Marie, petite brune ordinaire sans relief, traverse une période de crise et éprouve l’envie de tout quitter : boulot, famille, amis. Au retour de vacances au ski, le temps d’un face à face avec son reflet dans le miroir des toilettes d’une station-service, elle passe à l’acte et disparaît, sans crier gare, au bras d’un routier italien... Très vite, la vacuité de cette aventure la rattrape et la laisse désemparée.
Cati Baur, l’auteur de J’arrête de fumer, aborde donc un sujet rarement exploré en bande dessinée : le départ volontaire d’un père ou d’une mère de famille quittant du jour au lendemain conjoint, enfants et logis. Il faut sans doute être parent pour comprendre le cheminement mental de cette fuite et ce sentiment d’être parfois emprisonné par ceux qui vous aiment. Toutefois, cette mise en situation se développe rapidement en d’autres questions fondamentales, comme la plénitude d’une relation, la solitude, la vie d’hôtel, etc.
C’est avec beaucoup de sensibilité que Cati Baur décrit cette escapade qui n’en finit pas. La question de la confiance entre deux êtres est également fortement mise en avant, et on comprend peu à peu que lorsqu’une relation est basée sur le mensonge, elle finit par péricliter un jour ou l’autre.
L’album joue sur un grand nombre de cases muettes pour plonger le lecteur dans les pensées supposées de l’héroïne. Chaque personne lisant donc le livre, remplit les blancs par ses propres réflexions, nourrissant le récit pour mieux se l’approprier.
Si l’histoire pèse parfois par sa lenteur (un chapitre de moins n’aurait rien enlevé au fond du récit), cette immersion sensible est particulièrement intéressante, voire poignante. Bien entendu, l’aspect moralisant du genre « tout ce qui brille n’est pas or » aurait pu être évité, mais cela ne gâche pas pour autant le plaisir du lecteur.
(par Charles-Louis Detournay)
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Visiter le blog de Cati Baur, alias Princesse Capiton, et celui de son album, Vacance
Les illustrations sont © Baur/Delcourt.