L’enthousiasme de ses bénévoles conduits par leur président Jean-Pierre Baron et leur directeur Bruno Génini fait plaisir à voir. Pour eux, les évolutions de la bande dessinée ne sont pas une source d’inquiétude, un « enjeu ». Ils se laissent conduire par la curiosité et le plaisir, sans intégrisme de chapelle ou de génération.
Leur programmation s’accommode aussi bien d’un grand auteur de la « nouvelle BD » comme David B, co-fondateur de L’Association, que d’un classique « gros nez » comme Marc Hardy, un auteur personnel et exigeant comme David Vandermeulen ou encore du sulfureux auteur tendance « gros groin », Lindingre…
La raison de cet œcuménisme ? Un ancrage « sur le terrain », proche du public et de son dénominateur commun : le goût d’une bande dessinée bien faite. C’est sans doute pourquoi BD Boum est un des rares festivals encore gratuits dans l’Hexagone. Jules Renard disait : « Je n’ai pas de goût, mais j’ai le dégoût très sûr ».
Cette sentence peut s’appliquer au programme de BD Boum. Aucune fausse note, jugez-en :
Les Mondes Étranges de David B., une exposition conduite par l’encyclopédiste Patrick Gaumer fera découvrir les facettes inexplorées de cet auteur contemporain capital, « Grand Boum » l’année dernière.
Pierre Tombal dessiné par Marc Hardy, qui est à Raoul Cauvin ce que sont les Idées noires à Franquin, est évidemment au cœur d’une exposition consacrée au dessinateur liégeois au pinceau facétieux et virtuose.
Rivages-Casterman-Noir fait le point sur cette collection de polars adaptés en bande dessinée qui a, en quelques mois à peine, imprimé sa marque sur ce genre en librairie.
-Lindingre dessine comme un cochon revient sur ce dessinateur qui arrive à donner à nos contemporains un visage porcin, « trop porcin » dirait Nietzsche.
Mamette de Nob, s’interroge sur le troisième âge, parfois plus enfantin que le premier.
Fritz Haber de David Vandermeulen, Prix de la bande dessinée d’histoire à Blois, revient sur le parcours de ce chimiste allemand d’origine juive à la fois bienfaiteur de l’humanité en inventant le principe de l’engrais chimique qui sauva le monde de bien des famines, à ce titre, Prix Nobel de Chimie en 1918 et en même temps le père de « l’arme chimique » qui fit de grands dégâts lors de la Première Guerre mondiale.
Transports Sentimentaux, une exposition itinérante sur les transports publics par Philippe Thirault et Christine Circosta.
Les enfants sauvés recueillent les planches de l’album éponyme aux éditions Delcourt qui raconte les témoignages d’enfants juifs cachés pendant la Seconde Guerre mondiale pour échapper aux griffes de leurs bourreaux nazis.
Enfin, l’Affaire des affaires de Denis Robert, Laurent Astier et Lindingre permet de s’initier (sans délit !) aux arcanes du procès de l’année dont le verdict tombera le 28 janvier prochain, au moment du Festival d’Angoulême.
Ceci n’empêche pas le Festival de s’intéresser au Nouveau Talent qu’est Nicolas Moog, un régional de l’étape.
Les animations sont nombreuses sur ce Festival soutenu par de nombreuses institutions nationales et régionales, partenaires et sponsors (ils partagent, avec Angoulême, le privilège d’être sponsorisés par la Caisse d’Epargne) notamment des formations, des stages, des animations dans la maison d’arrêt toute proche, des ateliers, des débats… Sans compter les quelque 135 auteurs annoncés en dédicace !
Bref, si le week-end prochain, le passionné de BD que vous êtes laisse tomber un temps ses lectures pour une ballade, le Blésois, une destination finalement assez proche de Paris, peut faire l’objet d’un parcours aussi passionnant qu’instructif.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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BD BOUM à Blois
Les 20, 21 et 22 novembre 2009.
Tout le programme sur le site du Festival