombre histoire n’avaient pas encore disparu ?

En attendant le dernier opus des Gardiens du Sang prévu pour le printemps, les amateurs du Triangle Secret ne feront pas l’impasse sur ce troisième one-shot d’Hertz. Alors que les deux premiers tomes revenaient sur la jeunesse de deux des personnages forts de cet univers, Martin Hertz et le cardinal Montespa, ce tome 3 nous entraîne dans le passé, à la découverte des soldats prisonniers de l’empereur, oubliés de l’Histoire.

Les couvertures de l’univers sont toujours servis par André Juillard.
Ici, le tome 3 des Gardiens de Sang

Dès les premières pages de cette évocation, on est happé par la puissance du récit : rigueur historique, protagonistes charismatiques, balance de dessin entre Gine et Falque. De plus, Convard & Adam n’ont pas lésiné, offrant une intrigue policière aussi dense que palpable, avec un récit de près de 70 pages, et un glossaire explicatif.

L’intrigue, savamment construite, se double d’une intéressante réflexion sur les sociétés dites secrètes : peuvent-elles permettre que des hommes séparés par les guerres puissent plus facilement se tendre la main et effacer le passé ?

Quoiqu’il en soit, le récit multiplie les chausse-trappes et les rebondissements pour tenir le lecteur en haleine. Le personnage principal est d’ailleurs si consistant que les auteurs nous promettent déjà un quatrième tome : L’Ombre de l’Aigle. Les férus d’Histoire auront compris dans quel environnement les scénaristes veulent développer à nouveau leur évocation romanesque de la Franc-Maçonnerie.

Entre polar, Histoire, et réflexion sur la solidarité des hommes, ce troisième tome d’Hertz promet un excellent moment d’évasion, magnifiquement servi par le dessin de Denis Falque. À n’en pas douter, un des meilleurs titres de l’univers déjà très riche de Didier Convard.