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Voyageur T1 : "Futur 1" - par Boisserie & Stalner - Glénat

Par Charles-Louis Detournay le 11 avril 2007                      Lien  
Annoncé depuis un certain temps, et précédé par un tirage spécial, la série du Voyageur vient bousculer le quotidien de la BD : déplacements spatio-temporels, intrigues futuriste et historique et thriller pour treize albums prévus en 4 ans, menés tambour battant par une équipe de 7 dessinateurs, dont le célèbre Guarnido.

Quelques jours avant l’achèvement de la série à succès Triangle secret–INRI [1], les éditions Glénat passent le flambeau au Voyageur. C’est notamment Didier Convard, scénariste de ces histoires ésotériques, qui a soutenu le travail de Boisserie & Stalner. Les parallèles techniques sont nombreux entre les deux sagas : dessinateurs multiples, échéancier préprogrammé, couverture réalisé par un artiste confirmé, Juillard laissant sa place à Guarnido, l’auteur de Blacksad, qui réalisera d’ailleurs le treizième et dernier tome prévu en mai 2011. Glénat mise gros sur ce projet, et si la maquette sent le déjà-vu, le contenu est heureusement fort innovateur.

Voyageur T1 : "Futur 1" - par Boisserie & Stalner - Glénat

2082, Granparis. La fondation Markovic qui dirige industriellement l’Europe en bafouant secrètement toutes les règles écologiques, a bâti son luxueux quartier général sur la rive droite de la mégapole. Son dirigeant élève des cobayes humains, auxquels il a implanté un gène quantique lors de leur conception in vitro, rendant possible les déplacements spatio-temporels déclenchés par la pensée. Mais deux de ces potentiels Voyageurs s’échappent, aidés par un mystérieux balafré, qui semble avoir un très proche lien de parenté avec un des rescapés. S’ensuit le dur apprentissage de la vie et des nouveaux pouvoirs qu’ils gardent en eux. Mais les épreuves qu’ils ont traversées les ont péniblement éprouvés, et leur vision du monde en sera à jamais modifiée. Lorsqu’on possède de telles capacités, comment ne pas vouloir aider le monde, même malgré lui ?

Prévue en 13 tomes, la série se décline en 3 cycles autonomes de 4 albums. Celui du futur, dessiné par Eric Stalner ( le Boche, Malheig, Fabien M., le Roman de Malemort, le Fer et le Feu, les Poux, …), rélève plus de l’aventure d’anticipation : il montre l’adolescence du Voyageur et l’émergence de sa capacité à se déplacer d’abord dans l’espace, puis dans le temps. Le cycle du présent, qui sera dessiné par Marc Bourgne ( Barbe-Rouge, Franck Lincoln ), est un thriller rapide et tendu, où on retrouve notre héros, âgé d’une vingtaine d’années, venant de faire son premier saut quantique à rebrousse-temps. Amnésique, il doit reconstituer son passé qu’il ne peut retrouver puisqu’il est dans le Futur et fait face aux services secrets qui, ayant repéré ses apparitions multiples à travers les siècles, le croient immortel. Enfin, chacun des 4 albums du cycle du passé incarnera une époque différente : l’0ccupation par Siro (Aquablue), le XVII° par Eric Lambert (Merlin), le Moyen-Âge par Lucien Rollin (Ombres), et enfin les arènes de Lutèce mises en images par Eric Liberge ( M Mardi Gras Descendres ). Guarnido conclura donc la série en effectuant le dernier saut quantique, de l’antiquité au XXI°, pour sceller à jamais le destin du Voyageur.

Avançant à contretemps, la série se veut cohérente, tout en se constituant d’histoires séparées. Le fil rouge sera personnalisé par les deux héros principaux, et par le cadre commun à toutes leurs aventures : Paris. Devenu scénariste à plein temps, Pierre Boisserie (Nova Genesis, Eastern) s’est beaucoup investi dans ce projet. En collaboration avec Eric Stalner, les auteurs de la Croix de Cazenac ont imaginé une course-poursuite fratricide à travers les âges. Deux amis, liés depuis la plus tendre enfance, s’opposent sur un point de vue majeur : faut-il modifier le passé pour empêcher la perversion de la Terre, ou ne vaut-il pas mieux se résigner à ce qu’on connaît pour éviter de provoquer une situation encore plus tragique ?

En s’éloignant d’un dessin légèrement figé qui convenait particulièrement aux récits historiques, Eric Stalner nous a confié dernièrement qu’il souhaitait dessiner plus rapidement. Ce trait vif sert les poursuites, tout en laissant la part belle au Paris futuriste, qui a sans doute tapé dans l’œil du directeur de collection Didier Convard, auteur des Chats, et de Neige. La fracture sociale de l’état totalitaire est fort bien représentée, en particulier par les gardes du groupe financier dictatorial, véritables clones aux visages impassibles et dotés de gadgets technologiques assez crédibles, qui créent à eux seuls un lourd sentiment d’oppression.

Les couleurs de Jean-Jacques Chagnaud seront le trait d’union des 13 tomes. Toutes en sobriété, elles renforcent néanmoins le climat d’opulence de la cour face au quotidien miséreux de la plèbe. A noter les nuances du ciel parisien, soulignant la pollution ambiante.

Plus qu’une série de science-fiction, Voyageur utilise le suspens comme moteur principal de ses intrigues. Jouant avec le lecteur, ses scénaristes multiplient les pistes et les indices, pour mieux nous aguicher. Ce premier tome, qu’on prend déjà plaisir à parcourir en tous sens pour en résoudre les énigmes, nous présente la genèse des personnages principaux, et les thèmes abordés par la série : déplacement spatio-temporel, rivalité entre amis d’enfance, avec comme arrière-plan le questionnement écologique.

Les signes distinctifs pour reconnaître le voyageur à travers les âges et les dessinateurs : cheveux blancs, yeux vairons et cicatrice sur le front

(par Charles-Louis Detournay)

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