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Xavier-Laurent Petit : « Mille Bulles veut profiter de la synergie entre les éditeurs et L’École des Loisirs »

Par Charles-Louis Detournay le 25 juin 2010                      Lien  
En partenariat avec les grandes maisons d’éditions de bande dessinée, L’École des Loisirs a entamé la publication d’une nouvelle collection intitulée « Mille bulles », des albums brochés au prix de 5,90 €. Son directeur de collection nous en dit plus.

Nous vous en parlions récemment, L"École des Loisirs a sauté le pas en proposant une collection dédiée spécialement à la bande dessinée, reprenant des titres jeunesse d’éditeurs spécialisés :

Xavier-Laurent Petit : « Mille Bulles veut profiter de la synergie entre les éditeurs et L'École des Loisirs » Étoile : Le Petit Cirque par Rascal & Peter Elliott en coédition avec Delcourt.
- Louisette La Taupe : Rapidissimo de Bruno Heitz en coédition avec Casterman.
- Ludo : Tranches de Quartier par Denis Lapière, Pierre Bailly & Vincent Mathy, en coédition avec Dupuis.
- Max & Zoé : la grosse bêtise par Étienne Davodeau et Joub, en coédition avec Delcourt.
- Monsieur Blaireau et Madame Renarde : la Rencontre par Brigitte Luciani et Ève Tharlet, en coédition avec Dargaud.
- Le Vieil homme ou le Serpent ? par Toni & Slade Morrison, et Pascal Lemaitre, en coédition avec Casterman.

À l’automne, une deuxième fournée d’albums sera présentée :

- Prince Lao - L’île aux loups par Philippe Gauckler, en coédition avec Le Lombard.
- Le Roman de Renart - les Jambons d’Ysengrin de Mathis & Martin en coédition avec Delcourt.
- Le vaillant petit Tailleur de Mazan en coédition avec Delcourt.
- Hyper l’Hippo par Jean David Morvan et Nicolas Nemiri (coéditeur Delcourt)
- Nathalie - Mon premier tour du monde de Sergio Salma en coédition avec Casterman.
- le seconde tome de Monsieur Blaireau et Madame Renarde : Remue-ménage, toujours de Brigitte Luciani et Eve Tharlet, en coédition avec Dargaud.

Directeur de cette nouvelle collection Mille Bulles, l’écrivain Xavier-Laurent Petit nous en livre ses secrets :

La bande dessinée est-elle un genre à part dans la littérature jeunesse ?

Oui, la BD est un genre, si ce n’est "à part", du moins bien spécifique, qui se démarque tout particulièrement des albums. Les relations entre le texte et l’image sont très différentes dans l’un et l’autre.
Dans un album, le texte est "en dehors" de l’image (dessus, dessous, à côté, sur une autre page…). L’un et l’autre s’accompagnent mais tous deux se lisent séparément, ce qui fait qu’il est –par exemple- possible de lire un album à un jeune enfant en lui montrant les images. Dans une BD, le texte est dans l’image et la lecture de l’un est inséparable de la lecture de l’autre (ce qui rend les BD si difficiles à lire à haute voix, tous les parents l’ont remarqué !).
La longueur des BD, les ellipses, les codes spécifiques à la BD (caractères gras lorsqu’un personnage crie, etc…), tout cela fait qu’en règle générale, les BD ne s’adressent pas à des lecteurs tout juste débutants.
En revanche, dès que les enfants commencent à se débrouiller en lecture, la complémentarité entre texte et image devient un atout. Lire des BD, c’est savoir jouer de cette constante articulation entre texte et écrit et comprendre l’un par rapport à l’autre, une "compétence" devenue indispensable dans un monde comme le nôtre où l’image est omniprésente.

Vous avez puisé dans les divers catalogues de grands éditeurs. Comme accueillent-t-ils vos demandes ? Telle une envie de redonner un second souffle à un album ou une série ?

