La saga revient dans le présent : contrairement à sa mère, le fils du Voyageur est sauvé et grandit sur une île avec son père et sa mère adoptive. Un répit de courte durée, puisque le jeune Louis Markovich et sa mère sont retrouvés et pris en charge par le Dogme : le même organisme qui a voulu des années auparavant éliminer le Voyageur, mais qui réalise maintenant que son fils pourrait être leur seule opportunité pour reprendre la main sur un monde qui sombre dans le chaos…
C’est dans les arènes de Lutèce, pendant l’Antiquité, que l’on retrouve Vedder et Issa. Ils disparaissent dans le flux pour réapparaître à Paris en 2070. Après être allé chercher Mac, tous hésitent sur la bonne marche à suivre : Vedder doit-il aller dans le passé sauver les enfants, comme il l’a lui-même vécu dans son passé ? Aurait-il un espoir de sauver Lili ? Et plus généralement, en agissant sur le passé, peuvent-ils empêcher les événements funestes à venir ?
C’est le rêve de tout auteur de réaliser une grande saga qui marque la bande dessinée d’une empreinte durable ; tout comme c’est le secret espoir de tout lecteur de lire une telle œuvre ! Après avoir réalisé les couvertures de douze précédents tomes, c’est Guarnido, le talentueux dessinateur de Blacksad, qui voulait poser la dernière pierre de cet imposant édifice : de quoi espérer une apothéose...
Ce n’est malheureusement pas le cas. Après une introduction intéressante et presque captivante dans le futur, le cycle du présent avait souffert d’une trop long développement comme l’expliquaient eux-mêmes les auteurs. Pour le bonheur du lecteur, le cycle du passé avait alors été largement à la hauteur de ses attentes, avec certains albums qui se sont révélés comme des joyaux du genre.
Mais la barre était sans doute placée trop haute pour la conclusion Omega, car si le scénario est globalement intéressant et répond à toutes les questions levées dans la série, il n’y a aucune véritable surprise, et les éléments dévoilés permettent seulement de raccrocher la généalogie des divers événements précédents, sans justifier d’avoir tenu si longtemps le lecteur en haleine.
Le dessin de Guarnido ne sauve pas plus la mise, car si le dessinateur est au sommet de son art avec Blacksad, cet album est au niveau des couvertures qu’il a réalisées pour la série : parfois intéressantes, mais souvent à côté de la plaque. Les grandes gueules ouvertes qui conviennent aux animaux dénotent dans le réalisme de Voyageur et, en voyant les dernières pages, on se dit que le grand auteur qu’est Guarnido aurait été plus à son aise dans le passé, que dans le présent et le futur.
Cet album ne devrait pour autant pas réellement décevoir le lecteur qui aura suivi la série, mais il ne fera pas entrer Voyageur dans lOlympe des grandes œuvres de la bande dessinée, Il y a surtout de quoi s’étonner de le retrouver dans la sélection angoimousine...
S’agit-il de souligner la série entière alors qu’elle en est à sa conclusion, comme cela avait été le cas pour Lupus [1] ? Pour sa part, Frederik Peeters le méritait réellement...
(par Charles-Louis Detournay)
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[1] Lupus avait été sélectionné pour son premier tome et son deuxième. Il avait été primé pour sa conclusion.
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