Cette série suit l’ordre chronologique des événements. Avec ce quatrième tome, nous sommes à la fin de l’année 1967. Le correspondant de guerre Scott Neithammer accompagne les hommes au combat durant leurs opérations. Tout est admirablement décrit. L’armement, par exemple : le « beehive rounds » (un obus qui libère 8.000 fléchettes). Tiré à bout portant lors d’un assaut, on vous laisse imaginer les ravages.
Les différents types d’hélicoptères sont exposés. Ainsi les OH-6 utilisés pour la reconnaissance, les Hueys « heavy hog » (engins d’assaut) ou encore les modèles D qui servaient pour le transport de troupes ou l’évacuation des blessés.
Les différentes tactiques de combat sont bien expliquées. Pour n’en citer qu’une : « avancer en perroquet » est une manœuvre consistant à envoyer la moitié d’une patrouille prendre une position défensive 20 mètres en avant. Ensuite la seconde moitié la devance et exécute le même ordre.
Mais par-dessous tout, c’est l’état d’esprit des hommes qui transparaît le mieux : l’angoisse, le stress, la peur, la bestialité, le découragement, les sursauts d’humanité, l’espoir de rester en vie si proche de la quille. Les uniformes suintent. C’est la gorge serrée que l’on progresse au milieu de la troupe au cœur de l’enfer vietnamien. La particularité de ce comics est qu’on a vraiment l’impression d’y être. L’auteur a vécu ces bouleversements intérieurs ou en a été le témoin, ce qui se ressent immédiatement.
Les Marines avaient pour credo de ne jamais laisser un des leurs aux mains de l’ennemi. Quoiqu’il en coûte, même au prix de pertes supérieures. Ils allaient toujours rechercher leurs frères d’armes. Ce grand principe avait pour but d’instaurer une confiance inébranlable chez ces soldats envoyés au front.
Les atrocités subies dans les deux camps sont également étalées sous vos yeux. Il n’était pas bon être vietnamien sous les bombes US, mais le sort des prisonniers américains n’était pas plus enviable. Et à leur sujet, chaque épisode se termine par une fiche qui résume une partie du forum des prisonniers de guerre qui s’est tenu le 1er février 1988 à la Western Connecticut State University à Dansbury. Malgré leurs efforts pour récupérer les leurs, certaines indications permettaient de croire que de nombreux hommes étaient toujours prisonniers au Vietnam.
Cette BD réaliste constitue un témoignage bouleversant de ce conflit. Elle comprend quatre épisodes qui sont autant de missions indépendantes. L’action n’est pas en reste : les scènes de combat sont spectaculaires. Il faut cependant supporter des scènes d’une rare violence, car aucun détail n’est épargné au lecteur. Vous êtes prévenus.
(par David SPORCQ)
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