Valin s’entraîne depuis des années pour devenir l’hôte du "Wraithborn". La confrérie secrète à laquelle il appartient l’a formé pour cela et il doit, très prochainement, devenir le nouvel élu de ce pouvoir, seul à même de repousser les forces infernales qui ne manquent pas de se manifester à travers le monde.
Mais alors que la passation de pouvoir doit avoir lieu, l’ancien gardien du Wraithborn tombe dans un piège et, au seuil de la mort, investit une timide lycéenne, Mélanie, de sa lourde charge. C’est le début des ennuis pour une jeune fille dont la principale préoccupation était jusque là de ne pas trop se faire remarquer afin de ne pas subir les moqueries de ses camarades de classe.
Série lancée en 2005 chez Wildstorm, Wraithborn n’avait alors pas rencontré le succès et avait précocement été arrêtée. Depuis Joe Benitez s’est fait un nom, et a connu la réussite, notamment avec Lady Mechanika. Il relance donc cette ancienne série pour la poursuivre, sous son propre label, Benitez Productions.
Apparaissant comme une déclinaison Dark Fantasy du titre d’action Steam Punk gothique qu’est Lady Mechanika - bien qu’on puisse parler d’ébauche étant donnée l’antériorité de cette série - Wraithborn offre des attraits similaires, à commencer par le dessin de ses personnages féminins, héroïnes et antagonistes confondues, aux formes fantasmatiques et aux postures aguicheuses, et dont on admire tout au long de la lecture les performances physiques extraordinaires.
Mais on y retrouve aussi les mêmes travers, plus marqués encore : d’une part une intrigue rudimentaire qui sert juste à poser un cadre et à inscrire le récit dans un genre afin d’installer une vague atmosphère - ici tout ce qui a trait à l’horreur et au fantastique ; d’autre part, un scénario simple prétexte à mettre en scène d’épouvantables monstres griffus et dentus dans un rapport de soumission/domination aux splendides représentantes de la gent féminine, entre corps à corps tendus et danses macabres.
Les fans du dessinateur doivent bien évidemment se réjouir de la renaissance de cette série dont on peut dorénavant attendre la suite. Mais on pourra toutefois se dire que si Wraithborn n’avait pas trouvé son public il y a douze ans de cela, c’est qu’il y avait peut-être à cela certaines raisons...
Si les premières pages nous promettent une héroïne éminemment « badass », il n’en est rien dans ce premier volume. L’innocente Mélanie se révèle terriblement nunuche, incapable de s’extraire de la position de victime dans laquelle elle reste malheureusement trop longtemps figée. Cela rend assez pénible le fait de suivre ses aventures dans lesquelles elle demeure, dans ce premier tome, avant tout passive. Très premier degré dans l’horizon qu’il trace, Wraithborn peine du coup à nous convaincre et nous apparaît, en fin de compte, plus kitsch que pulp.
(par Aurélien Pigeat)
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