Albums

Voleur de poules - Par Chabane & Knobelspiess - Carabas

Par Marie M le 22 janvier 2008                      Lien  
Les gars K. comme on les appelle au village, commettent des larcins pour s'extirper de leur misère. Du vol des poules dans le poulailler des voisins pour nourrir la famille au vol du coffre "Fichet-Bauche" qui va leur jouer un vilain tour, les tentatives s'accumulent sans que la situation ne s'améliore pour autant. Mais comme dit le père de Roger : " Demain, ça devrait aller."

Ni dans du Victor Hugo, ni dans du Zola, on est pourtant dans une épaisse couche de crasse sous laquelle les personnages se tiennent mal, de travers, gauches, voûtés, chauves. On est dans du Knobelpeiss. Quel genre de littérature est-ce ? C’est la description d’une enfance. Celle du miséreux qui s’autorise des incartades pour s’élever. Pas folichonnes, les incartades. L’ambiance est glauque, abrupte, douloureuse et pourtant, malgré les dialogues minimalistes aussi rugueux que leurs auteurs, la voix off fait preuve d’une richesse de plume très personnelle. Quelques belles phrases posées là, ce sont les pensées de Roger Knobelpeiss et ses commentaires sont parlants. Rien n’est drôle dans cette histoire sauf peut être la paradoxale situation entre la pauvreté dans laquelle les personnages ne veulent pas rester, leurs grandes intentions, leurs plans et les moyens artisanaux qu’ils mettent en œuvre. Le dessin, appuyant peu sur les formes, laisse l’imaginaire libre de gambader tout autant que les personnages. Ce qu’on y voit c’est la liberté dont-ils rêvent. Ce qu’on y voit c’est qu’ils restent prisonniers de leur milieu même dans des tentatives de vol. Quand on a la poisse, on a la poisse.

Du Knobelspiess ne peut pas être très gai quand on sait la vie de l’homme et de ses années de prison, la BD adaptée de son roman est tout aussi lourde que le coffiot. Tout le poids de la détresse nous tombe sur les épaules, on finit par plaindre tout le monde, les voleurs et les poules.

Le dessin de Chabanne met l’accent sur la misère et les couleurs ternes imprimées sur un papier mat absorbant augmentent encore l’impression de l’échec. Aucun éclat. Tout se tient, tout est cohérent et finement réalisé, mais de là à dire que nous avons été conquis, il reste du chemin à parcourir.

L’histoire veut montrer l’amour passionné d’un fils pour son père, il en ressort une grande rigueur familiale avec peu d’attention pour les femmes et une inadaptabilité évidente de l’être humain. Une liberté particulièrement oppressante.

Voleur de poules - Par Chabane & Knobelspiess - Carabas

(par Marie M)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Marie M  
A LIRE AUSSI  
Albums  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD