Loser sarcastique vaguement mondain, Pascal résiste mal à une proposition de soirée atypique : spiritisme au programme. Avec le grand amour de sa vie frustrante, pas question de passer outre, car la belle Marina joue toujours les vamps avec cette fausse indolence qui enflamme ses sens. Dubitatif au départ, Pascal se retrouve entraîné dans une dimension parallèle et la séance vire au cauchemar psychédélique.
La collection Une case en moins prouve avec cette quatrième sortie sa grande liberté de ton. White Spirit balance entre plusieurs genres, apparaissant comme un hybride au ton neuf. Un inventaire à la Prévert : chronique sentimentale, récit fantastique horrifique, farce délirante, journal intime cauchemardesque, gore décalé... Les dialogues offrent quelques pépites du type :
« - Rien ne vous a touché pendant votre enfance ?
Si, mon oncle. »
L’esthétique générale rappelle Grégory Mardon et nombre d’auteurs contemporains férus de chroniques urbaines, mais aussi les comics indépendants, dans un noir et blanc qui varie subtilement ses charges foncées. L’album dérange et fascine à la fois, nous perd dans ses méandres, triture les malaises de son personnage principal, tantôt insupportable de suffisance, tantôt touchant de solitude. Finalement bien peu de comique immédiat dans cet opus du côté sombre de la farce, mais un ton qui tranche avec le tout-venant, avec un final typé SF de l’âge d’or. Le signe de références riches et joyeusement entremêlées.
(par David TAUGIS)
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