Jaime Bonkowski de Passos s’en était fait l’écho dans nos pages : Fayard et Glénat s’associent pour sortir une « véritable histoire du western. »
C’est ainsi : comme les zombies, les vampires, les dragons ou encore les vikings, certains genres semblent éternels. Jesse James, Wild Bill Hicock, Calamity Jane, Geronimo, on les a vu passer dans Lucky Luke et les batailles de Little Big Horn ou d’Alamo, La Ruée vers l’or sont des classiques du cinéma...
La popularité de ces personnages et de ces évènements a largement dépassé les frontières des États-Unis dès la fin du XIXe en proposant une nouvelle mythologie faite de bandits, de shérifs, de tuniques bleues ou d’indiens qui a fait florès y compris dans la bande dessinée.
Comme dans la série d’albums Ils ont fait l’histoire sur de grands personnages historiques, précédente collection de l’association entre les éditions Glénat et Fayard, et à rebours de l’enseignement actuel de l’histoire où l’on préfère mettre en avant un contexte plutôt que des « héros » de l’Histoire, ici ce sont les "figures" qui sont mises en avant : Napoléon et Gengis Khan font place à Jesse James ou Wild Bill Hickok, sous de scénarios signés Dobbs avec Chris Regnault au dessin pour le cow boy « robin des bois » et Ennio Bufi pour animer le plus fin tireur de l’Ouest.
L’historien Farid Ameur, spécialiste des États-Unis, les accompagne pour trier le grain de l’Histoire de l’ivraie de la légende, avec un dossier pédagogique en fin de volume.
Les deux premiers albums parus le 18 mai 2022 sont plutôt joliment dessinés mais les trames sont classiques. Peut-être un peu trop. Il n’est pas vain de penser qu’aujourd’hui, sans tomber dans une réinterprétation excessive, on peut se rappeler que Buffalo Bill ou Emmett Dalton ont construit eux-mêmes leur propre mythe en conseillant les producteurs de spectacle ou ceux d’Hollywood. Que le western dans son ensemble, comme tout mythe – vous savez, c’est la thèse de René Girard dans Le Bouc émissaire, dissimule un grand crime, ici le génocide de la nation indienne.
On trouve dommage qu’au XXIe siècle, on continue à valoriser des gens comme Jesse James ou Wild Bill Hicock qui sont en fait des crapules.
Mais bon, c’est le propre des mythes de proposer des modèles qui ont l’air sortis de nulle part. Si cela peut aider les jeunes lecteurs à se construire, pourquoi pas ? Mais un peu d’esprit critique dans tout ce romantisme n’aurait pas fait de tort.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Jesse James par Dobbs et Chris Regnault et Wild Bill Hicock par Dobbs et Ennio Bufi, publiés l’un et l’autre chez Glénat en association avec Fayard.
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