Alors que le Prix Artémisia distingue la création féminine dans la bande dessinée, on constate que les femmes, le rapport de Gilles Ratier le confirme, s’expriment de plus en plus dans le petit monde de la bande dessinée.
Ce n’est pas la première fois que nous parlons de Catherine Meurisse dont le précédent opus Mes Hommes de lettre, nous avait littéralement enchanté. Chaque semaine, elle est la voix féminine de Charlie Hebdo et arrive à faire sortir, par sa simple présence, le journal satirique de sa tradition d’humour graveleux si caractéristique des corps de garde.
Il faut dire que le talent est là. On peut appliquer à Catherine les mots avec lesquels Baudelaire décrivait le dessin de Daumier : « En un trait, tout est dit ! ». Elle restitue avec férocité mais aussi avec un trésor de tendresse les femmes qu’elle a rencontrées, en compagnie de sa complice Julie Birmant : On retrouve Yolande Moreau avec son impressionnant physique d’ogresse, la silhouette sophistiquée de Sylvie Joly dont le rire mange tout le visage quand elle s’esclaffe, la facétieuse Florence Cestac avec ses yeux de Betty Boop, la généreuse Michèle Bernier initiée au bon goût dès l’enfance par son père, le professeur Choron, la lunaire Anémone, l’inquiétante Amélie Nothomb, etc. Toutes se racontent à Julie Birmant qui restitue leur propos dans un texte remarquable qui n’a pas peur de s’épandre sous prétexte que nous sommes dans une bande dessinée.
Car sur ce point, Baudelaire se trompe : un trait ne dit pas tout. La bande dessinée a cette vertu : celle d’offrir au lecteur la fulgurance d’une vision, l’extraordinaire synthèse d’un graphisme qui parle immédiatement à l’esprit, avec l’incroyable plaisir évocateur du texte, sa musique et son rythme. Dans cet exercice, l’album Drôles de femmes est certainement l’un des plus accomplis.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Catherine Meurice. Photo DR - Ed. Dargaud