Walking Dead T24 - Par Robert Kirkman et Charlie Adlard - Delcourt

Ainsi, ce nouveau tome déploie, en parallèle, un grand nombre de fils narratifs, appelés à se croiser, de manière dramatique s’entend, dans les dernière pages de lecture.

Michonne réintègre l’aventure, et avec elle nous découvrons un nouvel horizon pour nos survivants, celui d’une communauté installée sur le rivage et pratiquant la pêche au large. Source d’une future pérégrination des héros ? On ne peut s’empêcher d’y songer. Mais l’occasion surtout de faire le point sur le personnage, et sur sa relation, avec Ezechiel d’une part et avec la perspective même du bonheur d’autre part.

À Alexandria, c’est jour de fête. La foire doit bientôt ouvrir, au cours de laquelle les communautés désormais en paix doivent célébrer ce retour à un modèle civilisationnel connu, enfin préservé de la menace de zombies. Une façon pour les survivants de se rappeler d’où ils viennent, mais sans doute aussi d’oublier, de passer outre les désastres antérieurs, celui des zombies et celui des tyrans.

Et c’est bien là le cœur de ce nouveau volume, le questionnement qui sous-tend, encore une fois de manière fine et intelligente, l’ensemble de l’intrigue qui prend forme, et corps, littéralement, sous nos yeux. Les hommes peuvent-ils reconstruire le monde tel qu’ils l’ont connu, repoussant simplement la menace, et le passé immédiat, le drame, derrière une frontière arbitraire, tout autant physique que mentale ? Ou bien doivent-ils vivre avec ce qui s’est produit, au sens propre comme au sens figuré : avec les morts à qui l’on n’a pu dire adieu, comme Michonne, mais aussi avec les morts-vivants, comme le proposent les Chuchoteurs.

La foire, symbole d’un bonheur précaire, pour ne pas dire trompeur

Walking Dead tome 24 : Opportunités © & ™ 2015 Robert Kirkman, LLC. Tous droits réservés. © 2015 Éditions Delcourt pour la présente édition.

C’est donc le deuil qui fait irruption, à l’échelle individuelle et à l’échelle collective, métaphorisé par le nouveau groupe d’antagonistes, et avec lui la construction d’une identité, collective et individuelle, encore une fois, fondée sur la question de la mémoire et de l’oubli. Dans cette dialectique superbement mise en scène par le récit de Robert Kirkman, les figures d’Alpha d’une part, de Negan d’autre part, antagonistes du présent et du passé, renvoient en creux à Rick, notre héros, le reflet d’une humanité à construire autant qu’à retrouver.

De son côté, Charlie Adlard nous livre dans ce volume quelques planches qui ne manqueront pas d’estomaquer le lecteur, qu’il s’agisse des ouvertures vers l’océan, de la fébrilité de la foire, du campement de Chuchoteurs, de la plus grande horde de zombies jamais vue jusqu’à présent - si si ! - ou encore des dernières pages qui nous replongent directement, si besoin était, dans l’horreur.

Walking Dead a décidément de beaux jours devant elle, tant les auteurs maîtrisent leur sujet et parviennent continuellement à renouveler l’intérêt de la série.

Une horde, comme nous n’en avions jamais vue !

Walking Dead tome 24 : Opportunités © & ™ 2015 Robert Kirkman, LLC. Tous droits réservés. © 2015 Éditions Delcourt pour la présente édition.