Livrer un colis dans un pays voisin, quelle aventure... Qui pourrait croire qu’un tel pitch vous emmène dans un album fascinant, au ton et à l’esthétique remarquables ? Ce premier opus de Tarmasz peut même prétendre au titre de meilleure surprise de ces derniers mois.
Ce périple aux allures anodines nous plonge dès les premières pages dans un univers surréaliste, à la fois inquiétant et magique. Aux côtés de notre voyageuse en mission, nous découvrons un pays hors du temps, entre dictature voilée et royaume protégé. Mais ce climat envoûtant doit beaucoup également au trait de l’auteure. Dans une bichromie rehaussée d’une seule couleur, jaune d’or, les formes sont à la fois précises et bancales. Elles créent des décors à l’élégance décalée, avec des effets d’empilement, de superposition et de nombreux ornements. En parallèle, Tarmasz distille des interludes encyclopédiques, passionnément détaillés, racontant les coutumes, l’histoire, les croyances de la République de Crabe. Même le lettrage montre une originalité qui apporte à la magie du récit.
Et comment ne pas penser à ce symbole, le crabe, d’une maladie crainte parmi toutes ? À cette évocation de personnages fermés, obtus, fatalistes ? A cette mission absurde et dangereuse menée par un personnage constamment isolé ?...
Tant dans la richesse des idées d’illustration que dans la cohérence de ce pays imaginaire, Tarmasz peut sans conteste soutenir la comparaison avec un David B. Quelle belle révélation !
(par David TAUGIS)
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