Après sa mère, décédée accidentellement peu de temps auparavant, c’est désormais son père qui disparaît, et cette disparition semble bien étrange. Si la police classe rapidement l’affaire, Yana, de son côté, a vu d’étranges personnages s’agiter dans le cimetière où est enterré son père. Voulant s’assurer qu’elle n’a pas rêvé, elle y retourne un soir, et se retrouve frappée par la foudre. Quand elle revient à elle (ou plutôt, quand elle se rend compte de sa propre mort !), le cimetière a bien changé : le voici désormais peuplé de loups-garous, de crolls, de rats, de crânes, d’épouvantails et de vampires...
Mais pas de panique : ces personnages sont pour la plupart très sympathiques, et Yana ne tarde pas à se faire de nouveaux amis. Seule adversaire de taille : une drôle de momie égyptienne, reine de ce monde, qui détient sans doute plus d’une clé, dont celle qui permettra à Yana de comprendre ce qui est arrivé à son père.
Cette nouvelle série jeunesse est signée Éric Le Pape (scénario) et Silvio Speca (dessins et couleurs). Si le lieu de l’action, les circonstances de l’enquête et la nature des personnages du « monde des morts » peuvent a priori rebuter, on est bien loin de l’univers sombre et macabre traditionnellement associé aux cimetières ! Yana est une adolescente courageuse et pleine d’envie, et ses rencontres et ses retrouvailles offrent des scènes joyeuses, sans larmes, qui démystifient l’idée que l’on se fait de la mort.
Si l’ouvrage s’adresse à un public du même âge que Yana, on ne peut que saluer ce parti-pris original qui rend la frontière entre vie et mort un peu plus poreuse qu’on ne le croit, et dont l’atmosphère rappelle le dessin animé Drôle de Creepie. En outre, certaines répliques ne manquent pas d’humour, et les quelques intertitres placés dans le récit font décrocher d’autres sourires (« Papa est mort de mon vivant »).
L’enquête se lit de manière agréable et le style graphique (fort coloré) sort du lot.
On regrettera seulement l’abondance des personnages, qui empêche d’aller davantage creuser leur caractère, et certains éléments non exploités (pourquoi situer le récit dans une France des années 1930 ?), mais voilà de quoi alimenter d’autres tomes !
(par Damien Boone)
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