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Watch Digital Comics : l’enseignement de la BD passe lui aussi au financement participatif

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 12 août 2015                      Lien  
Il y a quelque jours, nous vous parlions de [ces différentes formes que prend le financement participatif de la BD->http://www.actuabd.com/Bande-dessinee-le-financement], devenu le levier financier (ou la bouée de secours?) d'un nombre élargi d'initiatives touchant à la BD : financement d'un nouvel album, d'une continuation de série, d'un ouvrage difficile à distribuer en librairie (BD érotique) ou encore un festival de BD comme celui de Solliès-Ville. Aujourd'hui, c'est un atelier de formation de la BD qui s'y met et qui réussit son pari.

"Il y a pas mal d’années j’ai animé une rubrique hebdomadaire sur la Bande Dessinée pour les Dernières Nouvelles d’Alsace, nous raconte Thierry Mary, qui anime depuis 2003 une formation à la BD, L’iconograf (anciennement atelierbd.com) situé à Strasbourg. Durant cette glorieuse époque, il y avait environ 700 à 800 titres qui sortaient par an, et une nouveauté étaient généralement tirée à 10 000 ex, les éditeurs étaient sur de pouvoir vendre au minimum 3 000 ex (en gros les collectionneurs qui pouvaient se permettre d’acheter tout ce qui sortaient). Actuellement le tirage d’une nouveauté se situe plus aux environ des 3 000 ex, pour une vente moyenne de 1000 à 1500 ex, mais c’est une moyenne, ce n’est plus un chiffre garanti par des collectionneurs, qui ne peuvent plus tout acheter. Un jeune auteur totalement inconnu vendra plutôt aux environ de 500 ex…"
Face à cette situation, les écoles de BD sont face à un dilemme : "Je sais qu’il est parfois reproché aux formations BD de produire des wagons de galériens qui n’auront pas de job. L’iconograf se limite en nombre d’élèves (le maximum ayant été de 35 répartis sur les trois ans que dure la formation et tous ne vont pas au bout). La formation permet aussi de travailler dans l’illustration et pas que dans la BD, même si l’illustration est aussi une galère, cela reste plus simple de trouver du boulot dans ce domaine ou les donneurs d’ordres sont bien plus nombreux et diversifiés que dans la BD avec un rapport temps/travail/rémunération plus élevé."

D’où le projet Watch Digital Comics : "Au vu de la difficulté pour les jeunes auteurs de trouver une place chez les grands éditeurs, nous avons lancé, il y a environ deux ans, les bases d’un projet éditorial : Watch Digital Comics. Le principe : 600 pages minimums de BD par an. En français et en anglais pour un abonnement de 36 euros par an, à lire sur tablette et ordinateur Les lecteurs peuvent télécharger les fichiers au format PDF. pas de DRM" nous dit Mary.

Watch Digital Comics : l'enseignement de la BD passe lui aussi au financement participatif
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Pour les élèves, cette publication est qualifiante : "Les élèves de L’iconograf qui valident leur formation se voient donner la possibilité de réaliser un projet pour Watch, (sorte de quatrième année bonus durant laquelle ils sont rémunérés). Les auteurs participant ne sont pas seulement issus de L’iconograf, certains sont situés à Paris ou Lyon, ainsi qu’en Espagne, ils sont actuellement une douzaine." Il est vrai aussi que cette vitrine pourra être consultée, du fait de sa parution en deux langues, par les éditeurs du monde entier.

Pourquoi passer par le financement participatif ? "La campagne Kickstarter à deux raisons d’être, nous dit Thierry Mary : en tant qu’outil de communication, d’où le choix de Kickstarter plutôt qu’Ulule ou Kisskissbangbang afin de donner un peu de visibilité en direction de lecteurs ayant déjà adopté en partie la lecture digitale, et pour le financement partiel de la partie logiciel du projet, le contenu étant lui financé par ailleurs."

Comme toujours, ce mode de financement s’accompagne de "goodies" pour les contributeurs généreux. Ici, les stickers cadeaux.

Cette opération ne se limite pas à la seule bande dessinée mais aussi au jeu vidéo : "D’une façon plus générale, L’iconograf se transforme en une structure transmédia qui mêle à la fois la formation et la création avec Watch et le studio de création de jeux vidéo « I’m a dog » et son premier projet CIBO nous dit Mary. Difficile, à ce stade d’en appréhender le résultat. L’opération pourra-t-elle se pérenniser dans la durée, comme l’espèrent leurs initiateurs ?

En tout cas, hier, l’opération de financement avait atteint son objectif : 109% de la somme demandée avec 6700€ récoltés et 148 contributeurs. Dommage cependant que les auteurs soient si peu mis en avant sur le site où seuls les titres de séries sont clairement mentionnés. On aurait aimé aussi une idée plus précise des scénarios qui nous sont proposés et du nombre de pages de chaque histoire, même si les pages présentées son alléchantes.

Ces nouvelles pratiques de financement changeront-elles le visage de la BD franco-belge ? Il nous faudra bien plus que sept boules de cristal pour le savoir...

La répartition des attributions financières du projet de Watch Digital comics
La part des auteurs n’est pas clairement attribuée. C’est 5% ?

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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