Wolverine – Par Chris Claremont & Frank Miller – Panini Comics

« Un Classique » : voici les premiers mots qui nous viennent à l’esprit quand il s’agit d’évoquer cette œuvre, elle qui a lancé le mutant Wolverine vers une fructueuse carrière solo jusqu’à nos jours. L’émergence et l’existence de ce personnage tel qu’on le conçoit aujourd’hui, nous le devons à l’excellent scénariste Chris Claremont. Au début des années 1980 (plus précisément en 1982), pendant qu’il transforme une série de seconde zone de Marvel en succès planétaire hégémonique (les X-Men), Claremont parvient grâce à une nouvelle série à continuer de transformer un personnage anecdotique apparu dans la série L’Incroyable Hulk en un personnage parmi les plus adulés par les fans, Wolverine. « [Il est] le meilleur dans sa partie. Mais ce [qu’il fait] n’est pas joli. » : les lecteurs des X-Men connaissaient alors les nouveaux traits qui définissaient cet ancien espion devenu un des nouveaux X-Men aux méthodes plus expéditives (ah, l’intemporel épisode de La Saga du Phénix noir où Wolverine pénètre dans le club des damnés et laisse parler ses griffes pour l’une des premières fois...), mais Claremont allait appuyer sur l’accélérateur et emmener ses lecteurs vers des sommets inattendus avec ce personnage.

Le Japon est le cadre cette aventure, mais aussi son essence : Wolverine est, à l’instar de Daredevil par Frank Miller (qui réalise les sublimes planches de cet album), l’une de ces histoires fondatrices des Comics contemporains qui ont fait entrechoqué les cultures américaine et nippone dans les années 1980. Le Japon et ses traditions, notamment dans la façon de penser et de se comporter, vont être intégrés dans l’essence du personnage de Wolverine : plus qu’une simple machine à tuer qu’on pourrait qualifiée selon les circonstances de « cool » ou de « bestiale », Logan va se révéler être un gaijin [1] qui a assimilé ce qu’est se comporter comme un samouraï quand on est quelqu’un amené à combattre souvent. Les planches de Frank Miller magnifient le parcours initiatique au Japon qu’a préparé Claremont pour Logan : près de 40 ans derrière sa première parution, l’ensemble conserve toujours sa cohérence et sa puissance d’évocation à sa lecture.

Logan a du pain sur la planche : les ninjas de la Main ont tout intérêt à le voir mourir !

© Marvel

Si d’aventure le Japon n’a peu d’attrait à vos yeux, cet album demeure tout de même un incontournable pour l’écriture de ses personnages, Wolverine en tête. Logan découvre que sa petite-amie, Mariko, a été mariée de force par son père au Japon : ni une ni deux, il part pour le pays du soleil levant pour découvrir si son aimée est en paix avec ce choix. Humilié lors d’un combat singulier par ce père difficile et semble t-il renié par Mariko qui n’avait jamais vu Logan dans un tel état bestial à cause d’un combat, Logan est dévasté... Mais, le lecteur le sait bien : c’est dans l’adversité la plus absolue ou la situation la plus désespérée qu’un héros se révèle. Est-ce que Logan saura prouver qu’il est bien plus que la bête que l’on veut bien voir de lui ?

Un récit intemporel et savoureux de Chris Claremont, des planches dynamiques et sublimes d’un Frank Miller alors en très grande forme, une très jolie couverture de l’illustrateur français Mathieu Lauffray pour accompagner cette édition anniversaire... Nous ne pouvons que vous recommander très chaudement la découverte de cet album si vous êtes un nouveau lecteur ou pour les amateurs, de vous replonger dans cette aventure incontournable.