Les cinq éditeurs contactés pour les débuts de Mille Bulles (Casterman, Dargaud, Delcourt, Dupuis et Le Lombard) ont tous immédiatement donné leur accord au projet, sous réserve bien entendu que les auteurs approuvent, au cas par cas, la reprise de leurs œuvres en format "poche".
Le projet Mille bulles est né d’un constat : d’un côté, à l’exception de quelques titres "locomotives" et malgré de très bons titres, les éditeurs BD peinent à trouver la place de leur production jeunesse face à l’énorme production adulte. D’un autre côté, L’École des loisirs n’avait pas de secteur BD. L’idée était donc de créer une synergie entre les expertises des uns et des autres. Les éditeurs contactés apportaient leur savoir-faire dans le domaine de la bande dessinée, L’École des Loisirs apportait le sien dans le secteur jeunesse. L’un des idées maîtresses étant que Mille bulles soit d’abord présente dans les librairies et les rayons spécialisés jeunesse.

Certains titres ont été sélectionnés par le ministère de l’Education nationale

L’interruption de la collection Punaise chez Dupuis vous a-t-elle motivé à prendre cette place vacante sur le marché ?

Non, il n’y a aucune relation entre les deux. Le projet de création de Mille bulles était sur les rails bien avant l’annonce de l’interruption de Punaise et Puceron.

Le format plus petit qu’un album standard empêche-t-il de publier certaines bandes dessinées jeunesse ?

Oui, bien sûr. La réduction exclut d’office toutes les BD ayant une mise en page trop serrée, qui deviendrait illisible en format réduit. C’est ainsi que Les extraordinaires aventures de Jules, d’Émile Bravo ne peuvent pas passer en Mille bulles. Dommage !

Dans le cas de Max et Zoé, vous débutez par la publication du tome 4 de la série. Était-ce le plus réussi à vos yeux ?

En ce qui concerne Max et Zoé, il s’agit de personnages récurrents (pour reprendre les termes des séries télé !). Le choix s’est fait non seulement au coup de cœur pour cet album particulier, mais aussi par rapport à la thématique des autres albums publiés dans la première livraison Mille bulles. Les questions de la culpabilité, de l’aveu, du secret, etc… sont très proches de la vie quotidienne des enfants et donnent à la « Grosse Bêtise » une résonance grave, qui est en même temps équilibrée par la légèreté du ton et la finesse des situations. Le plus gros avion du monde, dans la même série, est d’ores et déjà au programme 2011.

La collection possède son propre site internet pour guider les parents et éducateurs.

En revanche, pour Étoile, Ludo ou Louisette, vous débutez par les premiers titres. Cela appellera-t-il la suite de ces séries ?

La question ne se pose pas de la même façon pour Étoile où il est nécessaire d’avoir lu le premier titre pour comprendre le fonctionnement des personnages et leurs relations.

Quant à Ludo et Louisette, il s’agit de deux albums qui font partie des sélections de l’Éducation nationale. L’idée est là d’inciter les enseignants à proposer de la (bonne !) bande dessinée en classe, tout à la fois par la sélection des titres et par leur coût. Avec ses pistes de lecture et ses dossiers thématiques, le site Internet millebulles.com est également conçu pour accompagner les enseignants dans cette démarche.

Comptez-vous continuer à puiser des titres emblématiques dans les catalogues jeunesse existants, ou voulez-vous produire vous-mêmes des artistes que vous auriez découverts ?

Dans un premier temps, la collection fonctionnera uniquement en coédition, non seulement avec ces cinq éditeurs, mais également en s’ouvrant à d’autres, (il y aura un titre Gallimard en 2011), sans pour autant se limiter aux "gros" éditeurs.

L’idée de créations propres est cependant dans l’air… Affaire à suivre !

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Le site de la collection Mille Bulles de L’École des Loisirs

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- Louisette La Taupe T1 : Rapidissimo chez Amazon ou à la FNAC
- Ludo T1 : Tranches de Quartier chez Amazon ou à la FNAC
- Max & Zoé : la grosse bêtise chez Amazon ou à la FNAC
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