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Xavier : un film entre nous - Arnaud Floc’h - Carabas

Par Marie M le 6 juillet 2007                      Lien  
{Xavier, un film entre nous} est un ouvrage au fil retors. Difficile de compréhension, il demande un effort important pour ne pas se perdre dans les méandres des époques, des personnages et de leurs mœurs. L’histoire est un drame tournant principalement autour de l’homosexualité refoulée d’un personnage, découverte à l’adolescence.

Éduqué par un père autoritaire et violent qui veut faire de lui un homme, (dialogue page 51, la mère : " Maintenant tu arrêtes !!". Le père : " Tu voudrais quoi ? que ton fils soit une pédale, c’est ça ?") Alain tente de cacher ses attirances amoureuses puis de les évacuer. Pour s’aider, il s’invente un alter ego, il l’appelle "Xavier" et décide de le tuer.

Très séduisant, l’album vaut principalement pour l’expression graphique de l’auteur au dessin réaliste peint à grosse brosse, sans cerné. L’effet donne profondeur et authenticité.

Loin d’une leçon de morale, cet album montre, mais avec trop de retenue sans doute, le conflit relationnel entre un père et son fils.

Le récit et les personnages sont attachants mais il est réellement dommage de ne pas donner plus de clés à la lecture. Le sujet est important et nécessite qu’on s’y penche, aussi, quand un auteur parle d’homosexualté et des ravages affectifs que cela cause lorsqu’une famille rejette son garçon, il est regrettable qu’il reste sous-jacent, codé. La narration semble être le miroir de la vie du jeune homme, une vie cachée, confuse et non avouée. Arnaud Floc’h dit lui même que le scénario de "Xavier" est dur d’accès [1], mais il est dommage d’en conserver cette confidentialité au contraire d’un "Journal" de Fabrice Neaud qui aurait sans doute pu participer au combat contre l’homophobie.

Les tons chauds, variantes des ocres et autres nuances terre, et les références aux textes de Jacques Bertin augmentent pourtant la richesse de la facette humaine de cet ouvrage parlant d’amour et de liberté. Mais on souffre, on étouffe, on cherche l’issue qu’on finit bien sûr par trouver mais bien tard, au moment où le héros atteint un âge avancé, un âge où l’on s’installe davantage dans une retraite calme et reposante que dans une nouvelle vie.

Le héros est passé à côté de sa vie même si Arnaud Floc’h tente de dire que « mieux vaut tard que jamais ».

Concluons sur cet extrait de "Le rêveur" de Jacques Bertin, rencontre marquante et revendiquée par Arnaud Floc’h :

« J’étais l’enfant qui courait moins vite
J’étais l’enfant qui se croyait moins beau
Je vivais déjà dans les pages vides
où je cherchais des sources d’eaux
. »

(par Marie M)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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[1Propos recueillis sur la fiche de présentation de l’auteur lors du festival d’Amiens 2007

 
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2 Messages :
  • c’est un album que j’ai apprécié, surtout pour son graphisme original.

    Voir en ligne : http://tomzland.canalblog.com

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  • Ce livre nécessite de la concentration pour l’apprécier à sa juste valeur ; il fait partie des livres "qui se mérite", dont on sort heureux.Les personnages sont attachants et très vite on y croit.On est comme plongé dans leurs vies et le dessin d’Arnaud Floch et les magnifiques couleurs prolongent la plausibilité de l’histoire.Un livre magistral, un coup de maître qui ne sera pas un "bestseller", mais peu importe, ce genre de livre est fait pour durer, pour être recommandé à ses amis et , comme le bon vin, il vieillera bien et se bonifiera.Un des grands albums de 2007 !

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